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Un Ciel Ensorcelé (Tome 9 de L’anneau du Sorcier)

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DANS UN CIEL ENSORCELÉ (TOME 9 DE L’ANNEAU DU SORCIER), Thorgrin revient enfin à lui-même et affronte son père une bonne fois pour toutes. Une bataille épique s’engage entre deux titans, tandis que Rafi utilise son pouvoir pour invoquer une armée de morts-vivants. L’Épée de Destinée détruite, Argon et Alistair unissent leurs pouvoirs magiques pour aider les guerriers de Gwendolyn et sauver le destin de l’Anneau. Cependant, sans l’arrivée de Mycoples et de son nouveau compagnon, Ralibar, tout sera peut-être perdu…

Luanda lutte pour échapper à son ravisseur, Romulus. La sauvegarde du Bouclier dépend de sa réussite ou de son échec. Pendant ce temps, Reece tente de revenir du fond du Canyon, à la tête de ses hommes, avec l’aide de Selese. L’amour qui les unit se renforce. Mais l’arrivée de la cousine de Reece, son ancien amour, source d’incompréhension entre les deux amants, pourrait bien le mettre en péril…

Enfin, l’Empire est chassé de l’Anneau et Gwendolyn a la possibilité de se venger de McCloud. Nouvelle souveraine de l’Anneau, Gwen décide d’unir les MacGils et les McClouds pour la première fois de l’histoire, de reconstruire les villes et de renforcer l’armée et la Légion. La Cour du Roi retrouve peu à peu sa vigueur d’antan, avant de redevenir bientôt la glorieuse cité dont le père de Gwen aurait pu rêver. Enfin, la justice rattrape Gareth.

Tirus, lui aussi, doit répondre de ses actes. Gwen devra décider quel genre de souverain elle souhaite devenir. Une dispute s’engage entre les fils de Tirus, qui n’ont pas tous le même avis. L’éternelle lutte pour le pouvoir reprend quand Gwen prend la décision de se rendre aux Isles Boréales pour unifier le clan MacGil. Erec reçoit l’ordre de retourner aux Isles Méridionales pour retrouver son père mourant. Alistair l’accompagne. Ils préparent enfin leur mariage. Thorgrin et Gwendolyn font de même.

Thor se rapproche de sa sœur. Comme tout semble s’arranger dans l’Anneau, il doit entreprendre sa plus grande quête : retrouver sa mystérieuse mère dans un pays lointain et comprendre qui il est vraiment. Comme on prépare les noces à l’arrivée du printemps, dans la Cour du Roi reconstruite, au milieu des festivités, la paix semble revenue au sein de l’Anneau. Cependant le danger rôde dans les ombres et les aventures de nos héros sont loin d’être terminées…

Entre univers sophistiqué et personnages bien construits, UN CIEL DE SORTILÈGES est un conte épique qui parle d’amis et d’amants, de rivaux et de prétendants, de chevaliers et de dragons, d’intrigues et de machinations politiques, de jeunes gens qui deviennent adultes, de cœurs brisés, de tromperie, d’ambition et de trahison. C’est un conte sur l’honneur et le courage, sur le destin et la sorcellerie. C’est un roman de fantasy qui nous entraîne dans un monde que nous n’oublierons jamais et qui plaira à toutes les tranches d’âge et à tous les lecteurs.

Les tomes 10 et 17 sont également disponibles!

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CHAPITRE UN
CHAPITRE UN Thor faisait face à Gwendolyn, tenant son épée à son côté, son corps tout entier tremblant. Il regarda tout autour de lui et vit tous les visages le fixant en retour dans un silence stupéfait. Alistair, Erec, Kendrick, Steffen, et une compagnie de ses compatriotes – des gens qu’il avait connus et aimés. Ses gens. Et pourtant il était là, leur faisant face, l’épée la main. Il était du mauvais côté de la bataille. Finalement, il réalisa. Le voile enveloppant l’esprit de Thor s’était levé quand les mots d’Alistair avaient résonné à travers lui, l’emplissant de clarté. Il était Thorgrin. Un membre de la Légion. Un membre du Royaume Occidental de l’Anneau. Il n’était pas un soldat de l’Empire. Il n’aimait pas son père. Il aimait tous ces gens. Plus que tout, il aimait Gwendolyn. Thor baissa le regard et vit son visage, le regardant fixement avec tant d’amour, ses yeux en larmes. Il fut empli de honte et d’horreur en prenant conscience qu’il lui faisait face, tenant son épée. Ses paumes brûlaient d’humiliation et de regret. Thor lâcha son arme, la laissant tomber de ses mains. Il fit un pas en avant et l’embrassa. Gwendolyn l’étreignit étroitement en retour et il l’entendit pleurer, sentit ses chaudes larmes coulant dans sa nuque. Thor était accablé par les remords, et il ne pouvait concevoir comment tout cela était arrivé. C’était confus. Tout ce qu’il savait était qu’il était heureux d’être à nouveau lui-même, d’avoir l’esprit clair, et d’être de retour parmi les siens. « Je t’aime », murmura-t-elle à son oreille. « Et ce pour toujours. » « Je t’aime avec chaque fibre de mon être », répondit Thor. Krohn gémit à ses pieds, sautillant et léchant la paume de Thor ; ce dernier se pencha et embrassa son museau. « Je suis désolé », lui dit Thor, se rappelant lui avoir donné un coup de pied alors que Krohn défendait Gwendolyn. « Pardonne-moi, s’il te plaît. » La terre, tremblant violemment il y avait encore quelques instants, redevint finalement calme. « THORGRIN ! », un cri perçant transperça l’air. Thor se retourna pour voir Andronicus. Il s’avança dans la clairière, l’air hargneux, son visage rouge de rage. Les deux armées observaient en silence, sidérées, tandis que père et fils s’affrontaient du regard. « Je te l’ordonne », dit Andronicus. « Tue-les ! Tue-les tous ! Je suis ton père ! Tu m’écoutes à moi, et à moi seul ! » Mais cette fois-ci, alors que Thor fixait en retour Andronicus, il sentit quelque chose de différent. Quelque chose avait changé en lui. Thor ne voyait plus Andronicus comme étant son père, comme un membre de sa famille, comme quelqu’un à qui il devait répondre et donner sa vie pour, au lieu de cela il le vit comme un ennemi. Un monstre. Thor ne ressentait plus aucune obligation de se sacrifier pour cet homme. Au contraire, il ressentit une rage dévorante à son encontre. Se tenait là l’homme qui avait commandité l’attaque de Gwendolyn ; c’était l’homme qui avait tué ses compatriotes, qui avait envahi et mis à sac son pays natal, sa patrie ; c’était l’homme qui avait pris le contrôle de son propre esprit, qui l’avait gardé en otage grâce à sa magie noire. Ce n’était pas l’homme qu’il aimait. Plutôt, il s’agissait de l’homme qu’il voulait tuer plus que toute autre chose sur Terre. Père ou pas. Thor se sentit soudain empli de rage. Il se baissa, ramassa son épée, et chargea à toute vitesse à travers la clairière, prêt à tuer son père. Andronicus, l’air stupéfait alors que Thor fonçait vers lui, leva haut son épée, tandis que Thor abattait la sienne à deux mains, de toutes ses forces, visant la tête. Andronicus leva son énorme hache de combat au dernier moment, la tournant de côté et bloquant le coup avec sa hampe métallique. Thor ne fléchit pas : il abattit son épée encore et encore, cherchant à tuer, et à chaque fois Andronicus leva sa hache et para. Le grand bruit du métal des deux armes s’entrechoquant résonnait dans les airs, pendant que les deux armées observaient en silence. Des étincelles jaillissaient à chaque coup. Thor criait et grognait, utilisant toutes ses compétences, dans l’espoir de tuer son père sur place. Il devait le faire, pour lui-même, pour Gwendolyn, pour tous ceux qui avaient souffert, par la main de ce monstre. À chaque coup Thor voulait, plus que tout, anéantir son ascendance, son propre passé, pour prendre un nouveau départ. Pour choisir un père différent. Andronicus, sur la défensive, ne faisait que parer les coups de Thor, et ne ripostait pas. À l’évidence, il se retenait d’attaquer son fils. « Thorgrin ! », dit Andronicus, entre les impacts. « Tu es mon fils. Je ne veux pas te faire du mal. Je suis ton père. Tu as sauvé ma vie. Je te veux vivant. » « Et je te veux mort ! » cria Thor en retour. Thor abattit son épée encore et encore, le repoussant à travers la clairière, malgré la grande taille et la force d’Andronicus. Et pourtant, ce dernier ne voulait pas contre-attaquer Thor. C’était comme s’il espérait que Thor reviendrait vers lui à nouveau. Mais cette fois Thor ne le ferait pas. Maintenant, enfin, Thor savait qui il était. Enfin, les mots d’Andronicus étaient hors de sa tête. Thor aurait préféré être mort plutôt qu’être à nouveau à la merci d’Andronicus. « Thorgrin, tu dois arrêter ça ! » s’exclama son père. Des étincelles volèrent près de son visage quand il bloqua un coup d’épée particulièrement vicieux à l’aide de la tête de sa hache. « Tu vas me forcer à te tuer, et je ne le veux pas. Tu es mon fils. Te tuer serait comme me tuer moi-même. » « Alors tue-toi », dit Thor. « Ou si tu ne veux pas le faire, alors je l’accomplirais pour toi ! » Avec un grand cri Thor bondit et frappa des deux pieds Andronicus dans la poitrine, l’amenant à trébucher et à atterrir sur le dos. Thor se tint au-dessus de lui et leva haut son épée pour en finir. « NON ! » hurla une voix. C’était une voix horrible, qui semblait jaillir des profondeurs de l’enfer même, et Thor jeta un œil au-delà pour voir un homme seul pénétrer dans la clairière. Il portait une longue robe écarlate, le visage dissimulé par un capuchon, et un grognement surnaturel sortit de sa gorge. Rafi. D’une manière ou d’une autre, Rafi avait réussir à revenir de son combat contre Argon. Il se tenait maintenant l), les bras levés et écartés. Ses manches tombèrent quand il les éleva, dévoilant une peau pâle, recouverte de cloques, qui avait l’air de ne jamais avoir vu le soleil. Il émit un son affreux du fond de sa gorge, comme un grondement, et, alors qu’il ouvrait grand la bouche, cela devint de plus en plus fort jusqu’à emplir l’air, le timbre bas vibrant et faisant mal aux oreilles de Thor. La terre commença à trembler. Thor fut déstabilisé tandis que le sol tout entier s’agitait. Il suivit du regard les mains de Rafi et vit sous ses yeux quelque chose qu’il n’oublierait jamais. La terre commença à se séparer en deux, un grand gouffre se creusant, de plus en plus large. Pendant que cela se produisait, des soldats des deux camps tombèrent, glissant et criant alors qu’ils étaient précipités dans la crevasse toujours grandissante. Une lueur orangée filtra des tréfonds de la terre, et un affreux sifflement se fit entendre alors que de la vapeur et du brouillard émergèrent. Alors apparut une seule main, sortant de la crevasse, agrippant le sol. Elle était noire, pleine de bosses, déformée, et alors que cette chose se hissait, Thor, horrifié, vit sortir de terre une créature cauchemardesque. Elle avait la forme d’un être humain, mais était entièrement noire, avec de grands yeux rouges étincelants, et de longs crocs rouges. Une longue queue noire trainait derrière. Son corps était bosselé, et ressemblait à un cadavre. Elle inclina la tête en arrière, et là vint un affreux grondement, similaire à celui de Rafi. Cela semblait être une sorte de créature morte vivante, convoquée depuis les profondeurs de l’enfer. De derrière cette créature fit soudain surface une autre. Puis une autre. Des milliers émergèrent, se hissant hors des entrailles de l’enfer, une armée de morts-vivants. L’armée de Rafi. Lentement, ils vinrent aux côtés de ce dernier, faisant face à Thorgrin et aux autres. Thor les dévisagea du regard, frappé de stupeur par cette armée s’opposant à eux ; pendant qu’il se tenait là, l’épée toujours levée, Andronicus roula d’un coup d’en dessous lui et battit en retraite vers son armée, n’ayant aucune envie de se confronter à Thorgrin. Sans crier gare, les milliers de créatures se précipitèrent vers Thor, envahissant la clairière, ne venant que pour tuer Thor et les siens. Thor en sortir et leva haut son épée alors que la première créature bondit sur lui, grognant, toutes griffes dehors. Thor fit un pas de côté balança son épée et lui trancha la tête. Elle tituba sur le sol, immobile, et Thor se tint prêt pour la suivante. Ces créatures étaient puissantes et rapides, mais à un contre un ne faisaient pas le poids face à Thor et les soldats expérimentés de l’Anneau. Thor les combattit avec dextérité, les tuant de gauche à droite. Et pourtant, la question était combien pouvait-il en affronter en même temps ? Il était submergé par des milliers d’entre elles, dans toutes les directions, comme l’était tout le monde autour de lui. Thor se remit dans les rangs, aux côtés d’Erec, Kendrick, Srog et les autres, chacun combattant auprès de l’autre, gardant chacun leurs arrières alors qu’ils transperçaient de tous côtés, éliminant deux ou trois créatures en même temps. Une d’entre elles se faufila, attrapa le bras de Thor et le griffa, faisant jaillir le sang, et Thor cria de douleur, se retourna et la poignarda dans le cœur, la tuant. Thor étai un meilleur combattant, mais son bras palpitait déjà, et il n’avait pas combien de temps il faudrait avant que ces créatures ne prennent leur dû. Cependant, avant toute chose dans son esprit, il fallait placer Gwendolyn en sûreté. « Amène là à l’arrière ! » hurla Thor, agrippant Steffen, qui se battait contre un monstre, et le poussant vers Gwen. « MAINTENANT ! » Steffen attrapa Gwen et l’entraina loin, vers l’arrière à travers l’armée de soldats, mettant de la distance entre elle et les bêtes. « NON ! » cria Gwen, protestant. « Je veux être là avec toi ! » Mais Steffen écouta avec obédience, l’emmenant vers le flanc arrière de la bataille, la protégeant derrière les milliers de MacGils et guerriers de l’Argent qui se tenaient vaillamment là et affrontaient les créatures. Thor, la voyant en sécurité, fut soulagé, il se retourna et se jet à nouveau dans la bataille contre les morts-vivants. Il essaya de convoquer son pouvoir Druidique, de livrer combat avec son esprit de concert avec son épée, mais, pour une raison qu’il ignorait, il ne pouvait pas. Il était trop épuisé par son échange avec Andronicus, par le contrôle de Rafi sur son esprit, et son pouvoir avait besoin de plus de temps pour se rétablir. Il devait se battre avec les armes conventionnelles. Alistair fit un pas en avant, à côté de Thor, leva la paume et la dirigea vers la masse de morts-vivants. Une boule de lumière en émana, et elle tua plusieurs créatures d’un coup. Elle leva les deux mains à maintes reprises, tuant des bêtes tout autour d’elle, et, tandis qu’elle le faisait, Thor se sentit inspiré, l’énergie de sa sœur s’insufflant en lui. Il essaya encore une fois de faire appel à une autre partie de son être, pour combattre non seulement avec sa lame, mais aussi avec son esprit, son âme. Alors que la créature suivante approchait, il leva la paume et essaya d’invoquer le vent. Thor sentit ce dernier déferler à travers la paume de sa main, et soudain une douzaine de créatures s’envolèrent dans les airs, le vent les projetant, mugissant, tandis qu’ils dégringolaient dans la crevasse dans le sol. Kendrick, Erec et les autres, à côté de Thor, luttaient vaillamment, chacun tuant des douzaines de créatures, comme le faisaient tous les hommes autour d’eux, laissant échapper un cri de guerre, pendant qu’ils se battaient de toutes leurs forces. Les troupes de l’Empire se tenaient en retrait et laissèrent l’armée de morts-vivants de Rafi livrer combat pour eux, les laissèrent épuiser les hommes de Thor. Cela fonctionnait Bientôt, les hommes de Thor, harassés, frappaient plus lentement. Et pourtant les morts-vivants ne cessaient de se déverser hors de la terre en un flot incessant. Thor se retrouva à court de souffle, comme l’étaient les autres. Les morts-vivants commençaient à percer leurs rangs, et ses hommes commençaient à tomber. Ils étaient simplement trop nombreux. Tout autour de Thor s’élevèrent les cris de ses hommes tandis que les bêtes les mettaient à terre, plongeant leurs crocs dans les gorges des soldats et aspirant leur sang. À chaque guerrier qu’une créature tuait, elle semblait gagner en force. Thor savait qu’ils devaient agir rapidement. Ils avaient besoin d’invoquer un pouvoir phénoménal pour contrebalancer cela, un pouvoir bien supérieur à celui que lui ou Alistair possédaient. « Argon ! » dit subitement Thor à Alistair. « Où est-il ? Nous devons le trouver ! » Thor jeta un coup d’œil et vit qu’Alistair se fatiguait, sa force déclinant ; une bête se glissa derrière elle, la prit à revers, et elle tomba dans un cri. Alors que la bête sautait sur elle, Thor s’avança et enfonça son épée à travers le dos de la créature, sauvant Alistair au dernier moment. Thor tendit la main et la remit rapidement sur pied. « Argon ! » s’écria Thor. « Il est notre seul espoir. Tu dois le trouver. Maintenant ! » Alistair le regarda d’un air entendu et se précipita à travers la foule. Une créature se faufila au travers des lignes, ses griffes plongeant sur la gorge de Thor. Krohn s’élança et bondit dessus, grondant, l’immobilisant au sol. Une autre créature se jeta alors sur le dos de Krohn, Thor la transperça et la tua. Un autre monstre sauta sur le dos d’Erec, et Thor se rua vers lui, s’interposa, l’attrapa des deux mains, le souleva au-dessus de sa tête et le jeta sur d’autres créatures, les mettant à terre. Une autre bête chargea Kendrick, qui ne la vit pas venir, et Thor prit sa dague, la poignarda à la gorge juste avant qu’elle ne plonge ses crocs dans l’épaule de Kendrick. Thor pensa que c’était la moindre des choses qu’il pouvait faire pour commencer à se faire pardonner pour sa confrontation avec Erec, Kendrick et tous les autres. Cela faisait du bien de se battre une fois de plus à leurs côtés, du bon côté ; cela faisait du bien de savoir qui il était à nouveau, et de savoir pour qui il se battait. Pendant que Rafi se tenait là, bras écartés, psalmodiant, des milliers de bêtes supplémentaires se déversaient des entrailles de la Terre, et Thor sut qu’ils ne pourraient pas les retenir bien plus longtemps. Une nuée de noir les enveloppa, tandis que plus de morts-vivants, coude à coude, se précipitaient en avant. Thor sut que, bientôt, lui et tous ses gens seraient écrasés. Au moins, pensa-t-il, il mourait du bon côté de la bataille. CHAPITRE DEUX Luanda se débattait et s’agitait tandis que Romulus la transportait dans ses bras, chaque pas l’emportant plus loin de sa terre natale alors qu’ils traversaient le pont. Elle cria et se débattit, enfonça ses ongles dans sa peau, fit tout son possible pour se libérer. Mais ses bras étaient trop puissants, comme un roc, ses épaules trop larges, et il l’enserrait si fort, la tenant dans sa poigne tel un python, l’écrasant jusqu’à la mort. Elle pouvait à peine respirer, ses côtes étaient douloureuses. Malgré tout cela, ce n’était elle-même qui l’inquiétait le plus. Elle leva les yeux vers l’avant et vit, à l’extrémité du pont, une vaste mer de soldats de l’Empire, se tenant là, leurs armes prêtes, en attente. Ils étaient tous impatients de voir le Bouclier s’abaisser, ce qui leur permettrait de s’élancer sur le pont. Luanda jeta un œil et vit l’étrange cape que portait Romulus, pulsant et luisant alors qu’il la portait, et elle eut l’intuition que, d’une certaine manière, elle était la clef lui permettant d’abaisser le Bouclier. Cela devait avoir quelque chose à faire avec elle. Pour quelle autre raison l’avait-il kidnappée sinon ? Luanda ressentit une nouvelle détermination : elle devait se libérer – pas seulement pour elle-même, mais aussi pour son royaume, pour son peuple. Quand Romulus abattrait le Bouclier, ces milliers d’hommes l’attendant chargeraient de l’autre côté, une vaste horde de soldats de l’Empire et, tels des sauterelles, déferleraient sur l’Anneau. Ils détruiraient ce qu’il restait de sa patrie, pour de bon, et elle ne pouvait pas laisser cela arriver. Luanda haïssait Romulus de tout son être, elle haïssait tous ces gens de l’Empire, et Andronicus plus que tous. Une bourrasque passa et elle sentit le vent froid effleurant sa tête chauve, et elle maugréa en se rappelant son crâne rasé, son humiliation aux mains de ces bêtes. Elle les tuerait tous sans exception, si elle le pouvait. Quand Romulus l’avait libérée de ses liens au camp d’Andronicus, Luanda avait d’abord pensé qu’elle serait épargnée d’un sort horrible, celui d’être exhibée comme un animal dans tout l’Empire d’Andronicus. Mais Romulus s’était avéré être même pire qu’Andronicus. Elle se sentit certaine que, dès qu’ils auraient passé le pont, il la tuerait – s’il ne la torturait pas d’abord. Elle devait trouver un moyen de s’échapper. Romulus se pencha et parla à son oreille, un son profond, guttural, qui lui hérissa les poils. « Ce ne sera pas long maintenant, ma chère », dit-il. Elle devait réfléchir rapidement. Luanda n’était pas une esclave, elle était la fille aînée d’un roi. Du sang royal coulait en elle, le sang des guerriers, et elle ne craignait personne. Elle ferait tout ce qu’elle pouvait pour affronter un adversaire ; même quelqu’un d’aussi grotesque et puissant que Romulus. Luanda fit appel à tout ce qu’il lui restait comme force et, en un seul mouvement rapide, elle tendit le cou, se pencha en avant et plongea ses dents dans la gorge de Romulus. Elle mordit de toutes ses forces, serrant encore et encore, jusqu’à ce que son sang coule partout sur son visage et qu’il crie, en la laissant tomber. Luanda se mit sur ses genoux, se retourna et fuit, filant à travers le pont dans le sens opposé, vers sa terre. Elle entendit le bruit des pas fonçant sur elle. Il était bien plus rapide que ce qu’elle avait imaginé et, alors qu’elle jetait un regard en arrière, elle le vit se précipiter sur elle avec une expression de pure rage. Elle regarda devant elle et vit le continent de l’Anneau sous ses yeux, à seulement six mètres, et elle courut encore plus vite. Juste à quelques pas, Luanda sentit brusquement une terrible douleur dans sa colonne vertébrale, au moment où Romulus plongeait vers l’avant et enfonçait son coude dans le bas de son dos. Elle eut l’impression qu’il l’avait écrasée alors qu’elle s’effondrait, tête la première, dans la poussière. Une minute après, Romulus était sur elle. Il la retourna et lui donna un coup de poing au visage. Il la frappa si durement que son corps tout entier se renversa, et elle atterri sur le sol.la douleur pulsait à travers sa mâchoire, son visage tout entier, alors qu’elle gisait là, à peine consciente. Luanda se sentit être soulevée bien au-dessus de la tête de Romulus, et elle regarda avec terreur alors qu’il se ruait vers le parapet du pont, s’apprêtant à la jeter par-dessus. Il cria tandis qu’il se trouvait là, la tenant au-dessus de sa tête, se préparant à la lancer. Luanda regarda au-delà, en bas du gouffre, et sut que sa vie était sur le point de se terminer. Mais Romulus se tint là, pétrifié, au bord du précipice, les bras tremblants, et manifestement se ravisa. Alors que sa vie ne tenait qu’à un fil, il semblait que Romulus hésitait. De toute évidence, il voulait la jeter au-dessus du parapet dans son accès de rage – pourtant il ne pouvait pas. Il avait besoin d’elle pour remplir son objectif. Finalement, il la descendit, et enroula ses bras autour d’elle encore plus fort, chassant presque toute vie de son corps. Il se dépêcha ensuite à travers tout le Canyon, se dirigeant vers les siens. Cette fois-ci, Luanda resta inerte, étourdie par la douleur, ne pouvant rien faire de plus. Elle avait essayé –et elle avait échoué. Maintenant tout ce qu’elle pouvait faire était de regarder son destin approcher pas à pas. Alors qu’elle était transportée à travers le Canyon, des tourbillons de brume se levèrent et l’enveloppèrent, puis disparurent tout aussi rapidement. Luanda eut l’impression d’être amenée sur une autre planète, vers un autre endroit duquel elle ne reviendrait pas. Finalement, ils atteignirent le côté opposé du Canyon, et au moment où Romulus faisait le dernier pas, la cape sur ses épaules vibra avec un grand bruit, luisant d’un rouge luminescent. Romulus laissa tomber Luanda au sol, comme une vieille pomme de terre, et elle toucha le sol brutalement, cogna sa tête, et resta là. Les soldats de Romulus se tinrent là, à l’entrée du pont, les yeux baissés, tous visiblement effrayés de faire un pas et de tester si le Bouclier avait vraiment disparu. Romulus, exaspéré, empoigna un soldat, le souleva au-dessus de sa tête et le lança sur le pont, en plein dans le mur invisible qu’était auparavant le Bouclier. Le soldat leva les mains et cria, se préparant à une mort certaine alors qu’il s’attendait à être désintégré. Mais, cette fois-ci, quelque chose de différent se passa. Le soldat continua à voler à travers les airs, atterrit sur le pont et roula encore et encore. La troupe l’observa en silence alors qu’il s’arrêtait de rouler – vivant. Le soldat se retourna, s’assit et les regarda, lui le plus choqué d’entre tous. Il avait réussi. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : le Bouclier n’existait plus. L’armée de Romulus laissa échapper un grand rugissement, et comme un seul être ils chargèrent. Ils déferlèrent sur le pont, se ruant sur l’Anneau. Luanda se recroquevilla, essayant de rester hors de leur passage tandis qu’ils se bousculaient devant elle, comme un troupeau d’éléphants, se dirigeant vers sa terre natale. Elle contempla la scène avec effroi. Son pays tel qu’elle le connaissait avait disparu.

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