CHAPITRE III Le frère et la sœur Il en était ainsi tous les jours du dîner de madame la duchesse douairière de Maillepré. Nul n’avait le droit de parler en sa présence, à moins que le bon plaisir de la vieille dame ne fût d’interroger. Ceci n’arrivait point souvent, car elle se complaisait en cette atmosphère de silencieux respect, et sa langue raidie semblait avoir paresse à prononcer la moindre parole. Quelquefois, néanmoins, lorsque Biot lui apportait à laver dans son aiguière antique, et que Berthe, quitte de son service, mangeait à son tour quelques bouchées avec lenteur et sans plaisir, la douairière daignait adresser à M. le marquis de Maillepré ou à mademoiselle de Naye quelques questions laconiques. Ce soir, elle avait pris son repas avec appétit. – Elle plongea ses mains séc