XIVJe disais à Aziyadé : – Que fais-tu chez ton maître ? À quoi passez-vous vos longues journées dans le harem ? – Moi ? répondit-elle, je m’ennuie ; je pense à toi, Loti ; je regarde ton portrait ; je touche tes cheveux, ou je m’amuse avec divers petits objets à toi, que j’emporte d’ici pour me faire société là-bas. Posséder les cheveux et le portrait de quelqu’un était pour Aziyadé une chose tout à fait singulière, à laquelle elle n’eût jamais songé sans moi ; c’était une chose contraire à ses idées musulmanes, une innovation de giaour, à laquelle elle trouvait un charme mêlé d’une certaine frayeur. Il avait fallu qu’elle m’aimât bien pour me permettre de prendre de ses cheveux à elle ; la pensée qu’elle pouvait subitement mourir, avant qu’ils fussent repoussés, et paraître dans un a