CHAPITRE PREMIERSur la responsabilité Je me souviens encore de la consternation que cette histoire jeta dans mon âme ; ce fut peut-être là le principe de ma lente guérison pour cette maladie de l’enthousiasme militaire. Je me sentis tout à coup humilié de courir des chances de crime, et de me trouver à la main un sabre d’esclave au lieu d’une épée de chevalier. Bien d’autres faits pareils vinrent à ma connaissance, qui flétrissaient à mes yeux cette noble espèce d’hommes que je n’aurais voulu voir consacrée qu’à la défense de la patrie. Ainsi, à l’époque de la terreur, il arriva qu’un autre capitaine de vaisseau reçut, comme toute la marine, l’ordre monstrueux du comité de salut public de fusiller les prisonniers de guerre ; il eut le malheur de prendre un bâtiment anglais, et le malheur