Chapitre IILe bonhomme est plaisant ! Il devait être poète.
CALDERON.
Au Coq d’Or, Chatel venait de sortir. Où le trouver ? rue Gabrielle ou chez Constant ? Il serait peut-être tout simplement chez Meyrargues, dans la soirée. En tout cas Robert était certain de le rencontrer le lendemain avant midi au bureau de La Revue libertaire.
Il s’assit, commanda un bock et respira l’atmosphère de la taverne. C’était un bruit de voix, de dominos, de soucoupes et de trictracs ; des propos confus avec des niaiseries en relief ; des exclamations, des rires déboutonnés ; la fumée des cigarettes et des pipes de six heures mêlée au montant des apéritifs : une âcre grisaille.
Tous ces gens oubliant leurs rides et leurs maîtresses, c’est plutôt triste. – Et le voilà qui mâche amèrement une pensée de Pascal.
Il ouvre la Libre Parole, y lit que les anarchistes sont subventionnés par Rothschild.
Dans son journal, Rochefort accuse la police de soutenir le Ministère en organisant des explosions. La bombe de Vaillant ne serait, suivant cette version, qu’un engin opportuniste.
L’esprit souffle quand il veut, pense Robert. Paul-Louis Courier avait dit plus nouvellement : « Nous aurons prochainement un complot, mais le travail n’est pas tout à fait terminé dans les bureaux. »
Au hasard des gazettes, il constate encore qu’on incrimine les encyclopédistes, Rousseau, la Révolution française, les matérialistes, Renan, les socialistes, les intellectuels, l’instruction laïque et Camille Flammarion.
Les buveurs d’absinthe et d’oubli, assoiffés d’un peu d’enthousiasme, lui donnent au repos un spectacle édifiant. Ils étaient las de leurs négoces et las d’eux-mêmes, ils se sont assis lourdement, ils ont bu à petites gorgées, ils se sont regardés, ils se sont souri dans les glaces, une bouffée de satisfaction a défripé leur front ; les voilà plus légers, prêts à repartir, à recommencer ; – la vie a du bon ; satisfaits, étourdis, ils espèrent ; trois gouttes de folie au fond d’un verre ont libéré ces forçats quotidiens.
Aux absinthes, Robert préférait l’amertume intérieure qui, des soirs, l’exaltait.
Il écarta les tablettes et s’absorba dans l’ennui bleu d’une cigarette. Il ne savait point s’intéresser aux règles d’une partie de piquet, et cette indifférence le mettait parfois en fâcheuse posture devant les évènements.
Aucune ambition n’inspirait sa conduite, et cette sagesse de la cinquantaine paralysait ses débuts. Étudiant en pharmacie, mal résigné à la vie de potard, il avait lâché l’École à la mort de sa mère, morte en 1892 d’une maladie de cœur. Son père, qu’il n’avait pas connu, était tombé sous les balles versaillaises pendant la Semaine sanglante. Ce fait avait contribué sans doute à sa rancune révoltée, mais aussi à son émancipation, à sa poussée d’un jet hardi, – car la tutelle d’un père, si vitale qu’elle soit, est souvent déformante.
À vingt ans, orphelin et libre : quel rêve et quel danger !
Les quelques milliers de francs qu’il avait hérités suffisaient à sa frugalité. – Il n’avait pas songé à les placer sur l’État, mais sur sa propre destinée ; et le placement eût été judicieux si seulement il avait voulu être quelque chose. Mais il NE se souciait que d’être meilleur.
Accointé par Meyrargues à des coteries littéraires, il utilisait ses connaissances linguistiques et la fraîcheur de son esprit critique au service des idées nouvelles, et contribuait pour sa bonne part au mouvement international qui s’annonçait dans les jeunes Revues françaises.
À vingt-trois ans, mince, presque imberbe, il avait des gaucheries et des pudeurs, redoutait les faciles conquêtes et les amitiés banales ; sensible à l’excès, goûtant toutes les nuances des mots, né aux aventures et aux complications des âmes sentimentales, il avait éduqué sa nature et l’empêchait de se répandre : un être intéressant, tout en force intérieure.
À l’ordinaire, il se masquait de parades froides, et soudain s’emballait, cédait à la fougue de son sang. Cependant il détestait les cris, les excès et la noce, la buverie de Montmartre, la sauvagerie du Quartier, le débraillé démagogique.
Son cerveau lucide répugnait aux ivresses lourdes, mais un mysticisme généreux pouvait obscurcir ses vues. Il aimait la vie et ne savait pas s’en faire une raison pratique ; il croyait à la volonté et ne savait pas vouloir le possible, le tout proche ; il détestait le monde médiocre d’une haine d’ange et n’avait aucun goût pour le bonheur. En somme, un être charmant et dangereux, brûlé d’une phtisie morale, corrompu par trop d’ardeur et de chasteté, manquant des vices nécessaires.
Sa cigarette lui grillait les ongles, il la jeta d’une chiquenaude et s’amusa de la voir fumer encore, trop sèche, s’éteignant comme une mèche. D’un regard lent, noyé, un peu félin, d’une respiration courte, il s’imprégnait de l’air du café.
Cependant les consommateurs, fronts épais et nuques congestionnées, continuaient à patauger dans leur vacarme sous l’œil doux et voilé de ce petit homme effacé. Et lui se disait qu’il pourrait faire cesser ce bruit ; il se sentait étranger à eux ; il leur découvrait des tares et des laideurs incurables, comme ce solitaire des écritures orientales qui s’aperçut au sortir d’une méditation hautaine que tous les hommes qu’il rencontrait avaient des têtes d’animaux. Ces boursicotiers, manilleurs, placiers, bookmakers lui barraient l’horizon ; les boissons frelatées, les mangeailles et les filles de beuglant suffisaient à leurs appétits ; ils étaient l’obstacle. Au-dessous le peuple misérable, au-dessus les patrons insolents, triomphateurs, mais logiques ; et tout choc impossible, tout contact, toute électricité révolutionnaire empêchée par la masse moyenne amortissante. Ceux-là n’étaient pas le peuple, la sainte misère humaine, ils étaient le peuple souverain, la démocratie ; indifférents à toute idée, à tout sentiment chaste ; seules les criailleries politiques, les ribotes du patriotisme et les « bêtises » pouvaient les émoustiller.
Un pli de braverie tordait la lèvre de cet adolescent au cœur de qui la pervenche bleue s’était fanée ; dans une rage d’amant trahi, ami du peuple il détestait les foules. – Oui, Vaillant s’était trompé en apeurant les députés ; c’était la petite bourgeoisie d’en bas, laide, épaisse, amorphe, celle qui remplit les cafés de ses ventres, qu’il fallait frapper.
Ainsi son âme vertueuse de t********e commentait d’une fantaisie démente la fumée d’une cigarette trop sèche, et calculait l’effet moral de la foudre.
Un petit vieillard glabre et poupin vint s’asseoir à sa table, l’œil perspicace, la face remuée d’un léger tic, le front solide et bien sculpté. Robert le regarda froidement, en pensant : « Devine-moi ; le danger social palpite sous le voile de mes yeux ; mais qu’en sais-tu, vieillard au sourire aigu ? »
Et il s’approfondissait dans la conscience de son rôle de héros masqué, tranquille, ignoré parmi la troupe ennemie ; il se possédait dans un sentiment de haute lutte et de prudence. – Le grand lys funèbre, qui s’était levé au jardin de ses volontés, fleurissait solitaire, astral.
– Vous permettez ? dit le vieillard après avoir mouillé son absinthe.
Et il avança vers les journaux repliés une main noueuse et longue.
Robert complaisant lui passa les feuilles.
Le vieillard se mit à lire, mais il ne pouvait fixer son attention ; il allait de la première page à la troisième, quittait les faits-divers pour les annonces et semblait s’intéresser surtout à la mise en page.
– Ce sacré… et il grommela un nom de poète bucolique – quel cochon !
Il lampa son apéritif et son regard rencontrant celui de Robert il se vit obligé à quelques mots :
– Je vous demande bien pardon, monsieur, mais vous ne me ferez jamais admettre que des gens de talent s’abaissent à écrire des saloperies pareilles.
– Il faut bien vivre, remarqua Robert.
– Vous venez de dire le mot, mais… ce n’est pas nécessaire.
Robert feignit une violente surprise :
– Vous dites qu’il n’est pas nécessaire de vivre ?
Ils s’observaient, prêts l’un et l’autre à éluder la conversation par quelque sottise bien assénée. Le vieillard se risqua débonnaire, fin, petit rentier :
– Monsieur, je pourrais être votre père… mais vous êtes sans doute plus pratique que moi. Les vieux, vous avez dû le remarquer, sont souvent de vieilles bêtes.
Robert esquissa un geste dubitatif.
– Ne dites pas non. Mon empressement à rechercher dans ce journal la rubrique littéraire a dû vous inspirer la plus fâcheuse opinion de moi. M’auriez-vous pris pour un sous-chef de bureau ?
Robert protesta, et le vieillard convint de bonne grâce que sa redingote n’autorisait pas la supposition.
– Si vous me connaissiez, vous vous demanderiez pourquoi je suis ici, sept heures sonnées, le soir du 5 janvier, à la brasserie du Coq d’Or.
Robert prévit des confessions et, par instinct de défense, demanda l’heure au cadran de la brasserie.
– Non, monsieur, je ne vous raconterai pas mon histoire, et ne vous mettez point en peine de l’imaginer : je suis venu ici tout simplement pour y prendre l’apéritif. Qu’est-ce que vous prenez ?
Robert s’excusa de n’accepter rien.
– Vous ne buvez pas encore, monsieur, c’est fort bien, mais vous boirez, à moins que… enfin, très probablement. N’allez pas en conclure… non ! j’ai ce soir besoin de parler parce que voilà huit jours que je n’ai mis le pied dehors, à cause des fêtes – vous comprenez ?
– Je comprends cela.
– Monsieur, je suis musicien.
Robert s’était résigné.
– J’ai écrit un opéra en cinq actes, et le livret bien entendu.
– Qui s’appelle ?
– Qu’importe ! Mélusine, si vous y tenez. – Cet ouvrage-là ne sera jamais représenté.
– Pourquoi ?
– Parce que je ne veux pas qu’on se foule de moi.
Robert ne put s’empêcher de sourire.
– On a conspué Wagner, bafoué Berlioz, continua le vieillard, on ne se moquera pas de moi. Et puis… je ne serai pas si charitable qu’eux.
Robert regarda son interlocuteur. Celui-ci se justifia.
– Ils sont une douzaine à Paris qui savent que je suis quelqu’un : ça me suffit. Quand je tiens mon vieil orgue à Saint-Pierre de Montmartre…
– Ah ! vous êtes le père… pardon !… monsieur Vignon.
– Oui. Je n’ai pas besoin de me faire un nom. On me connaît. Les dimanches on vient m’écouter. Ils grimpent là-haut ; je leur coupe les jambes. Ils y sont venus tous, les Widor, Fauré, Saint-Saëns, Godard, Charpentier, Alexandre Georges, la coterie du Conservatoire, l’École française et la petite b***e de César Franck. On m’apprécie ; je vivote sans ennemis, sans déboires. On croit que je laisserai une œuvre ; je ne laisserai rien. Les acclamations posthumes ne me tentent pas ; je ne veux pas être dupe et rendre en béatitudes à un public gobeur ou féroce les amertumes qu’il m’aurait versées. J’ai vu tant de faux jugements, tant de fausses gloires, qu’il ne me plaît pas de passer au concours. – Je ne suis pas joueur.
– Je ne vous connais pas assez pour affirmer que vous êtes un criminel, dit Robert plaisamment ; mais, possédant quelque génie, auriez-vous le droit d’en frustrer l’espèce ?
– Oh, si j’avais du génie, ces braves gens s’en passeraient bien ; la moindre vulgarité ferait mieux leur affaire. D’ailleurs c’est le droit au suicide que vous mettez en question, et je pense qu’on a toujours le droit de se taire ou de mourir.
– Cependant vous reconnaissez qu’il y a dans celle manière d’être une espèce d’attentat aux droits de la collectivité.
– Vous me flattez, dit en souriant M. Vignon.
Et plus tristement il ajouta :
– On peut dire cependant que je suis un vieux brigand, parce que j’ai aussi des devoirs, mais pas envers la collectivité, comme vous dites, et pas même envers l’élite… enfin je n’ai pas l’intention de vous entretenir de mes histoires… Nous parlions de la chose publique – n’est-ce pas ? – mais c’était à propos de ces journaux.
– Malgré leurs vedettes ils ne vous plaisent guère, dit Robert conciliant.
– Ils sont là quelques écrivains qui pourraient faire des livres – un livre, qui sait ? – je ne le leur demande pas ; ils ont bien le droit de se taire ; mais du moment qu’ils parlent, ils pourraient nous donner une belle image de leur âme, ou bien leur propre vision du monde. Au lieu de cela, voyez le métier qu’ils ont accepté : ils couvrent de leur pavillon toutes les marchandises, tous les tripotages. On se les paye ; on les accroche en façade de même qu’on affiche des titres et des décorations dans le conseil d’administration des Sociétés véreuses. On a corrompu des députés avec l’argent du Panama, mais les littérateurs ont touché le même argent. Arton n’a pas tutoyé que des parlementaires.
– Mais c’est le procès de la presse que vous faites-là ?
– Point ; celui des écrivains qui ont abaissé leur art sous prétexte de relever le journalisme. Il y a là un compromis inacceptable, une promiscuité fâcheuse à tout le moins : en première page, les « littéraires », en quatrième les « complaisantes » ; d’un journal on a fait une boutique de gantière.
Robert ne sourcilla pas. Le couplet du musicien consonnait à son lyrisme intérieur en touches bien accordées.
– Monsieur, dit-il, permettez-moi de vous adresser encore une question : Avez-vous une idée nouvelle touchant les anarchistes et la propagande par le fait ?
– Il n’y a rien à faire. Les anarchistes sont des enfants qui jouent avec les allumettes… J’aime mieux Timon d’Athènes.
La sympathie de Robert s’atténua d’une restriction.
– Monsieur Vignon, dit-il du ton le plus dégagé, je suis bien aise de vous avoir rencontré et vais immédiatement me brouiller avec vous par une indiscrétion impardonnable : Je voudrais entendre votre opéra.
Le vieux musicien se recula brusquement et faillit renverser la table ; ses yeux papillotèrent.
– Ah, mon garçon, vous êtes un hardi gaillard, un effronté coquin ; vous me prenez aux cheveux, me brisez mon violon sur la tête, me relevez d’une bourrade et me demandez : Comment ça va ? Eh bien, touchez-là !…
Et il lui secoua la main avec vigueur.
– Mais est-ce que je sais qui vous êtes…
Il jubilait.
– Un étudiant et un révolté : Robert… On m’appelle Robert.
–… ce que vous voulez, ce que vous valez ? Vous m’offrez une paire d’oreilles, ai-je le droit de les tirer, gamin ? Bon ! ne dites rien. Vous êtes pour moi l’inconnu, la jeunesse, un autre et un hôte. Permettez !…
Il régla les consommations.
– Vous me passez la main sur la barbe, c’est-à-dire… enfin vous m’appelez Jésus-Christ. Présent ! – Êtes-vous content ?… Tiens, tiens, vous rencontrez un vieil original visiblement exalté par la solitude, vous êtes de sang-froid et vous a****z de la situation pour le blaguer, oh ! gentiment ! – Eh bien, vous mériteriez que je ne fusse qu’un ménétrier. Et j’en aurais le droit, entendez-vous !… Soit, vous entendrez cet opéra, c’est-à-dire que vous en entendrez quelques pages. Dites-moi du moins que vous n’êtes pas un professionnel, chanteur, instrumentiste, que vous n’avez pas une passion exclusive pour les concerts de la garde républicaine, que vous ne fredonnez pas la scie en vogue… Pardon ! ne me dites rien.
Robert le rassura.
– Il me suffit, continua M. Vignon, que vous soyez neutre, que votre esprit ne soit pas gâté par des cadences trop connues et des ritournelles. Vous entendrez donc ma musique, et, si vous n’y comprenez rien, ce sera votre punition et ma vengeance. Maintenant vous m’appartenez. Ma femme et ma fille m’attendent à la maison ; je veux dire qu’elles attendent le dîner. Bon ! je leur amène un convive.
– Et que diront-elles ?
– Elles y sont habituées : Mme Vignon sera très digne.
– Mais rien ne presse… un autre soir.
Le musicien se leva vexé.
– Vous ne me ferez pas cette injure. Ce soir ou jamais, entendez-vous. Partons !
Ils sortirent.
Des gens passaient, mimes en deuil, se silhouettant dans la brume rouge des lampadaires, au reflet des vitrines illustrant le soir neigeux ; des filles parfumées, à la chair mate, au chignon d’or tordu, au masque de céruse blessé de lèvres rouges et voraces, les croisaient, sans un regard vers eux, et montaient l’escalier des restaurants.
Ils s’engagèrent sur la pente de Montmartre.
La chevauchée des fiacres se perdait ; la ville se résignait ; une odeur de cave suintait des murailles. Ils marchaient sans se hâter, Robert, redoutant une désillusion, enveloppé dans sa cape frileuse, les nerfs roidis sous la piqûre du grésil, M. Vignon, le manteau battant, intrépide, chauffé d’une flamme intérieure, parlant haut, avec le sentiment d’être en bonne fortune.
Que de fois, par maintes coquetteries, n’avait-il pas convié ainsi des pauvres, des inconnus ! Il les avait assis à son foyer, et, devant leurs yeux clignants, leur cerveau trouble, il avait dressé les fresques héroïques de sa musique pour leur communiquer un frisson d’enthousiasme, les enlever de terre, les ravir dans un coup d’aile ; mais leur chair lourde n’avait pas tressailli, leur cœur ne s’était pas épanoui : tristes rencontres !
– Serait-ce qu’il n’avait pas le don, l’étincelle communicative ?
Oh ! doute !
Ce n’était pas assez que son inspiration fût saluée des initiés ; il rêvait, lui aussi, d’un art magique et total, d’une langue universelle exprimant l’éternité du sentiment et son mystère. Il avait peur de la foule, mais ce n’était qu’une pudeur ; il redoutait surtout l’épreuve, le contact brutal, craignait un échec qui lui aurait enlevé la foi en soi-même ; et c’était une appréhension touchante et religieuse, une pureté un peu ridicule. À soixante ans, il expérimentait encore le pouvoir émotionnant de sa pensée ; il raccrochait des auditeurs de hasard avec une volupté inquiète.
Cependant il cherchait à se persuader que cette fois la provocation n’était pas venue de lui.
Après une station chez le rôtisseur, ils traversèrent le boulevard Rochechouart et s’arrêtèrent devant une maison haute et sombre. La porte étroite ouvrait sur un corridor qui sentait le plomb ; un salpêtre d’écurie fleurissait aux murs. En montant les premières marches de l’escalier tournant, ils dérangèrent deux femmes aux hanches épaisses qui revenaient du lavoir et portaient de gros paquets de linge bleu.
M. Vignon s’excusa et les salua. Quand ils furent au premier étage, Robert entendit les commères qui disaient : C’est le vieux fou !