XLIX Le soir, après souper, nous fîmes une promenade beaucoup plus calme que celle du jour, Anne, Yves et moi. Et, à neuf heures, nous étions assis au bord d’un grand chemin qui traversait les bois. Ce n’était pas encore la nuit, tant sont longues en Bretagne les soirées du beau mois de juin ; mais nous commencions tout de même à causer des fantômes et des morts. Anne disait : – L’hiver, quand les loups viennent, nous les entendons de chez nous ; mais quelquefois les revenants aussi, monsieur, se mettent à crier comme eux. Ce soir-là, on entendait seulement passer les hannetons et les cerfs-volants qui traversaient l’air tiède en décrivant des courbes, avec de petits bourdonnements d’été. Et puis, dans le lointain du bois : Hou !… hou !… un appel triste, chanté tout doucement d’une v