II
Je suis envoyé à l’école. Je la quitteD’après les influences domestiques que j’ai décrites, on n’aura pas de peine à croire que mon jeune esprit se préoccupait beaucoup des choses de la religion, d’autant plus que mon père et ma mère avaient à ce sujet des vues différentes.
Le vieux soldat puritain était convaincu que la Bible seule contenait tout ce qui est nécessaire pour le salut, et que s’il est avantageux que les hommes doués de sagesse ou d’éloquence développent les Écritures à leurs frères, il n’est pas du tout nécessaire, il est même plutôt nuisible qu’il existe un corps organisé de ministres ou d’évêques, prétendant à des prérogatives spéciales, ou s’arrogeant le rôle de médiateurs entre la créature et le créateur.
Il professait le plus amer mépris à l’égard des opulents dignitaires de l’Église, qui se rendaient en carrosse à leurs cathédrales pour y prêcher les doctrines de leur Maître, alors que celui-ci usait ses sandales à parcourir pédestrement les campagnes.
Il n’était pas plus indulgent envers ces membres pauvres du clergé qui fermaient les yeux sur les vices de leurs protecteurs, afin de s’assurer une place à la table de ceux-ci, et qui restaient tout une soirée à entendre des propos scandaleux plutôt que de dire adieu aux tartes, au fromage et au flacon de vin.
L’idée que de tels hommes représentassent la religion faisait horreur à son esprit, et il n’accordait pas même son adhésion à cette forme de gouvernement ecclésiastique chère aux Presbytériens, et dans laquelle une assemblée générale des ministres dirige les affaires de leur Église.
Selon son opinion, tous les hommes étaient égaux aux yeux du Tout-Puissant, et aucun d’eux n’avait le droit de réclamer une place plus élevée que son voisin dans les questions de religion.
Le Livre avait été écrit pour tous.
Tous étaient également capables de le lire, pourvu que leur esprit fût éclairé par le Saint-Esprit.
D’un autre côté, ma mère soutenait que l’essence même de toute Église était la possession d’une hiérarchie, avec une échelle graduée d’autorités en elle-même, le Roi au sommet, les archevêques au-dessous de lui, et ayant autorité sur les Évêques, et ainsi de suite en passant par les ministres pour aboutir aux simples ouailles.
Telle était d’après elle, l’Église dès sa première institution, et aucune religion dépourvue de ces caractères ne saurait prétendre qu’elle est la vraie. À ses yeux le rituel avait une importance égale à celle de la morale.
S’il était permis au premier commerçant, au premier fermier venu, d’inventer des prières, de modifier le service au gré de sa fantaisie, il serait impossible de conserver la doctrine chrétienne dans sa pureté.
Elle admettait que la Religion est fondée sur la Bible, mais la Bible est un livre qui renferme bien de l’obscurité, et à moins que cette obscurité ne soit dissipée par un serviteur de Dieu élu et consacré selon les règles, par un homme qui descend en droite ligne des disciples, toute la sagesse humaine est insuffisante pour l’interpréter droitement.
Ma mère occupait cette position.
Ni discussions ni prières n’étaient capables de l’en déloger.
La seule question de croyance sur laquelle mes deux parents étaient d’accord et avaient la même ardeur, c’était leur commune aversion et leur défiance à l’égard des cérémonies du culte de l’Église Romaine, et sur ce point la femme, disciple fidèle de l’Église ; n’était pas moins décidée que le fanatique Indépendant.
En ces temps de tolérance, il peut vous paraître étrange que les adhérents de cette vénérable croyance aient été en butte à tant de malveillance de la part de plusieurs générations successives d’Anglais.
Nous reconnaissons aujourd’hui qu’il n’y a pas de citoyens plus utiles ou plus loyaux que nos frères catholiques, et M. Alexandre Pope, ou tout autre Papiste d’importance n’est pas tenu en plus mince estime à raison de sa religion que ne le fut William Penn pour son quakérisme, sous le règne de Jacques.
Nous avons grand-peine à croire que des gentilshommes, comme Lord Stafford, des ecclésiastiques comme l’archevêque Plunkett, des membres des Communes comme Langhorne et Pickering aient été trainés à la mort sur le témoignage des gens les plus vils, sans qu’une voix se soit élevée en leur faveur, ou à comprendre comment on a pu regarder comme un acte de patriotisme, pour un Anglais, de porter sous son manteau un fouet garni de plomb, pour menacer ses paisibles voisins, qui n’étaient pas de son opinion en matière de doctrine.
Ce fut une longue folie qui heureusement a disparu de nos jours, ou qui du moins se manifeste plus rarement et sous une forme plus bénigne.
Si s*t que cela parût, cela s’expliquait par des raisons de quelque poids.
Vous avez sans doute lu qu’un siècle avant ma naissance le grand royaume d’Espagne se développa et prospéra.
Ses navires couvraient toutes les mers.
Ses troupes remportaient la victoire partout où elles se montraient.
Cette nation était à la tête de l’Europe dans les lettres, dans l’érudition, dans tous les arts de la guerre et de la paix.
Vous avez aussi entendu parler des dispositions hostiles qui existaient entre cette grande nation et nous-mêmes, et conter comment nos coureurs d’aventures harassaient ses possessions d’au-delà de l’Atlantique, et comment elle exerçait des représailles en faisant brûler par sa diabolique Inquisition tous ceux de nos marins qu’elle pouvait prendre, en menaçant nos côtes tant de Cadix que de ses provinces des Pays-Bas.
La querelle s’échauffa tellement que les autres nations se tinrent à l’écart, ainsi que j’ai vu les gens faire de la place pour les tireurs d’épée à Hockley-dans-le-Trou, si bien que le géant espagnol et la robuste petite Angleterre se trouvèrent face à face pour vider leur querelle.
Pendant tout ce temps, ce fut en champion du Pape et en vengeur des injures de l’Église Romaine que se posa le roi Philippe.
Il est vrai que Lord Howard et bien d’autres gentilshommes de l’ancienne religion se battirent bravement contre les Castillans, mais il était impossible au peuple d’oublier que la Réforme avait été le drapeau sous lequel il avait triomphé, et que le Pape avait donné sa bénédiction à nos ennemis.
Puis, ce fut la tentative cruelle et insensée que fit Marie pour imposer une croyance qui n’avait plus nos sympathies, et aussitôt après elle, une autre grande Puissance catholique du continent menaça nos libertés.
La force croissante de la France provoqua en Angleterre une hostilité proportionnelle au Papisme, hostilité qui atteignit son plus haut degré, lorsque vers l’époque de mon récit, Louis XIV nous menaça d’une invasion, et cela au moment même où la Révocation de l’Édit de Nantes mettait en lumière son esprit d’intolérance à l’égard de la doctrine qui nous était chère.
L’étroit Protestantisme de l’Angleterre était moins un sentiment religieux qu’une réponse patriotique à la bigoterie agressive de ses ennemis.
Nos compatriotes catholiques étaient impopulaires, non pas tant parce qu’ils croyaient à la Transsubstantiation qu’à raison de ce qu’ils étaient injustement soupçonnés de pactiser avec l’Empereur ou avec le Roi de France.
Maintenant que nos victoires ont fait disparaître toute crainte d’une attaque, nous avons heureusement renoncé à cette âpre haine religieuse sans laquelle les mensonges d’Oates et de Dangerfield auraient été vains.
Au temps de ma jeunesse, des causes particulières avaient enflammé cette hostilité et l’avaient rendue d’autant plus âcre qu’il s’y mêlait un grain d’effroi.
Aussi longtemps que les catholiques furent à l’état d’obscure faction, on put les négliger, mais vers la fin du règne de Charles II, lorsqu’il parut absolument certain qu’une dynastie catholique allait monter sur le trône, que le catholicisme serait la religion de la Cour et l’échelle pour monter aux dignités, on sentit que le jour approchait où il tirerait vengeance de ceux qui l’avaient foulé aux pieds dans le temps où il était sans défense.
L’Église d’Angleterre qui a besoin du Roi comme l’arc de sa clef ; la noblesse dont les domaines et les coffres s’étaient enrichis du pillage des abbayes ; la populace chez qui les notions au sujet du papisme étaient associées à celles d’instruments de t*****e, du martyrologe de Fox, ne fut pas moins troublées.
Et l’avenir n’avait rien de rassurant pour notre cause.
Charles était un protestant des plus tièdes, et même, au lit de mort, il prouva qu’il n’était pas protestant du tout.
Il n’y avait plus aucune probabilité pour qu’il eût une descendance légitime.
Le duc d’York, son frère cadet, était donc l’héritier du trône.
On le savait Papiste austère et borné.
Son épouse, Marie de Modène, était aussi bigote que lui.
S’ils avaient des enfants, il était hors de doute qu’ils seraient élevés dans la religion de leurs parents, et qu’une lignée de rois catholiques occuperait le trône d’Angleterre.
Et c’était une perspective intolérable tant pour l’Église, telle que la représentait ma mère, que pour les non-conformistes, personnifiés par mon père.
Je vous ai raconté toute cette histoire ancienne parce que vous vous apercevrez, à mesure que j’avance dans mon récit, que cet état de choses finit par causer dans toute la nation un bouillonnement, une fermentation telle que moi-même, un simple jeune campagnard, je fus entraîné par le tourbillon, et que pendant toute ma vie j’en ressentis l’influence.
Si je ne vous indiquais pas avec clarté la suite des évènements, vous auriez grand-peine à comprendre les influences qui produisirent un tel effet sur ma carrière entière.
En attendant je tiens à vous rappeler que quand le roi Jacques monta sur le trône, ce fut au milieu du silence boudeur d’un grand nombre de ses sujets, et que mon père et ma mère étaient au même degré de ceux qui souhaitaient avec ardeur une succession protestante.
Ainsi que je l’ai déjà dit, mon enfance fut triste.
De temps à autre, quand il y avait par hasard une foire à Portsdown Hell, ou quand passait un montreur de curiosités avec son théâtre portatif, ma bonne mère prélevait sur l’argent du ménage un ou deux pence qu’elle me glissait dans la main, et mettant le doigt sur ses lèvres pour m’avertir d’être discret, elle m’envoyait voir le spectacle.
Mais ces distractions étaient des plus rares.
Elles laissaient dans mon esprit des traces si profondes que quand j’eus atteint ma seizième année, j’aurais pu compter sur mes doigts tout ce que j’avais vu.
C’était William Harker, l’homme fort, qui soulevait la jument rouanne du fermier Alcott.
C’était Tobie Lawson, le nain, capable d’entrer tout entier dans une jarre à conserves.
Je me rappelle fort bien ces deux-là à cause de l’admiration qu’ils firent naître dans ma jeune âme.
Puis, c’était la pièce jouée par des marionnettes, l’Île Enchantée avec Mynheer Munster, des Pays-Bas, qui pirouettait sur la corde raide tout en jouant mélodieusement de la virginale.
En dernier lieu, mais au premier rang dans mon estime, venait la grande représentation à la foire de Portsdown, intitulé : La véridique et antique histoire de Mandlin, fille du Marchand de Bristol, et de son amant Antonio, comment ils furent jeté sur les côtes de Barbarie, où l’on voit les Sirènes flottant sur la mer, chantant dans les rochers, et leur prédisant les dangers.
Cette petite pièce me causa un plaisir infiniment plus vif que je n’en éprouvai bien des années après, en assistant aux pièces les plus célèbres de Mr Congrève et de Mr Dryden, bien qu’elles fussent jouées par Kynaston, Betterton et toute la Compagnie du Roi.
Je me souviens qu’une fois, à Chichester, je payai un penny pour voir le soulier gauche de Madame Putiphar, mais il ressemblait à n’importe quel vieux soulier, et était d’une pointure telle qu’il eût chaussé la femme du montreur.
Plus d’une fois j’ai regretté que mon penny ne fut tombé entre les mains des coquins.
Il y avait toutefois d’autres spectacles dont la vue ne me coûtait rien, et qui cependant étaient plus réels, et plus intéressants sous tous les rapports que ceux qu’il fallait payer.
De temps à autre, un jour de congé, j’avais la permission de descendre à Portsdown.
Une fois même, mon père m’y mena à califourchon devant lui sur son cheval.
J’y errai avec lui par les rues, le regard émerveillé, admirant les choses singulières qui m’entouraient.
Les murailles et les fossés, les portes et les sentinelles, la longue Grande Rue avec les grands édifices du gouvernement, le bruit incessant des tambours, le son aigu des trompettes, tout cela faisait battre plus vite mon petit cœur sous ma jaquette de sayette.
Il y avait à Portsdown la maison où, trente ans auparavant, l’orgueilleux duc de Buckingham avait été frappé par le poignard de l’assassin.
Il y avait aussi l’habitation du gouverneur, et je me rappelle que pendant que je regardais, il y arrivait à cheval, la figure rouge et colérique, avec un nez tel qu’il sied à un gouverneur, sa poitrine toute chamarrée d’or.
Ne voilà-t-il pas un bel homme ? dis-je, en levant les yeux vers mon père.
Il rit et enfonça son chapeau sur ses yeux.
– C’est la première fois, dit-il, que j’ai vu en-face Sir Ralph Lingard, mais j’ai vu son dos à la bataille de Preston. Ah ! mon garçon, avec son air fier, s’il voyait seulement le vieux Noll entrer par la porte, il ne croirait pas au-dessous de lui de sortir par la fenêtre.
Le résonnement de l’acier, la vue d’un justaucorps de buffle ne manquaient jamais d’éveiller dans le cœur de mon père l’amertume des Têtes-Rondes.
Mais il y avait d’autres choses à voir à Portsmouth que les habits rouges et leur gouverneur.
C’était le second port du royaume, après Chatham, et il y avait toujours un nouveau navire de guerre tout prêt sur les étais.
Il s’y trouvait alors une escadre de la marine royale.
Parfois la flotte entière était réunie à Spithead.
Alors les rues étaient pleines de matelots, dont les figures étaient aussi brunes que l’acajou, avec des queues de cheveux aussi raides, aussi dures que leurs coutelas.
Les voir déambuler d’un pas balançant, écouter leur langage étrange et piquant, leurs récits sur les guerres de Hollande, était pour moi un régal des plus fins, et plus d’une fois, quand j’étais seul, je me suis attaché à un de leurs groupes, et j’ai passé la journée à aller de taverne en taverne.
Toutefois il arriva une fois que l’un d’eux me pressa de partager son verre de vin des Canaries, et ensuite par simple malice, me persuada d’en avaler un second.
Il en résulta que je revins à la maison, hors d’état de parler, dans la charrette du voiturier, et que depuis lors il ne me fut plus permis d’aller seul à Portsdown.
Mon père fut moins scandalisé de cet incident que je ne m’y étais attendu, et il rappela à ma mère que Noé s’était laissé surprendre d’une façon analogue.
Il conta aussi qu’un certain chapelain d’armée, nommé Quant, du régiment de Dosborough, ayant vidé plusieurs bouteilles de bière de Mumm, après une journée chaude et sèche, s’était mis à chanter certaines chansons peu édifiantes, et à danser d’une façon qui ne convenait point à sa profession sacrée.
Il expliqua dans la suite que des égarements de ce genre ne devaient point être regardés comme des fautes individuelles, mais plutôt comme des obsessions proprement dites de l’Esprit mauvais, qui s’ingéniait ainsi à donner du scandale aux fidèles, et choisissait pour cela les hommes les plus saints.
Cette manière ingénieuse d’excuser de chapelain d’armée mit mon dos en sûreté, car mon père, qui approuvait l’axiome de Salomon, exerçait une grosse verge de bouleau et un bras vigoureux sur tout ce qui lui paraissait s’écarter de la bonne voie.
Depuis l’époque où j’appris mes lettres dans le syllabaire sur les genoux de ma mère, je fus toujours avide d’accroître mes connaissances.
Jamais il ne passait à ma portée quelque chose d’imprimé sans que j’en fisse mon profit, avec empressement.
Mon père poussait la haine sectaire de l’instruction à un point tel qu’il ne supportait pas chez lui la présence de livres non religieux.
Dès lors, je ne pouvais m’approvisionner qu’auprès d’un ou deux de mes amis du village, qui me prêtaient un volume après l’autre de leurs petites bibliothèques.
Je les emportais sous ma chemise et ne les en tirais que quand j’avais réussi à m’esquiver dans la campagne, pour m’y cacher dans les hautes herbes, ou la nuit quand brûlait encore la mèche de roseau, et que le ronflement de mon père m’avertissait que je ne courais pas le risque d’être surpris par lui.
Ce fut ainsi que j’approfondis « Don Bellianis de Grèce » et « Les Sept Champions » puis les « Jeux d’esprit » de Tarleton, et autres livres de cette espèce, jusqu’à ce que je fusse en état de goûter la poésie de Waller et de Herrick, ou les pièces de Massinger et de Shakespeare.
Quelles étaient douces, les heures, où il m’était permis de laisser là toutes les questions de libre-arbitre et de prédestination, de rester étendu, les talons en l’air parmi le trèfle odorant, à écouter le vieux Chancer qui me narrait la charmante histoire de la résignée Grisel, à pleurer sur la chaste Desdémone, à gémir sur la fin prématurée de son vaillant époux.
Certaines fois, je me levais, l’esprit plein de cette noble poésie.
Je promenais mes regards sur la pente fleurie de la campagne, que bornaient le miroitement de la mer et le contour pourpre de l’île de Wight.
Alors se révélait en moi l’idée que l’Être Créateur de toutes ces choses, l’Être qui avait donné à l’homme la faculté d’exprimer ces belles pensées, n’était point la propriété de telle ou telle secte, qu’il était le père de tous les petits enfants qu’il avait envoyés prendre leurs ébats sur ce beau terrain de jeux.
J’éprouvais de la peine, et j’en éprouve encore en songeant qu’un homme aussi sincère, d’un caractère aussi élevé que votre arrière-grand-père, fût enchainé ainsi par des dogmes de fer.
Pouvait-il croire ainsi que le Créateur était chiche de sa miséricorde au point de la refuser aux quatre-vingt-dix-neuf centièmes de ses enfants ?
Après tout, on est ce que vous a fait l’éducation, et si mon père avait une cervelle étroite sur ses larges épaules, il faut du moins lui rendre cette justice de reconnaître qu’il était prêt à tout faire, à tout souffrir pour ce qu’il croyait être la vérité.
Mes chers enfants, si vous avez plus de lumières, faites en sorte qu’elles vous amènent à vivre conformément à ces lumières.
Lorsque j’atteignis quatorze ans, et que je fus devenu un garçon aux cheveux d’un blond filasse, à la figure brunie, je fus expédié dans une petite école privée, à Petersfield.
J’y passai un an, pendant lequel je retournais à la maison le dernier samedi de chaque mois.
Je n’emportais qu’un maigre assortiment de livres scolaires, outre la Grammaire Latine de Lilly et le Tableau de toutes les Religions de l’Univers depuis la Création jusqu’à nos jours de Rosse.
Ce fut ma mère qui me glissa cet ouvrage pomme présent d’adieu.
Avec ce mince bagage littéraire, j’aurais peut-être été fort en peine, mais heureusement mon maître, M. Thomas Chillingworth possédait une bonne bibliothèque, et se faisait un plaisir de prêter ses livres à ceux de ses élèves qui manifestaient le désir de s’instruire par eux-mêmes.
Grâce à ce bon vieillard, j’acquis non seulement quelques notions de latin et de grec, mais je trouvai le moyen de lire un grand nombre d’écrivains classiques dans de bonnes traductions anglaises, et de connaître l’histoire de mon pays et des autres.
Je me développais rapidement l’esprit et le corps, quand ma carrière fut brusquement interrompue par un évènement qui ne fut ni plus ni moins que mon expulsion sommaire et ignominieuse.