XX Le combat le plus terrible de ma vie. J’avançai alors à la nage et abordai sans bruit au rivage sablonneux. Les membres tremblants et les habits mouillés, je me trouvais dans une situation perplexe. J’avais pris à dessein le côté du lac opposé à celui par lequel j’y avais pénétré, de peur que l’ours ne reparut tout à coup, après avoir déposé l’antilope dans sa tanière. Ces animaux ont l’habitude, quand la faim ne les presse pas, d’enterrer leur nourriture ou leurs provisions dans leurs gîtes. D’ailleurs, dévorer l’antilope eût été pour l’ours l’affaire de quelques minutes, et le bourreau, alléché de sang, pouvait revenir plus vorace que jamais. Dans ma cruelle irrésolution, je me demandais si je devais fuir au loin dans la plaine, pour échapper ainsi à toute poursuite ; mais il me