VIII Deux jeunes fillesAurore était seule. L’entretien qu’elle venait d’avoir avec Henri s’était dénoué d’une façon tellement imprévue, qu’elle restait stupéfaite et comme aveuglée moralement. Ses pensées confuses se mêlaient en désordre. Sa tête était en feu. Son cœur, mécontent et blessé, se repliait sur lui-même. Elle venait de faire effort pour savoir ; elle avait provoqué une explication de son mieux ; elle l’avait poursuivie avec toutes ces ingénieuses finesses que l’ingénuité même n’exclut point chez la femme. Non-seulement l’explication n’avait point abouti, mais encore, menace ou promesse, tout un mystérieux horizon s’ouvrait au devant d’elle. Il lui avait dit : Vous ne dormirez point cette nuit. Il lui avait dit encore : Si étranges que puissent vous paraître vos aventures de