Première partie-9

3009 Words
Je regardais la photographie de sa tante et la pensée que Saint-Loup possédant cette photographie, il pourrait peut-être me la donner, me fit le chérir davantage et souhaiter de lui rendre mille services qui me semblaient peu de choses en échange d’elle. Car cette photographie c’était comme une rencontre de plus ajoutée à celles que j’avais déjà faites de Mme de Guermantes ; bien mieux, une rencontre prolongée, comme si, par un brusque progrès dans nos relations, elle s’était arrêtée auprès de moi, en chapeau de jardin, et m’avait laissé pour la première fois regarder à loisir ce gras de joue, ce tournant de nuque, ce coin de sourcils (jusqu’ici voilés pour moi par la rapidité de son passage, l’étourdissement de mes impressions, l’inconsistance du souvenir) ; et leur contemplation, autant que celle de la gorge et des bras d’une femme que je n’aurais jamais vue qu’en robe montante, m’était une voluptueuse découverte, une faveur. Ces lignes qu’il me semblait presque défendu de regarder, je pourrais les étudier là comme dans un traité de la seule géométrie qui eût de la valeur pour moi. Plus tard, en regardant Robert, je m’aperçus que lui aussi était un peu comme une photographie de sa tante, et par un mystère presque aussi émouvant pour moi puisque, si sa figure à lui n’avait pas été directement produite par sa figure à elle, toutes deux avaient cependant une origine commune. Les traits de la duchesse de Guermantes qui étaient épinglés dans ma vision de Combray, le nez en bec de faucon, les yeux perçants, semblaient avoir servi aussi à découper – dans un autre exemplaire analogue et mince d’une peau trop fine – la figure de Robert presque superposable à celle de sa tante. Je regardais sur lui avec envie ces traits caractéristiques des Guermantes, de cette race restée si particulière au milieu du monde, où elle ne se perd pas et où elle reste isolée dans sa gloire divinement ornithologique, car elle semble issue, aux âges de la mythologie, de l’union d’une déesse et d’un oiseau. Robert, sans en connaître les causes, était touché de mon attendrissement. Celui-ci d’ailleurs s’augmentait du bien-être causé par la chaleur du feu et par le vin de Champagne qui faisait perler en même temps des gouttes de sueur à mon front et des larmes à mes yeux ; il arrosait des perdreaux ; je les mangeais avec l’émerveillement d’un profane, de quelque sorte qu’il soit, quand il trouve dans une certaine vie qu’il ne connaissait pas ce qu’il avait cru qu’elle excluait (par exemple d’un libre penseur faisant un dîner exquis dans un presbytère). Et le lendemain matin en m’éveillant, j’allai jeter par la fenêtre de Saint-Loup qui, située fort haut, donnait sur tout le pays, un regard de curiosité pour faire la connaissance de ma voisine, la campagne, que je n’avais pas pu apercevoir la veille, parce que j’étais arrivé trop tard, à l’heure où elle dormait déjà dans la nuit. Mais de si bonne heure qu’elle fût éveillée, je ne la vis pourtant en ouvrant la croisée, comme on la voit d’une fenêtre de château, du côté de l’étang, qu’emmitouflée encore dans sa douce et blanche robe matinale de brouillard qui ne me laissait presque rien distinguer. Mais je savais qu’avant que les soldats qui s’occupaient des chevaux dans la cour eussent fini leur pansage, elle l’aurait dévêtue. En attendant je ne pouvais voir qu’une maigre colline, dressant tout contre le quartier son dos déjà dépouillé d’ombre, grêle et rugueux. À travers les rideaux ajourés de givre, je ne quittais pas des yeux cette étrangère qui me regardait pour la première fois. Mais quand j’eus pris l’habitude de venir au quartier, la conscience que la colline était là, plus réelle par conséquent, même quand je ne la voyais pas, que l’hôtel de Balbec, que notre maison de Paris auxquels je pensais comme à des absents, comme à des morts, c’est-à-dire sans plus guère croire à leur existence, fit que, même sans que je m’en rendisse compte, sa forme réverbérée se profila toujours sur les moindres impressions que j’eus à Doncières et, pour commencer par ce matin-là, sur la bonne impression de chaleur que me donna le chocolat préparé par l’ordonnance de Saint-Loup dans cette chambre confortable qui avait l’air d’un centre optique pour regarder la colline (l’idée de faire autre chose que la regarder et de s’y promener étant rendue impossible par ce même brouillard qu’il y avait). Imbibant la forme de la colline, associé au goût du chocolat et à toute la trame de mes pensées d’alors, ce brouillard, sans que je pensasse le moins du monde à lui, vint mouiller toutes mes pensées de ce temps-là, comme tel or inaltérable et massif était resté allié à mes impressions de Balbec, ou comme la présence voisine des escaliers extérieurs de grès noirâtre donnait quelque grisaille à mes impressions de Combray. Il ne persista d’ailleurs pas tard dans la matinée, le soleil commença par user inutilement contre lui quelques flèches qui le passementèrent de brillants puis en eurent raison. La colline put offrir sa croupe grise aux rayons qui, une heure plus tard, quand je descendis dans la ville, donnaient aux rouges des feuilles d’arbres, aux rouges et aux bleus des affiches électorales posées sur les murs une exaltation qui me soulevait moi-même et me faisait battre, en chantant, les pavés sur lesquels je me retenais pour ne pas bondir de joie. Mais, dès le second jour, il me fallut aller coucher à l’hôtel. Et je savais d’avance que fatalement j’allais y trouver la tristesse. Elle était comme un arôme irrespirable que depuis ma naissance exhalait pour moi toute chambre nouvelle, c’est-à-dire toute chambre : dans celle que j’habitais d’ordinaire, je n’étais pas présent, ma pensée restait ailleurs et à sa place envoyait seulement l’habitude. Mais je ne pouvais charger cette servante moins sensible de s’occuper de mes affaires dans un pays nouveau, où je la précédais, où j’arrivais seul, où il me fallait faire entrer en contact avec les choses ce « Moi » que je ne retrouvais qu’à des années d’intervalles, mais toujours le même, n’ayant pas grandi depuis Combray, depuis ma première arrivée à Balbec, pleurant, sans pouvoir être consolé, sur le coin d’une malle défaite. Or, je m’étais trompé. Je n’eus pas le temps d’être triste, car je ne fus pas un instant seul. C’est qu’il restait du palais ancien un excédent de luxe, inutilisable dans un hôtel moderne, et qui, détaché de toute affectation pratique, avait pris dans son désœuvrement une sorte de vie : couloirs revenant sur leurs pas, dont on croisait à tous moments les allées et venues sans but, vestibules longs comme des corridors et ornés comme des salons, qui avaient plutôt l’air d’habiter là que de faire partie de l’habitation, qu’on n’avait pu faire entrer dans aucun appartement, mais qui rôdaient autour du mien et vinrent tout de suite m’offrir leur compagnie – sorte de voisins oisifs, mais non bruyants, de fantômes subalternes du passé à qui on avait concédé de demeurer sans bruit à la porte des chambres qu’on louait, et qui chaque fois que je les trouvais sur mon chemin se montraient pour moi d’une prévenance silencieuse. En somme, l’idée d’un logis, simple contenant de notre existence actuelle et nous préservant seulement du froid, de la vue des autres, était absolument inapplicable à cette demeure, ensemble de pièces, aussi réelles qu’une colonie de personnes, d’une vie il est vrai silencieuse, mais qu’on était obligé de rencontrer, d’éviter, d’accueillir, quand on rentrait. On tâchait de ne pas déranger et on ne pouvait regarder sans respect le grand salon qui avait pris, depuis le XVIIIe siècle, l’habitude de s’étendre entre ses appuis de vieil or, sous les nuages de son plafond peint. Et on était pris d’une curiosité plus familière pour les petites pièces qui, sans aucun souci de la symétrie, couraient autour de lui, innombrables, étonnées, fuyant en désordre jusqu’au jardin où elles descendaient si facilement par trois marches ébréchées. Si je voulais sortir ou rentrer sans prendre l’ascenseur ni être vu dans le grand escalier, un plus petit, privé, qui ne servait plus, me tendait ses marches si adroitement posées l’une tout près de l’autre, qu’il semblait exister dans leur gradation une proportion parfaite du genre de celles qui dans les couleurs, dans les parfums, dans les saveurs, viennent souvent émouvoir en nous une sensualité particulière. Mais celle qu’il y a à monter et à descendre, il m’avait fallu venir ici pour la connaître, comme jadis dans une station alpestre pour savoir que l’acte, habituellement non perçu, de respirer, peut être une constante volupté. Je reçus cette dispense d’effort que nous accordent seules les choses dont nous avons un long usage, quand je posai mes pieds pour la première fois sur ces marches, familières avant d’être connues, comme si elles possédaient, peut-être déposée, incorporée en elles par les maîtres d’autrefois qu’elles accueillaient chaque jour, la douceur anticipée d’habitudes que je n’avais pas contractées encore et qui même ne pourraient que s’affaiblir quand elles seraient devenues miennes. J’ouvris une chambre, la double porte se referma derrière moi, la draperie fit entrer un silence sur lequel je me sentis comme une sorte d’enivrante royauté ; une cheminée de marbre ornée de cuivres ciselés, dont on aurait eu tort de croire qu’elle ne savait que représenter l’art du Directoire, me faisait du feu, et un petit fauteuil bas sur pieds m’aida à me chauffer aussi confortablement que si j’eusse été assis sur le tapis. Les murs étreignaient la chambre, la séparant du reste du monde et, pour y laisser entrer, y enfermer ce qui la faisait complète, s’écartaient devant la bibliothèque, réservaient l’enfoncement du lit des deux côtés duquel des colonnes soutenaient légèrement le plafond surélevé de l’alcôve. Et la chambre était prolongée dans le sens de la profondeur par deux cabinets aussi larges qu’elle, dont le dernier suspendait à son mur, pour parfumer le recueillement qu’on y vient chercher, un voluptueux rosaire de grains d’iris ; les portes, si je les laissais ouvertes pendant que je me retirais dans ce dernier retrait, ne se contentaient pas de le tripler, sans qu’il cessât d’être harmonieux, et ne faisaient pas seulement goûter à mon regard le plaisir de l’étendue après celui de la concentration, mais encore ajoutaient, au plaisir de ma solitude, qui restait inviolable et cessait d’être enclose, le sentiment de la liberté. Ce réduit donnait sur une cour, belle solitaire que je fus heureux d’avoir pour voisine quand, le lendemain matin, je la découvris, captive entre ses hauts murs où ne prenait jour aucune fenêtre, et n’ayant que deux arbres jaunis qui suffisaient à donner une douceur mauve au ciel pur. Avant de me coucher, je voulus sortir de ma chambre pour explorer tout mon féerique domaine. Je marchai en suivant une longue galerie qui me fit successivement hommage de tout ce qu’elle avait à m’offrir si je n’avais pas sommeil, un fauteuil placé dans un coin, une épinette, sur une console un pot de faïence bleu rempli de cinéraires, et dans un cadre ancien le fantôme d’une dame d’autrefois aux cheveux poudrés mêlés de fleurs bleues et tenant à la main un bouquet d’œillets. Arrivé au bout, son mur plein où ne s’ouvrait aucune porte me dit naïvement : « Maintenant il faut revenir, mais tu vois, tu es chez toi », tandis que le tapis moelleux ajoutait pour ne pas demeurer en reste que, si je ne dormais pas cette nuit, je pourrais très bien venir nu-pieds, et que les fenêtres sans volets qui regardaient la campagne m’assuraient qu’elles passeraient une nuit blanche et qu’en venant à l’heure que je voudrais je n’avais à craindre de réveiller personne. Et derrière une tenture je surpris seulement un petit cabinet qui, arrêté par la muraille et ne pouvant se sauver, s’était caché là, tout penaud, et me regardait avec effroi de son œil-de-bœuf rendu bleu par le clair de lune. Je me couchai, mais la présence de l’édredon, des colonnettes, de la petite cheminée, en mettant mon attention à un cran où elle n’était pas à Paris, m’empêcha de me livrer au traintrain habituel de mes rêvasseries. Et comme c’est cet état particulier de l’attention qui enveloppe le sommeil et agit sur lui, le modifie, le met de plain-pied avec telle ou telle série de nos souvenirs, les images qui remplirent mes rêves, cette première nuit, furent empruntées à une mémoire entièrement distincte de celle que mettait d’habitude à contribution mon sommeil. Si j’avais été tenté en dormant de me laisser réentraîner vers ma mémoire coutumière, le lit auquel je n’étais pas habitué, la douce attention que j’étais obligé de prêter à mes positions quand je me retournais, suffisaient à rectifier ou à maintenir le fil nouveau de mes rêves. Il en est du sommeil comme de la perception du monde extérieur. Il suffit d’une modification dans nos habitudes pour le rendre poétique, il suffit qu’en nous déshabillant nous nous soyons endormi sans le vouloir sur notre lit, pour que les dimensions du sommeil soient changées et sa beauté sentie. On s’éveille, on voit quatre heures à sa montre, ce n’est que quatre heures du matin, mais nous croyons que toute la journée s’est écoulée, tant ce sommeil de quelques minutes et que nous n’avions pas cherché nous a paru descendu du ciel, en vertu de quelque droit divin, énorme et plein comme le globe d’or d’un empereur. Le matin, ennuyé de penser que mon grand-père était prêt et qu’on m’attendait pour partir du côté de Méséglise, je fus éveillé par la fanfare d’un régiment qui tous les jours passa sous mes fenêtres. Mais deux ou trois fois – et je le dis, car on ne peut bien décrire la vie des hommes si on ne la fait baigner dans le sommeil où elle plonge et qui, nuit après nuit, la contourne comme une presqu’île est cernée par la mer – le sommeil interposé fut en moi assez résistant pour soutenir le choc de la musique, et je n’entendis rien. Les autres jours il céda un instant ; mais encore veloutée d’avoir dormi, ma conscience, comme ces organes préalablement anesthésiés, par qui une cautérisation, restée d’abord insensible, n’est perçue que tout à fait à sa fin et comme une légère brûlure, n’était touchée qu’avec douceur par les pointes aiguës des fifres qui la caressaient d’un vague et frais gazouillis matinal ; et après cette étroite interruption où le silence s’était fait musique, il reprenait avec mon sommeil avant même que les dragons eussent fini de passer, me dérobant les dernières gerbes épanouies du bouquet jaillissant et sonore. Et la zone de ma conscience que ses tiges jaillissantes avaient effleurée était si étroite, si circonvenue de sommeil, que plus tard, quand Saint-Loup me demandait si j’avais entendu la musique, je n’étais pas plus certain que le son de la fanfare n’eût pas été aussi imaginaire que celui que j’entendais dans le jour s’élever après le moindre bruit au-dessus des pavés de la ville. Peut-être ne l’avais-je entendu qu’en un rêve, par la crainte d’être réveillé, ou au contraire de ne pas l’être et de ne pas voir le défilé. Car souvent quand je restais endormi au moment où j’avais pensé au contraire que le bruit m’aurait réveillé, pendant une heure encore je croyais l’être, tout en sommeillant, et je me jouais à moi-même en minces ombres sur l’écran de mon sommeil les divers spectacles auxquels il m’empêchait, mais auxquels j’avais l’illusion d’assister. Ce qu’on aurait fait le jour, il arrive en effet, le sommeil venant, qu’on ne l’accomplisse qu’en rêve, c’est-à-dire après l’inflexion de l’ensommeillement, en suivant une autre voie qu’on n’eût fait éveillé. La même histoire tourne et a une autre fin. Malgré tout, le monde dans lequel on vit pendant le sommeil est tellement différent, que ceux qui ont de la peine à s’endormir cherchent avant tout à sortir du nôtre. Après avoir désespérément, pendant des heures, les yeux clos, roulé des pensées pareilles à celles qu’ils auraient eues les yeux ouverts, ils reprennent courage s’ils s’aperçoivent que la minute précédente a été toute alourdie d’un raisonnement en contradiction formelle avec les lois de la logique et l’évidence du présent, cette courte « absence » signifiant que la porte est ouverte par laquelle ils pourront peut-être s’échapper tout à l’heure de la perception du réel, aller faire une halte plus ou moins loin de lui, ce qui leur donnera un plus ou moins « bon » sommeil. Mais un grand pas est déjà fait quand on tourne le dos au réel, quand on atteint les premiers antres où les « autosuggestions » préparent comme des sorcières l’infernal fricot des maladies imaginaires ou de la recrudescence des maladies nerveuses, et guettent l’heure où les crises remontées pendant le sommeil inconscient se déclencheront assez fortes pour le faire cesser. Non loin de là est le jardin réservé où croissent comme des fleurs inconnues les sommeils si différents les uns des autres, sommeil du datura, du c*****e indien, des multiples extraits de l’éther, sommeil de la belladone, de l’opium, de la valériane, fleurs qui restent closes jusqu’au jour où l’inconnu prédestiné viendra les toucher, les épanouir, et pour de longues heures dégager l’arôme de leurs rêves particuliers en un être émerveillé et surpris. Au fond du jardin est le couvent aux fenêtres ouvertes où l’on entend répéter les leçons apprises avant de s’endormir et qu’on ne saura qu’au réveil ; tandis que, présage de celui-ci, fait résonner son tic tac ce réveille-matin intérieur que notre préoccupation a réglé si bien que, quand notre ménagère viendra nous dire : il est sept heures, elle nous trouvera déjà prêt. Aux parois obscures de cette chambre qui s’ouvre sur les rêves, et où travaille sans cesse cet oubli des chagrins amoureux duquel est parfois interrompue et défaite par un cauchemar plein de réminiscences la tâche vite recommencée, pendent, même après qu’on est réveillé, les souvenirs des songes, mais si enténébrés que souvent nous ne les apercevons pour la première fois qu’en pleine après-midi quand le rayon d’une idée similaire vient fortuitement les frapper ; quelques-uns déjà, harmonieusement clairs pendant qu’on dormait, mais devenus si méconnaissables que, ne les ayant pas reconnus, nous ne pouvons que nous hâter de les rendre à la terre, ainsi que des morts trop vite décomposés ou que des objets si gravement atteints et près de la poussière que le restaurateur le plus habile ne pourrait leur rendre une forme, et rien en tirer. Près de la grille est la carrière où les sommeils profonds viennent chercher des substances qui imprègnent la tête d’enduits si durs que, pour éveiller le dormeur, sa propre volonté est obligée, même dans un matin d’or, de frapper à grands coups de hache, comme un jeune Siegfried. Au-delà encore sont les cauchemars dont les médecins prétendent stupidement qu’ils fatiguent plus que l’insomnie, alors qu’ils permettent au contraire au penseur de s’évader de l’attention ; les cauchemars avec leurs albums fantaisistes, où nos parents qui sont morts viennent de subir un grave accident qui n’exclut pas une guérison prochaine. En attendant nous les tenons dans une petite cage à rats, où ils sont plus petits que des souris blanches et, couverts de gros boutons rouges, plantés chacun d’une plume, nous tiennent des discours cicéroniens. À côté de cet album est le disque tournant du réveil grâce auquel nous subissons un instant l’ennui d’avoir à rentrer tout à l’heure dans une maison qui est détruite depuis cinquante ans, et dont l’image est effacée, au fur et à mesure que le sommeil s’éloigne, par plusieurs autres, avant que nous arrivions à celle qui ne se présente qu’une fois le disque arrêté et qui coïncide avec celle que nous verrons avec nos yeux ouverts.
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