Les prolétaires vénitiens, et les gondoliers particulièrement, ont, vous le savez, le goût des joyaux. Ils dépensent une bonne partie de ce qu’ils gagnent en bagues antiques, en camées de chemise, en épingles de cravate, en chaînes à breloques, etc. Je m’étais laissé donner beaucoup de ces hochets. Je les reportai tous à madame Aldini, et ne voulus même plus porter de boucles d’argent à mes souliers. Mais mon sacrifice le plus méritoire fut de renoncer à la musique. Je considérai que mon travail, quelque laborieux qu’il fût, ne pouvait compenser les dépenses que mon assiduité au théâtre et les leçons du professeur de chant occasionnaient à la signora. Je me déclarai enrhumé à perpétuité, et, au lieu d’aller à la Fenice avec elle, je me mis à lire dans les vestibules du théâtre. Je comprena