XXIIEyoub est un pays bien funèbre par ces nuits de novembre ; j’avais le cœur serré et rempli de sentiments étranges, les premières nuits que je passai dans cet isolement. Ma porte fermée, quand l’obscurité eut envahi pour la première fois ma maison, une tristesse profonde s’étendit sur moi comme un suaire. J’imaginai de sortir, j’allumai ma lanterne. (On conduit en prison, à Stamboul, les promeneurs sans fanal.) Mais, passé sept heures du soir, tout est fermé et silencieux dans Eyoub ; les Turcs se couchent avec le soleil et tirent les verrous sur leurs portes. De loin en loin, si une lampe dessine sur le pavé le grillage d’une fenêtre, ne regardez pas par cette ouverture ; cette lampe est une lampe funéraire qui n’éclaire que de grands catafalques surmontés de turbans. On vous égorg