Le fils légitime, le petit Pierre Rougon, grandit avec les bâtards de sa mère. Adélaïde garda auprès d’elle ces derniers, Antoine et Ursule, les louveteaux, comme on les nommait dans le quartier, sans d’ailleurs les traiter ni plus ni moins tendrement que son enfant du premier lit. Elle paraissait n’avoir pas une conscience bien nette de la situation faite dans la vie à ces deux pauvres créatures. Pour elle, ils étaient ses enfants au même titre que son premier-né ; elle sortait parfois tenant Pierre d’une main et Antoine de l’autre, ne s’apercevant pas de la façon déjà profondément différente dont on regardait les chers petits. Ce fut une singulière maison. Pendant près d’une vingtaine d’années, chacun y vécut à son caprice, les enfants comme la mère. Tout y poussa librement. En devenan