IIIHenriette ne put dormir de la nuit. La pensée de savoir son mari à Bazeilles, si près des lignes allemandes, la tourmentait. Vainement, elle se répétait sa promesse de revenir au premier danger ; et, à chaque instant, elle vendait l’oreille, croyant l’entendre. Vers dix heures, au moment de se mettre au lit, elle ouvrit la fenêtre, s’accouda, s’oublia. La nuit était très sombre, à peine distinguait-elle, en bas, le pavé de la rue des Voyards, un étroit couloir obscur, étranglé entre les vieilles maisons. Au loin, du côté du collège, il n’y avait que l’étoile fumeuse d’un réverbère. Et il montait de là un souffle salpêtré de cave, le miaulement d’un chat en colère, des pas lourds de soldat égaré. Puis, dans Sedan entier, derrière elle, c’étaient des bruits inaccoutumés, des galops brusq