VIII Nix et noxCe qui caractérise la tempête de neige, c’est qu’elle est noire. L’aspect habituel de la nature dans l’orage, terre ou mer obscure, ciel blême, est renversé ; le ciel est noir, l’océan est blanc. En bas écume, en haut ténèbres. Un horizon muré de fumée, un zénith plafonné de crêpe. La tempête ressemble à l’intérieur d’une cathédrale tendue de deuil. Mais aucun luminaire dans cette cathédrale. Pas de feux Saint-Elme aux pointes des vagues ; pas de flammèches, pas de phosphores ; rien qu’une immense ombre. Le cyclone polaire diffère du cyclone tropical en ceci que l’un allume toutes les lumières et que l’autre les éteint toutes. Le monde devient subitement une voûte de cave. De cette nuit tombe une poussière de taches pâles qui hésitent entre ce ciel et cette mer. Ces taches