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ÈVE
« Tu ne porteras pas ton t-shirt de la police à ma fête, » me dit Poppy, en agitant son doigt dans ma direction.
J’inspectai la tenue que j’avais portée au travail, mon jean habituel avec le t-shirt à manches longues bleu marine aux couleurs de la police.
Elle avait manifestement pensé que j’allais porter ces vêtements austères à sa fête. Elle me connaissait trop bien. Mais moi aussi je la connaissais bien et je savais que je ne pourrais m’en tirer à si bon compte—et j’avais pris les devants. Je levai les mains en l’air pour l’arrêter comme si c’était elle le représentant de la loi et non l’inverse.
« J’ai pris d’autres vêtements. »
J’attrapai mon sac et le renversai sur son lit. Je l’avais rejointe chez elle directement après le travail.
« C’est la police qui t’a fourni ces vêtements ? » demanda-t-elle. « S’ils étaient d’une autre taille, tu penses qu’un homme pourrait les porter ? »
J’étouffai un petit rire en ouvrant le sac.
« Non. J’ai passé trop de temps à plancher sur le meurtre d’Erin Mills, sans compter les autres affaires qui me sont affectées, pour avoir eu l’occasion de me soucier de ma tenue. Ou même de faire la lessive. »
« C‘est ce que tous les gens qui ont un travail… »
« Tu veux parler d’une vocation ? » rectifiai-je.
« Tu as des accessoires pour aller avec ce que tu as apporté ? De la dentelle ? Des petits nœuds ? Et pourquoi pas une autre couleur que le noir ou le bleu marine ? »
Je lui lançai mon regard de tueuse.
« Poppy ! » Je ne portais jamais rien de tel et elle le savait.
Elle haussa les épaules, faisant glisser son pull angora rose d’une épaule à l’autre. Personne ne remettait jamais en cause ses tenues. « Ce que je veux dire, c’est que le seul intérêt qu’un homme portera à tes menottes sera de te les mettre quand il sera au lit avec toi. »
Je me représentai la scène dans ma tête, un homme attaché et à ma merci. Au lit. L’idée était excitante mais ce qui me faisait perdre pied était le contraire—un homme qui m’attacherait pour m’avoir à sa merci. Pour me permettre de lâcher prise. Pour une fois, je n’aurais pas de décision à prendre, pas à m’inquiéter de faire ce qu’il fallait.
Mais cela n’arriverait jamais. Hors de question que je laisse un homme prendre le contrôle de moi de cette manière. Je l’avais fait une fois et cela avait tourné au cauchemar. Pire encore.
Plus jamais ça. C’était encore plus sûr de rester célibataire, seule, plutôt qu’on abuse de moi.
« Tu es folle, » lui dis-je.
« Tu n’es sortie avec personne depuis que je te connais. Pas de rendez-vous galant. Rien. Combien de temps cela fait-il que tu n’as pas eu quelqu’un ? demanda-t-elle en arquant un sourcil parfaitement épilé.
Cela faisait bien trop longtemps qu’un homme ne m’avait pas fait jouir. Ou plutôt, ce n’était jamais arrivé, il avait toujours fallu que je me caresse pendant l’amour. À croire que les hommes ne parvenaient pas à me satisfaire.
« Tu penses qu’un pull rouge m’aidera à me faire un mec ? »
« En tout cas, ton tee-shirt de la police n’aidera pas, » répliqua-t-elle.
Dire que nous étions à l’opposé l’une de l’autre resterait un euphémisme. C’était incroyable que nous soyons amies. J’avais rencontré Poppy Nickel pendant un cours de yoga au centre de loisirs quand j’avais emménagé en ville. Nous nous étions étonnamment bien entendues. Elle était petite, plantureuse et gaie. Elle était sophistiquée alors que j’avais déjà l’impression de me pomponner en attachant mes cheveux en queue de cheval.
Poppy essayait de me caser avec des beaux gosses—mais sans succès—et je faisais sauter ses contraventions pour excès de vitesse. Pas qu’elle conduise à tombeau ouvert, mais elle était simplement plus audacieuse que moi.
Et pourtant, elle non plus n’avait pas d’homme dans sa vie. Pour l’heure, elle était célibataire.
J’extirpai mes menottes accrochées à ma ceinture et les lançai dans mon sac.
« Pas de menottes. » J’en sortis un pull coloré que je lui montrai. « C’est un col roulé, mais il est rouge. J’ai un jean droit pour aller avec. Ça ira ? »
Elle plissa les lèvres en réfléchissant.
« Tu organises une fête en plein air au mois de décembre, » lui rappelai-je. « Il doit bien faire moins dix. Pas moyen que je me dévoile plus que ça. J’aurai un manteau et un bonnet. Des bottes. Personne ne verra mon pull. »
« Ça ira, » grommela-t-elle en sortant son téléphone portable pour lire l’heure. « Mais détache tes cheveux. Je vais voir Kit Lancaster, l’organisatrice de la soirée. Je reviens dans une heure. »
Elle me fit un petit signe de la main, avant de s’éloigner.
Poppy était riche. C’était aussi simple que ça. Son père était Eddie Nickel, la star de cinéma. Bien qu’il passe la majeure partie de son temps à Los Angeles ou en tournage, sa maison était à Cutthroat. Il possédait un immense ranch à quelques kilomètres de la propriété de Poppy. La ville se félicitait de le compter parmi ses administrés, pour la notoriété que cela apportait, mais aussi parce que c’est en ville qu’il avait tourné son dernier film. Le tournage avait pris fin il y a un mois environ, et j’avais entendu dire qu’il restait en ville pour les vacances. Je tenais cette dernière information d’un magazine people.
Bien qu’elle n’ait pas de chevaux ou de bétail comme son père, Poppy avait un grand terrain, y compris une grange et un étang, gelé, sur lequel se déroulerait la fête. Ce n’était pas juste une soirée entre amis. Poppy avait sorti le grand jeu en prévoyant des petits fours et des boissons appropriées, comme du vin chaud bien corsé, un orchestre pour faire danser les gens sur une estrade et de quoi patiner sur la surface de l’étang lissée par une machine professionnelle. Elle avait même engagé une organisatrice d’événement, Kit Lancaster, que j’avais rencontrée dans le cadre du dossier Erin Mills.
La fête aurait lieu sous les étoiles. En décembre. Son anniversaire avait été la semaine passée alors elle avait combiné les deux évènements. Elle n’attendait pas moins de cent personnes.
Mais pas Eddie Nickel, à ce que j’avais entendu dire. Poppy parlait peu de son père pourtant célèbre. Inutile d’être détective pour se rendre compte qu’ils ne s’entendaient pas. Du tout. Je ne l’avais jamais rencontré. Pas plus que je n’avais entendu Poppy parler de déjeuner avec lui, ou même d’aller dîner chez lui. Rien. Et c’est pour cela que je n’en parlais pas non plus. J’aurais pu lui soutirer l’information—c’était mon métier—mais je n’aurais pas aimé non plus qu’elle essaye de sonder mon passé. J’étais venue à Cutthroat pour une raison que je ne voulais pas partager, même avec une amie. Elle inspectait ma tenue de soirée, mais elle ne fouinait pas dans mon passé, et je lui en étais très reconnaissante.
Je filai dans la salle de bain, retirai mes vêtements que je balançai avant de sauter dans la douche.
Bien que cela ne m’ait jamais posé de souci d’être une femme dans la police de Cutthroat, je n’étalais pas ma féminité pour autant. Je ne voulais pas me démarquer, pas seulement par rapport à mes collègues, mais surtout pour les suspects. Et en dehors de mon travail, je n’en faisais pas grand cas non plus, préférant un jean et un t-shirt ainsi qu’un maquillage léger. C’était facile et me permettait de me préparer rapidement, mais cela me rendait aussi invisible pour bien des hommes. Et cela m’allait très bien.
Je ne cherchais pas à rencontrer quelqu’un. Je ne voulais pas de relation. La dernière s’étant soldée par un sacré échec, j’étais heureuse d’être seule. C’était plus facile. Plus sûr. Et tellement moins risqué pour mon cœur, mon corps et mon esprit.
Une fois douchée, je me séchai, sortis une culotte propre avec un soutien-gorge de mon sac et les enfilai avant de brosser mes cheveux trempés. À travers la porte fermée, j’entendis une série d’étranges coups sourds. J’ouvris la salle de bain et écoutai en me demandant ce que Poppy avait derrière la tête.
« On doit faire vite. Elle est descendue à la grange, mais elle va vite revenir. »
C’était la voix grave d’un homme. Pour sûr pas celle de Poppy. Il avait dit « on », révélant qu’ils étaient au moins deux. Sur la pointe des pieds, je sortis de la salle de bain et arpentai la mezzanine du deuxième étage, l’épais tapis étouffant mes pas. La maison de Poppy était récente, avec de grandes pièces à la mode de l’Ouest. Je jetai un œil au salon en contre-bas et vis un homme passer par la fenêtre.
Il ne faisait pas encore assez sombre pour que les lumières soient allumées. Ils avaient dû voir Poppy sortir et pensaient que la maison était vide. J’avais garé mon 4x4 de la police dans son grand garage pour ne pas avoir à en gratter le pare-brise, on annonçait des gelées pour la nuit.
Un second homme passa sa tête puis son corps à travers la fenêtre. Il était grand et costaud, mais ne semblait pas très agile.
« Elle va le regretter, » dit le second type en grognant alors qu’il se laissait glisser sur le parquet.
Ils ne semblaient pas porter Poppy dans leur cœur. Le souvenir de ce que Mark Knowles avait fait à Sam Smythe—un enlèvement suivi d’une tentative de viol—était encore frais dans ma mémoire.
Je n’avais pas mon téléphone portable sur moi, mais je n’allais pas laisser ces deux types s’en prendre à Poppy. Ah ça non, ils ne feraient pas de mal à mon amie.
À pas feutrés, je me faufilai dans la chambre de Poppy et m’emparai de mon arme et de mes menottes, je descendis ensuite doucement dans le salon.
« On ne bouge plus, » dis-je d’une voix forte et claire. Mon arme de service était pointée sur eux.
Le premier se retourna pendant que l’autre prit le temps de ramasser son chapeau de cowboy tombé derrière lui et de le reposer sur sa tête. Ils étaient côte à côte, levant instinctivement les mains. Ils se figèrent sur place, les yeux écarquillés. Ils ne s’attendaient clairement pas à me voir, encore moins armée.
Maintenant que je pouvais les voir correctement, c’était à moi d’être surprise. Mon œil d’inspectrice donnait une trentaine d’années au premier, un mètre quatre-vingt-cinq, cent kilos de muscle sec. Des cheveux noirs et des yeux tout aussi sombres. Pas de cicatrices ou autres signes distinctifs, il portait un blouson noir et un jean. Des gants, il ne voulait donc pas laisser d’empreintes. J’estimai le second dans la même tranche d’âge. Un mètre quatre-vingt-dix, cent-vingt kilos. Pur muscle. Des cheveux châtain clair. Des yeux verts. Rasé de près. Une chemise en flanelle et un jean. Un chapeau de cowboy.
Mes yeux de femmes crièrent. Nom d’un chien. Ils étaient canons. Des couvertures de magazine mais bourrus. Je doutais qu’ils aient jamais mis les pieds dans une salle de sport. Leur exercice phare devait plutôt être de fendre du bois.
Quand je réalisai que je les reluquais copieusement, je m’éclaircis la voix.
« Deux pas sur la droite, » dis-je en pointant de mon arme le type aux cheveux foncés. Il eut le bon gout d’obéir.
« Tous les deux, retournez-vous. »
« Whaou, carrément. Je suis à fond pour le port d’arme mais tu sais au moins t’en servir ? »
Il m’avait vraiment posé cette question ? Je n’allais pas répondre et me contentai de le regarder d’un œil mauvais.
« Ne la provoque pas, » avertit le type aux cheveux sombres.
« Ouais, ne me provoque pas. »
« Tu ne vas pas nous tirer dans le dos, n’est-ce-pas ? » demanda le plus grand.
« Tournez-vous, » répétai-je.
Ce qu’ils firent et je m’approchai. Difficile de choisir lequel des deux menotter en premier. J’étais aguerrie aux sports de combat mais j’avais au moins quarante kilos de moins qu’eux. Je choisis le plus costaud et posai une main au milieu de son dos, sa chaleur irradiait à travers la flanelle. Je sentis le roulement de ses muscles sous ma paume alors qu’il se retournait.
« Il doit y avoir un…»
Je saisis son poignet droit et pliai au niveau du coude pour le ramener derrière son dos en clé de bras, l’empêchant de se retourner. Je relevai ensuite son bras, ce qui déboiterait l’articulation de l’épaule s’il ne se penchait pas. Ce qu’il fit instinctivement et j’en profitai pour passer la première menotte à son poignet tout en lui maintenant l’autre main dans le dos.
« Attends une minute, » dit l’autre type. « Il y a erreur. »
Je relevai mon arme pour la pointer vers M. Sombre, tout en gardant une bonne prise sur le second type.
« On bouge pas ! »
M. Sombre s’arrêta mais sourit, révélant une redoutable fossette. Je clignai des yeux, hypnotisée par sa beauté.
« Très bien, je ne bouge pas. Attention avec cette arme, » dit-il.
Je tressaillis une nouvelle fois.
« Pas besoin de menottes, » dit le plus grand de sa voix forte tout en essayant encore de se retourner. Je remontai son poignet droit, le faisant grogner de douleur.
« Au sol, » lui dis-je, avec force.
Il n’en fit rien mais une petite torsion sur son bras et le grand costaud mit un genou à terre, puis l’autre jusqu’à étendre son corps tout entier. Je m’assis sur son dos et le chevauchai le temps d’attraper son second poignet. Je me retournai pour ne pas perdre M. Sombre de vue.
« Ne t’avise même pas de cligner des yeux, » avertis-je.
Il releva à peine les mains en secouant la tête.
« Non, M’dame. »
La porte d’entrée s’ouvrit et Poppy entra en retirant son bonnet. Elle fit trois pas avant de nous voir, ouvrant grands les yeux et la bouche. « p****n de merde. »
Personne ne bougea l’espace d’un instant ; puis Poppy éclata de rire.
« Ah, c’est énoooorme. »
« Pops, tu veux bien dire à ta copine super canon de braquer son arme ailleurs, » dit M. Sombre.
Poppy continua de rire, une main en l’air. Des larmes coulaient le long de ses joues.
« Oh non, il faut que je prenne une photo. »
« Pops ! » cria M. Sombre.
« Ouais, ça va. Ève, je te présente mon frère, Shane. Et tu es assise sur Finch. »
Je levai les yeux vers M. Sombre—Shane. Il me fit un clin d’œil. Un clin d’œil !
« Tu es son frère ? Pourquoi tu passes par la fenêtre ? » demandai-je. Je sentis le courant d’air froid maintenant que l’adrénaline était retombée. Je savais que Poppy avait un frère, mais je ne l’avais jamais rencontré. Poppy n’était pas du genre à afficher des photos de famille dans sa maison, et je n’avais aucune d’idée de son apparence. Jusqu’à présent.
« Qu’aviez-vous prévu cette fois ? » demanda Poppy. « Des balles de ping-pong dans ma chambre ? Du film plastique autour de mes toilettes ? Des glaçons plein le frigo ? Du shampoing dans ma machine à laver ? »
« Rien de méchant, » dit Shane. « Seulement deux cent ballons dans ta chambre. »
Je vis la petite bouteille d’hélium près de la fenêtre, c’était manifestement le premier bruit sourd que j’avais entendu pendant que j’étais dans la salle de bain. Shane avait été le second.
Je me soulevai du corps de Finch, les mains sur mes hanches.
« Vous êtes venus lui faire une blague ? Vous ne pouviez pas passer par la porte ? »
Shane haussa les épaules avant de sourire.
« Au risque de déclencher l’alarme ? »
Cela était logique. S’introduire en cachette dans la chambre de sa sœur.
« C’est une tradition pour son anniversaire, » ajouta-t-il, comme si cela expliquait tout. « Le mien tombe en juin, et cette année, Poppy a mis une centaine de chenilles dans mon camion. Je n’ai pas pu toutes les trouver et elles se sont transformées en papillons. J’en ai eu pendant au moins une semaine. »
« C’est vrai qu’elle était bien bonne celle-là, » dit Poppy. « Je me demandais quand tu allais prendre ta revanche, mais celle-ci s’est retournée contre toi. »
« Euh… c’est moi qui suis au sol et menotté dans le dos, » interrompit Finch.
« Oh… euh… les clés sont dans mon sac à main à l’étage, » dis-je, désemparée en regardant le grand cowboy étalé sur le sol. Son chapeau avait valsé à l’autre bout de la pièce.
« Je vais les chercher, » proposa Poppy qui riait encore en gravissant les marches.
« Ouais, c’est clair que tu n’aurais nulle part où les garder dans cette tenue, » murmura Shane, dont le regard se promenait sur chaque centimètre de moi.
Je me regardai et réalisai ce que je portais, ou plutôt ce que je ne portais pas. Des vêtements. Je n’avais qu’un ensemble de lingerie rouge et c’est tout.
Je glapis de pur embarras.
J’étais passée en mode police et avais tout oublié, y compris le fait que j’étais pratiquement nue. Avant que j’aie le temps de paniquer ou même d’attraper une couverture, Poppy revint au pas de charge et me lança les clés.
Son portable sonna au même moment et elle courut décrocher, répondant rapidement à des questions concernant des petites lumières et des générateurs. Cela devait être Kit.
Je posai un genou derrière Finch et ouvris les menottes que je gardai en main après l’avoir libéré.
« Désolée pour ça. »
Il se redressa et s’assit au sol en me regardant dans les yeux. Reprenant son chapeau, il le reposa sur sa tête. Il sourit, me dévisagea de ses grands yeux verts, qui plongèrent ensuite plus bas.
« Je ne le suis pas. J’étais chevauché par une femme ravissante. » Il se pencha en avant et me susurra. « J’aimais bien quand tu étais dessus. »
« Je… euh… je dois trouver mes vêtements. »
Finch secoua la tête. « Ne t’embarrasse pas pour nous ».
« C’est exact, la vue me convient parfaitement, » ajouta Shane en approchant de la fenêtre pour la refermer. « J’en déduis que tu es Ève Miranski, l’inspectrice. Nous avons entendu parler de toi. Je me doutais que nous finirions par nous rencontrer, mais certainement pas comme ça. »
Finch se leva et je dus redresser la tête pour les regarder tous les deux. Maintenant que je savais qu’ils n’étaient pas de dangereux sociopathes venus faire du mal à Poppy, je pouvais profiter de la vue à mon tour. Comment leurs vêtements épousaient leurs silhouettes massives. Leurs mâchoires carrées. Leurs regards intenses. Leurs grandes mains.
Et je ne portais toujours que mes sous-vêtements. Je me mis à marcher vers les escaliers, mon arme dans une main, mais désormais baissée, et les menottes dans l’autre. Maintenant qu’ils n’étaient plus tenus en joue, leurs corps se détendaient et leurs regards erraient. Impossible de ne pas lire la chaleur dans leurs yeux. Ni de nier l’évidence, deux grosses évidences. Ils bandaient tous les deux, et fort.
Fort et dur.
J’en eus la bouche sèche.
« Okay, c’était très intéressant. Désolée d’avoir… euh… gâché votre surprise. Je pense qu’il vous faudra… trouver une autre idée. » Je trébuchai sur la table basse. « Euh... à… à tout à l’heure. »
Ils me regardèrent m’éloigner et je sentis leur regard sur chaque centimètre de ma peau.
« Pour sûr, » répondit Shane.
« À la fête. » Finch leva la tête. « Tu peux oublier l’arme, mais prends tes menottes. »