Snow
Je suis née en pleine tempête de neige. Dans le fond d’une grotte… Mon père s’y est abrité afin de protéger la vie de ma mère et la mienne. C’est ce qui a donné l’idée de mon prénom à ma mère, Snow. Ma mère pensait que c’était un signe de Dieu et que c’était sa manière de hurler le nom qu’il fallait me donner. Personnellement, j’ai toujours était un peu complexé par celui-ci dans ma jeunesse. Mais ça, c’était avant. Maintenant, je n'en ai plus rien à faire de ce que pensent les autres. J’ai grandi et j’ai appris… Maintenant, je dois terminer mes études et avancer dans la vie. Même si je n’avais pas prévu ce bouleversement… Je me retrouve face à eux… Pour la dernière fois.
_ Snow, je te présente toutes mes condoléances.
Cette phrase, je l’ai entendue encore et encore depuis qu’on m’a annoncé leur accident de voiture. Le pire, c’est que je n’ai même pas peu enterré véritablement leur corps. Mais seulement ce qui en restait.
_ Snow ?…
Je lève les yeux et tombe sur un regard sombre… Je pensais avoir quelques jours avant de tomber sur elle. Mais il faut croire que non…
_ Toutes mes condoléances, Snow. Ta mère était une amie chère à mon cœur. Quand tu seras prête, viens me voir. Je t’expliquerai ce qu’il se passera par la suite.
_ … D’accord… Merci.
Elle me donne un sourire compatissant et s’éloigne à nouveau. Me laissant seule à nouveau… Le chagrin est immense en mon cœur et je ne sais pas si ça passera. Je me retrouve seule…
_ Snow, tu veux bien me suivre…
_ Pourquoi ?
_ Tu es encore mineure. Je vais te placer dans un centre, le temps de contacter les personnes qui seront chargées de prendre soin de toi…
_ Nous n’avions plus aucune famille.
_ Pourtant, votre mère a désigné votre oncle comme tuteur légal au cas où il leur arriverait malheur.
_ Mon oncle ??… Je n’ai pas d’oncle.
_ Vous êtes sûr ?… Eu… Andy Denver.
_ Je ne m’en souviens pas.
_ Mmm… Peut-être, vous souviendrez-vous de lui quand vous le verrez. Un visage parle mieux qu’un nom. Vous devriez préparer un sac pour quelques jours, le temps que l’on règle les papiers administratifs.
J’acquiesce et monte dans ma chambre, fourrant dans un sac quelques vêtements. Je prends aussi quelques affaires personnelles, comme la peluche que m’avait offerte ma mère quand j’étais petite. Une photo de mes parents. Puis, je vais dans la chambre de mes parents et prends le coffre qu’ils dissimulaient dans le fond de leur placard. Le cachant sous mes vêtements. Je pars ensuite rejoindre l’amie de ma mère. Au centre, je suis placé dans une chambre. Je ne prends pas la peine de déballer toutes mes affaires et prends soin de garder mon sac sous mon lit. Au déjeuner, on me dévisage. On chuchote. On me montre du doigt. Je suis la petite nouvelle et je fais parler de moi. Heureusement pour moi, j’avais vu juste, à peine deux jours après mon arrivée, mon soi-disant oncle arrive, la mine triste.
_ Salut…
_ Salut…
_ Tu ne te rappelles pas de moi ?…
_ Non. Mais je sais que ma mère n’avait pas de frère.
_ Non, c’est exact. Mais nous nous connaissions et nous avions tous deux convenu de nous occuper de nos enfants respectifs en cas de décès prématuré.
_ Et d’où connaissiez-vous ma mère ?
_ Est-ce qu’elle t’a dit que ses parents l’avaient placée dans un centre spécialisé quand elle était jeune ?
_ … Oui…
_ C’est de là que l’on se connaît… Ta mère était ma meilleure amie… Ma seule amie.
_ Alors, commence ça ce fait que je n’ai aucun souvenir de vous ? Ni photo, ni anecdote ?
_ À cause de ton père… Il était… Il jalousait l’amitié qu’il y avait entre ta mère et moi.
_ Tu étais amoureux d’elle ?
_ Non… Je ne l’étais pas et il n’y a jamais eu d’ambiguë entre nous. Je la considérais comme ma sœur et rien de plus.
_ Alors pourquoi mon père était jaloux ?
_ Il était comme ça, c’est tout… Je ne lui en ai jamais tenu rigueur et puis le plus important, c’est qu’il rendait ta mère heureuse.
_ Et c’était le cas… Quand est-ce que je devrais vous suivre ?
_ Eu… Quand tu veux… Soit, tu respectes leur protocole et tu restes une semaine ou deux, le temps de t’habituer à moi. Soit, tu fais celle qui me reconnaît et qui sait qui je suis et on part directement. Je signe les papiers et adieu, le centre.
_ … Ravi de te revoir, oncle Andy, ça fait si longtemps !!!
Bref, que je me souvienne de lui ou pas, en quatre jours, il signe les papiers le désignant comme mon tuteur légal jusqu’à ma majorité. Avant de rentrer chez lui, nous faisons un détour jusque chez Maya, l’amie et avocate de ma mère. Elle m’explique que je ne pourrais toucher mon héritage qu’à ma majorité. La maison, le magasin et les comptes bancaires seront sous la responsabilité de mon tuteur jusqu’à… Ma… Majorité.
_ On va faire comment ? Tu vas tout gérer ?
_ Non, avec ta permission, je vais engager quelqu'un qui gérera le magasin et il n’aura qu’à habiter la maison pour se loger.
_ Pourquoi ? Il est hors de question qu’un étranger vienne vive dans ma maison !!
_ Ce ne sera que temporaire. Et j’y mettrai une personne digne de confiance…
_ Pourquoi ne pas simplement resté ici.
_ Je ne peux pas. J’ai des responsabilités. J’ai pris quelques jours pour venir te chercher et c’est tout.
_ Et si j’avais voulu un temps d’adaptation ?
_ Ça m’aurait beaucoup ennuyé. Mais j’aurais trouvé une solution.
_ Bien, de toute façon, dès que j’ai mes dix-huit ans, je rentre chez moi.
_ Nous verrons, peut-être que tu te plairas chez moi.
_ Tu vis où ?
_ Au Texas, dans une petite ville appelé Moon Wolf.
_ C’est un drôle de nom pour une ville.
_ C’est parce qu’elle est située entre deux montagnes et lorsque la lune est à son plus haut zénith, elle brille de mille feux au centre de celles-ci.
_ Ce doit être beau à voir.
_ C’est magnifique, l’un des meilleurs endroits pour des gens comme nous.
_ Des gens comme vous ???
Il se tourne vers moi, sourcils froncés. Me fixant pour savoir si je suis sérieuse ou non.
_ Ta mère ne t’a rien dit ?
_ À quel sujet ?
_ De ses origines…
_ Eu… Elle venait d’Europe. Oui, ça, je le sais.
_ Non, je parle de ses origines propres. Des tiennes.
_ De quoi est-ce que tu parles ?
_ Rah, … Rébecca !! Dans quel pétrin tu me mets !!
_ Andy, quel pétrin ?
_ C’est pas vrai… Elle aurait dû se douter que je t’emmène chez moi. Elle aurait dû t’en parler… Elle aurait dû te préparer à tout ça !!
_ Me préparer à quoi ???
_ À la suite qui va arriver !!
_ Comment voulais-tu qu’ils sachent qu’ils allaient mourir !!
_ Oui, je me doute… Mais ils n’auraient jamais dû te cacher leur nature.
_ Mais quelle nature !!!
_ Quel âge as-tu ?
_ … Seize ans.
_ Seize ans ?… Et tu n’as pas encore… Enfin, il ne s’est jamais rien passé d’étrange ?
_ De quel genre ?
_ … Tes parents ne faisaient jamais de sorties nocturnes ?
_ Eu… Non, mes parents détestaient sortir la nuit. Ils fermaient les volées chaque soir avant la tombée de la nuit.
_ Tu n’as jamais sorti dehors un soir de pleine lune ?
_ … Eu… Non…
_ Jamais était exposé au rayon de la lune ???
_ Nan… T’es vraiment bizarre.
_ OK, je comprends mieux… On va avoir du boulot avec toi.
_ Si tu ne veux pas t’occuper de moi, il fallait le dire avant que partir.
_ Il en est hors de question. Tu es sous ma responsabilité et ce n’est pas pour rien. Merci Reb… Merci beaucoup !!!
_ Je ne comprends plus rien.
_ Je t’explique de manière douce ou de manière forte.
_ Vas y cash, tant qu’on y est.
_ … OK, comme tu veux… Ta mère était une louve-garou. J’en suis un aussi.
_ Une louve-garou ? Et toi aussi…
_ Oui, elle aurait dû te préparer à ça depuis ta jeunesse. Tu aurais dû faire ta première transformation quand tu as atteint l’âge de quinze ans.
_ Génial… Elle m’a confié à un dingue. Je comprends mieux pourquoi elle a coupé les ponts. Tu es cinglé.
_ Je ne suis pas cinglé !!! Nous sommes des loups-garous !! Dit-il en tournant sa tête d’un coup vers moi.
J’aurais bien explosé de rire. Mais ses yeux me stoppent immédiatement… Comment se fait-il qu’il ait les yeux rouges ??
_ Et le fait que ta mère t’ait empêché de muter est extrêmement dangereux !! Tu aurais pu finir par péter les plombs !!
_ Comment tu fais ça ?
_ Fais quoi ?
_ Le coup des yeux… Je ne t’ai pas vu mettre de lentilles de contact. C’est dû à un produit ?
_ Ce sont mes yeux de loup !! Et toi aussi, tu les auras… Quand aura lieu la prochaine pleine lune, déjà ?
Il semble réfléchir et moi, je me retiens soit de rire, soit de partir en courant… Ce mec est barjo…
_ Dans trois semaines… Tu auras trois semaines pour te préparer.
_ Tss, n’importe quoi. Les blagues sont marrantes, seulement si elles ont une fin.
_ Ce n’est pas une blague !!… Et maintenant, je me retrouve à devoir tout t’apprendre.
La vache ! Il croit vraiment à son délire ??… Ce mec se prend vraiment pour un loup-garou ?… Faut que j’en avertis Maya, je ne peux pas rester avec un type qui se prend pour un monstre…