– Tiens, prends ça, moi j’en ai assez. Pierre resta muet d’étonnement, car il n’aurait jamais pu en faire ni en dire autant pour son compte. Il hésitait, ne sachant pas au juste si Heidi plaisantait ; mais elle lui tendait toujours le morceau de pain avec le fromage, et comme il n’avançait pas la main pour les prendre, elle les lui posa sur les genoux. Alors il vit bien que c’était pour de bon, et la remerciant d’un mouvement de la tête, il commença un repas comme il n’en avait encore jamais fait dans toute son existence de chevrier. Quant à Heidi, elle regardait à tout moment les chèvres. – Dis-moi leurs noms, Pierre ? demanda-t-elle. Ce n’était pas bien difficile ; il se souvenait d’autant mieux de tous ces noms qu’il n’avait pas beaucoup d’autres choses à garder dans sa tête. Il