Dix ans plus tard...
Sonia était animée à la fois par une vague de frayeur et d'espoir. Bientôt la sentence serait levée. Dans les prochaines minutes qui suivront, elle serait soit condamnée à vivre toujours dans l'inquiétude quotidienne entre les quatre murs de son foyer ou soit libre de tous ses faits et gestes sans que quelqu'un ne soit constamment sous son dos à lui imposer sa dictature.
Fred était un vrai tyran qui lui ait été donné d'épouser. Victime de violence conjugale depuis six ans, elle avait décidé de mettre fin à son calvaire et d'assurer une vie saine à son petit garçon. Elle n'aurait sans doute jamais pris cette initiative sans l'intervention de mademoiselle Lewin qu'elle ne remerciera jamais assez.
« Si voulez être libre et maître de votre vie, vous devrez agir. Il n'y a que votre volonté qui puisse vous sauvez» lui avait-elle dit lorsqu'elle était internée à l'hôpital pour une fracture au bras que lui avait infligée son époux.
Ce jour là, elle avait compris qu'elle était la seule à prendre des décisions de survie. Et jamais elle ne pourrait regretter d'avoir porté plainte contre son époux. Reste à espérer que ce juge soit de son côté pour qu'il lui inflige la sentence qu'il mérite.
— Acussé ! Veuillez vous levez ! Intima le juge.
Fred s'exécuta. L'expression de son visage témoignait, la consternation. Tout allait se jouer maintenant. Son avocat ferait le nécessaire pour le tirer de se gouffre engendrer pas son idiote d'épouse qui voulait absolument mourir. Dès qu'il serait libéré, il se fera une joie de refaire son portrait. Il ne serait satisfait que lorsqu'elle le suppliera de la tuer pour ne plus supporter ce traitement ignoble qu'il lui réservait. Elle ne perdait rien pour attendre. Et cette femme qui lui a mis ces idées dans la tête allait également passer son tour.
Il lança un regard noir à Dallas qui était assise au fond de la salle. Le visage satisfait et victorieux qu'elle aborrait l'indigna. Quand à sa femme elle avait le regard soucieux. C'était bien. Elle devrait sûrement s'attendre au pire. Elle avait agi imprudemment et allait payer de sa vie. Il allait s'en assurer.
Il reporta son attention au juge qui ne tarderait pas à délibrer de son sort. Il était plus que impatient.
— Qu'on en finisse, maugréa-t-il à son avocat.
Le juge avait suivi l'affaire de Sonia et Fred depuis le début. Il se souvenait encore du témoignage poignant de Sonia lors du procès initial, où elle avait courageusement brisé le silence sur les années de violence qu'elle avait endurées.
Il observa attentivement Fred tandis que celui-ci lançait un regard noir à Dallas, la femme qui avait conseillé à Sonia de porter plainte.
Le juge était bien conscient du rôle crucial que Dallas avait joué dans le dénouement de cette affaire, en encourageant Sonia à se libérer de ses chaînes.
Le juge se leva, ajusta ses lunettes et prit la parole d'un ton calme mais ferme.
— Mr Anderson, vous avez été reconnu coupable de violences conjugales graves et inexcusables. Vos actes ont laissé des cicatrices profondes sur la vie de Sonia et de votre enfant. Vous avez utilisé votre pouvoir pour opprimer et maltraiter ceux qui vous étaient vulnérables.
Le silence régnait dans la salle, et Sonia attendait avec anxiété la sentence.
— Je dois dire que votre attitude envers vos actes n'est en aucun cas rédemptrice, continua le juge. Vous montrez peu de remords pour la douleur que vous avez infligée à votre famille et aucune véritable volonté de changer.
Le juge marqua une courte pause pour laisser ses mots résonner dans l'esprit de Fred avant de poursuivre.
— En tant que juge, je suis là pour rendre justice et protéger les innocents. Je prends en compte la gravité de vos crimes et la nécessité de prévenir de futurs actes de violence.
Le juge consulta ses notes, prenant en considération les circonstances aggravantes du cas.
— En conséquence, vous serez condamné à une peine de dix ans de prison ferme, suivis de cinq ans de probation stricte. Vous serez également soumis à un ordre de restriction, vous interdisant tout contact avec Sonia et votre enfant pendant la durée de votre probation. Si vous enfreignez cette ordonnance, les conséquences seront encore plus sévères.
Un sentiment de soulagement emplit Sonia alors que la sentence était prononcée. Bien qu'elle sache que le chemin de la guérison ne serait pas facile, elle se sentait enfin protégée par la loi et le système judiciaire.
Le regard du juge croisa celui de Sonia, qui avait désormais retrouvé une certaine sérénité dans son regard. La vie avait été difficile, mais elle avait réussi à se reconstruire grâce au soutien de sa famille et à l'aide des organisations de lutte contre les violences domestiques dont Mlle Lewin était la promotrice. Sans elle, elle ne serait jamais arrivée à cette étape.
— Votre comportement envers Sonia était inhumain et impardonnable, poursuivit le juge. La société doit être protégée de personnes comme vous, incapables de se remettre en question et de changer. Votre peine est nécessaire pour que vous puissiez méditer sur vos actions passées et, peut-être, prendre la voie de la rédemption.
Fred ne montra aucune réaction visible, mais son cœur bouillonnait d'amertume. Il se sentait déchu et humilié. Le sentiment d'avoir perdu le contrôle sur Sonia le consumait, et il lui vouait une haine froide pour avoir osé le dénoncer. La présence de Dallas, assise au fond de la salle, le rendait fou de rage. Elle représentait pour lui la traîtresse qui avait poussé Sonia à briser sa domination.
Sonia sentit un poids se délester de ses épaules alors qu'elle réalisait que l'homme qui l'avait tourmentée pendant tant d'années serait loin de sa vie pour une période significative.
Après la prononciation de la sentence, les policiers prirent Fred en charge pour l'emmener hors du tribunal. Les menottes aux poignets, il était conduit vers le fourgon cellulaire qui l'attendait à l'extérieur. Son avocat le suivit, préparant déjà les démarches pour l'appel de la sentence.
Sonia restait assise, encore sous le choc de toute l'émotion qui avait déferlé dans la salle d'audience. Elle fixait le sol, laissant échapper quelques larmes discrètes de soulagement. Dallas s'approcha d'elle et posa doucement une main sur son épaule.
— C'est fini, Sonia. La justice a été rendue, dit-elle d'une voix douce. Vous avez été incroyablement courageuse, et maintenant, vous pouvez commencer à vivre votre vie librement, sans cette ombre constante.
— Merci, Mlle Lewin, murmura Sonia en essuyant ses larmes. Sans vous, je ne sais pas si j'aurais pu avoir le courage de me battre comme ça.
— Vous avez trouvé votre force intérieure, Sonia. Vous avez été la seule à décider de vous libérer de cette situation. Je ne suis qu'une personne qui vous a encouragée à trouver votre voie, répondit Dallas avec humilité.
Alors que Fred était emmené en prison, Sonia et Dallas quittèrent discrètement le tribunal. L'air frais à l'extérieur lui sembla revigorant, comme si une nouvelle ère commençait pour elle.
Plus tard dans la journée, Dallas gara sa voiture dans l'immense propriété, qui était l'une des plus prestigieuses de la région. La vue magnifique sur les jardins soignés et la façade majestueuse lui rappelaient pourquoi cette vente était si importante. Il avait consacré de nombreuses années à développer cette entreprise immobilière avec Eleanor et Homer, ses meilleurs partenaires d'affaires.
En sortant de sa voiture, Dallas ajusta son décolleté et prit une profonde inspiration avant de se diriger vers l'entrée. Il savait que cette journée pouvait être un tournant décisif pour leur entreprise. Eleanor était déjà à l'intérieur, affairée à préparer un buffet alléchant pour les acheteurs potentiels. Dallas s'approcha d'elle, un sourire chaleureux aux lèvres.
— Eleanor, tu as vraiment fait des merveilles ici. Tout est impeccable.
Eleanor leva les yeux de son travail et lui rendit son sourire.
— Merci, Dallas. J'ai veillé à ce que tout soit parfait pour impressionner les acheteurs. Nous devons nous assurer que cette propriété trouve les meilleurs offrants. Alors dis-moi, comment a été le procès ?
— Le procès s'est bien déroulé, répondit Dallas avec un soupir de soulagement. Le juge a prononcé une peine de dix ans de prison ferme pour Fred, suivi de cinq ans de probation stricte. Sonia est enfin débarrassée de lui et pourra commencer une nouvelle vie.
Eleanor posa une main sur l'épaule de Dallas avec empathie.
— Je suis si heureuse pour Sonia. Elle mérite tellement mieux que tout ce qu'elle a traversé. Tu as été une véritable héroïne pour elle, Dallas.
Dallas sourit humblement.
— Je n'ai fait que la guider vers la liberté qu'elle méritait. Elle a été la vraie héroïne en prenant la décision de se défendre et de dénoncer les abus.
— C'est vrai. Elle a été incroyablement courageuse. Et maintenant, avec cette propriété sur le point d'être vendue, nous pourrons aider encore plus de femmes comme Sonia, en finançant des programmes de lutte contre les violences conjugales.
— Ces femmes le méritent.
— J'ai contacté plusieurs acheteurs potentiels intéressés par cette propriété. J'espère que nous aurons une bonne concurrence et que les offres seront à la hauteur de nos attentes, déclara Eleanor en ajustant quelques éléments de décoration sur la table du buffet.
— C'est parfait. Il ne nous reste qu'à les attendre. Encore bravo pour ce excellent travail Eleanor.
Alors qu'elles terminaient les derniers préparatifs, les premiers invités commencèrent à arriver. Dallas et Eleanor les accueillirent chaleureusement, échangeant des sourires et des poignées de main.
Les invités étaient nombreux, et l'excitation était palpable dans l'air. Ils s'approchaient des deux femmes avec des questions sur la propriété et exprimaient leur intérêt pour l'acquisition. Dallas et Eleanor s'efforçaient de répondre à toutes les demandes avec professionnalisme et enthousiasme.
Parmi les invités se trouvait un couple d'entrepreneurs prospères, Nancy et Nathan, qui semblaient particulièrement intéressés par la propriété. Ils examinaient chaque recoin avec attention, posant des questions pointues sur l'architecture, l'histoire du lieu et les caractéristiques du jardin. Dallas sentait que leur passion pour les propriétés de caractère était sincère.
— C'est vraiment un bijou caché, fit Laura avec un sourire éblouissant. Nous cherchions depuis longtemps une maison avec autant de charme et d'histoire. C'est exactement ce que nous voulions.
— Je suis ravie que cette propriété vous plaise autant, répondit Eleanor avec un air enthousiaste. Elle a une histoire riche et unique, et nous sommes convaincues qu'elle saura combler vos attentes.
— Nous allons certainement faire une offre, annonça Nathan.
Dallas et Eleanor échangèrent un regard complice, satisfaites de l'intérêt que suscitait la propriété. Au fil de la soirée, d'autres invités se montrèrent également intéressés, et l'atmosphère était chargée de potentielles opportunités pour la vente.
Alors que Dallas continuait à discuter avec les acheteurs potentiels, elle entendit soudainement une voix qui lui était familière. Le verre de vin qu'elle tenait dans sa main échappa à son emprise, et il se brisa en morceaux sur le sol, attirant l'attention des autres invités. Eleanor, alertée par le bruit, se précipita vers Dallas pour voir ce qui se passait.
— Il y a un problème ? Demanda Eleanor d'une voix inquiet.
Dallas ne prêtait guère attention à Eleanor. Son cœur battait plus fort tandis qu'elle cherchait l'origine de cette voix dans la foule. Puis, elle le vit. Son cœur se serra lorsque son regard croisa le sien. Le visage de ce dernier se raidit.
Le temps semblait s'arrêter alors que les souvenirs douloureux refaisaient surface, comme si le passé était revenu hanter le présent.
Eleanor suivit le regard de Dallas et remarqua immédiatement l'homme qui venait de faire son apparition.
Sans comprendre la situation, Eleanor s'approcha de ce client répertorié comme VIP, Monsieur Shawn Lodge, un collectionneur renommé de propriétés luxueuses.
Eleanor aborda Shawn Lodge avec un sourire poli et professionnel, tout en gardant son regard attentif. Elle savait que ce client potentiel était d'une grande importance pour le succès de la vente de cette propriété.
— Bonsoir, Monsieur Lodge. Je suis Eleanor, l'une des agents immobiliers de l'agence Prestige Realty, déclara-t-elle d'un ton courtois. Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation ce soir. Permettez-moi de vous présenter ma collègue, Dallas Lewin.
Shawn ressentit un mélange de surprise et d'appréhension en entendant le nom de Dallas. Les souvenirs de leur histoire autrefois passionnée, mais tumultueuse, refirent surface, et il se retrouva submergé par les émotions du passé. Il n'avait jamais imaginé qu'il la reverrait un jour après leur séparation houleuse il y a dix ans.
Eleanor fit signe à Dallas de la main, l'invitant à les rejoindre. Celle-ci semblait figée, hésitante, incapable de bouger ou de réagir. Les regards de Dallas et de Shawn se croisèrent brièvement, et un instant de silence pesant s'installa.
— Dallas, je te présente Shawn Lodge, fit Eleanor avec une politesse mesurée lorsqu'ils rejoignirent Dallas.
— Bonsoir Dallas, fit Shawn en lui tendant la main.
Dallas détourna brièvement les yeux de sa main tendue. Elle se remémorait les moments passionnés et tourmentés qu'ils avaient partagés autrefois. Cette main qui l'avait caressée, cette main qui avait laissé des empreintes indélébiles sur sa peau, cette main qu'elle avait autrefois désirée et aimée, mais qui était maintenant synonyme de souffrance et de regrets.
Alors qu'ils se regardaient, Dallas ressentit une tension palpable entre eux, une multitude d'émotions refaisant surface. Elle sentait son ventre se nouer, submergée par les souvenirs douloureux qui l'assaillaient. Elle se força à garder son calme, mais il lui était difficile de cacher son trouble. Shawn, lui, semblait apprécier la situation, ce qui ne fit qu'augmenter l'inconfort de Dallas.
Ignorant la main de Shawn restée tendue trop longtemps, elle s'éclipsa de la salle tentant désespérément de retenir ses larmes.
Une fois seule dans le jardin, Dallas se sentit submergée par une vague de chagrin. Les larmes commencèrent à rouler doucement sur ses joues, mais bientôt, elles se transformèrent en sanglots déchirants. Sa respiration s'accéléra, irrégulière, tandis qu'elle se tenait là, les épaules secouées par ses sanglots. Ses yeux, autrefois si étincelants, étaient maintenant embués de larmes, reflétant toute la souffrance qu'elle portait en elle.
— Pourquoi ? Cria-t-elle de tout son être.
Ses mains se crispèrent sur la banquette où elle était assise, ses ongles s'enfonçant dans le bois, tandis qu'elle luttait pour contenir l'orage d'émotions qui la submergeait. La douleur de la perte de son bébé et la présence de Shawn à cette soirée avaient rouvert des blessures profondes et insoupçonnées…
À suivre…