X Une vieille inimitié. J’avançai lentement, et au bout de quelques pas, j’arrêtai mon cheval. Au lieu du visage de la fille de don Ramon, j’aperçus tout à coup une face hideuse à mes yeux, celle d’Ijurra. J’avoue que cette laideur était plutôt morale que physique, et qu’en d’autres circonstances j’aurais peut-être jugé Raphaël Ijurra avec plus d’impartialité. Nos yeux se rencontrèrent, et du premier instant nous conçûmes l’un contre l’autre une antipathie que je n’essaierai pas d’expliquer. Je vis en Ijurra un homme d’un mauvais cœur et d’une nature violente. Ses grands et beaux yeux avaient une expression amicale ; ils peignaient l’intelligence, mais une intelligence féroce : sa beauté était celle du jaguar. Il avait l’air d’un homme satisfait, habitué à vaincre, à renverser les obs