LETTRE XIV Delphine à mademoiselle d’AlbémarParis, ce 3 septembre. Non, vous l’exigez en vain ; non, je n’ai pas la force de souffrir une telle incertitude ; qu’il me dise ce qu’il éprouve, que je connaisse la cause de l’état extraordinaire où je le vois, et je me soumets à mon sort ; mais le doute, le doute ! cette douleur qui prend toutes les formes pour vous poursuivre, sans que vous ayez jamais aucune arme pour l’atteindre, je ne puis me résoudre à la supporter. Les malheureux condamnés au supplice savent au moins pour quels crimes ils sont punis, et moi je l’ignore. Ce que je croyais ne me paraît plus vraisemblable. Écoutez ce qui s’est passé hier, et, si vous le pouvez, continuez à me commander de partir sans le voir. On jouait hier Tancrède ; madame de Vernon me proposa d’y aller