III Le passager d’Ilia Brusch Elle était donc commencée, cette descente du grand fleuve, qui allait promener Ilia Brusch à travers un duché : celui de Bade ; deux royaumes : le Wurtemberg et la Bavière ; deux empires : l’Autriche-Hongrie et la Turquie ; trois principautés : le Hohenzollern, la Serbie et la Roumanie1. L’original pêcheur n’avait à redouter aucune fatigue pendant ce long parcours de plus de sept cents lieues. Le courant du Danube se chargerait de le transporter jusqu’à l’embouchure, à raison d’un peu plus d’une lieue à l’heure, soit, en moyenne, une cinquantaine de kilomètres par jour. En deux mois, il serait ainsi au terme de son voyage, à condition qu’aucun incident ne l’arrêtât en route. Mais pourquoi aurait-il éprouvé des retards ? Le canot d’Ilia Brusch mesurait une d