Habitué à s’ennuyer dans les emplois secondaires, il était d’un caractère inquiet, curieux et expansif. Ezzelin fut forcé d’entendre les lamentations ordinaires de tout commandant de place condamné à un hivernage triste et périlleux. Il l’écoutait à peine ; cependant un nom qu’il prononça le tira tout à coup de sa rêverie. « Soranzo ? s’écria-t-il, ne pouvant plus se maîtriser, qui donc est ce Soranzo, et où est-il maintenant ? – Messer Orio Soranzo, le gouverneur de cette île, est celui dont j’ai l’honneur de parler à votre seigneurie, répondit Léontio ; il est impossible qu’elle n’ait pas entendu parler de ce vaillant capitaine. » Ezzelin se rassit en silence ; puis, au bout d’un instant, il demanda pourquoi le gouverneur d’une place si importante n’était pas à son poste, surtout dans