Chapitre 2

3050 Words
Dans l’instant, ils accusaient les personnages présents de s’être rendus coupables, comme on dit au Palais, d’une sinistre plaisanterie, consistant à faire souper le deuxième magistrat de l’empire devant l’échafaud, en aimable compagnie. Celle-ci se composait de trois hommes et de deux femmes. Les trois hommes étaient M. Philibert Wat, banquier et député, et certainement le député le plus influent du régime. Il avait épousé la fille aînée du président du conseil et s’était fait au Corps législatif et dans les ministères une clientèle redoutable. À côté de Philibert Wat se tenaient le portraitiste Raoul Gosselin, une belle figure d’artiste chic, à la mode, monocle dans l’œil, et cependant simple et sympathique, et le directeur gérant de l’Assistance publique, Eustache Grimm, gros homme pacifique et quiet, personnage considérable qui avait la haute main sur tout ce qui touchait en France, publiquement, à la charité et la pitié. Des deux femmes, l’une était grande, belle, blond cendré, de regard enjoué, mais d’allure et de geste tragiques, la comédienne, à cette heure, la plus aimée de la capitale, celle qui venait de triompher dans les Martyrs,à la Porte-Saint-Martin : Marcelle Férand. Tout Paris la savait la grande et fidèle amie de Raoul Gosselin. L’autre femme, créature assez étrange, s’était échappée d’un harem de Tunis et s’appelait « La Mouna ». Le procureur, Jacques Sinnamari, les écoutait protester contre ses dernières paroles. Tous affirmaient que s’il y avait eu une plaisanterie en tout ceci, ils en étaient, comme lui, les victimes, les victimes du reste nullement à plaindre, car l’hospitalité qui leur était si mystérieusement offerte ne manquait ni de charme, ni de piquant, ni de confortable. Les pyramides de fruits magnifiques qui garnissaient les consoles, le champagne qui rafraîchissait dans des seaux à glacer, le luxe du linge et de l’argenterie marqués aux initiales R. C., tout ce que l’on voyait permettait d’augurer que le mystérieux amphitryon « savait bien faire les choses ». Mais qui était donc celui qui les avait réunis là, dans des conditions telles que, après en avoir été d’abord fort intrigués, après s’en être ensuite amusés, ils commençaient maintenant à en être intimidés ? – Enfin, mesdames et messieurs, de qui sommes-nous les invités ? s’écria Raoul Gosselin en allumant une cigarette à la flamme d’une bougie… Par quel sortilège sommes-nous réunis ? Le procureur s’arrêta devant la Mouna qu’il n’avait jamais vue, et que, du reste, personne ne connaissait. Il s’inclina. Elle était assez jolie ; la peau ambrée, de grands yeux noirs, une petite bouche, mais le cou un peu épais ; quelques beaux bijoux. Toilette de voile noir garni de perles, de jais, de paillettes, très tintinnabulante au moindre mouvement. Elle fumait une cigarette d’Orient. – Madame pourrait peut-être nous renseigner ? – Sur quoi, monsieur ? – Mais sur tout… nous ne savons rien… – Je n’en sais pas plus long que vous, monsieur… – Serait-il indiscret, madame, de vous demander à qui nous avons l’honneur de parler, car mes amis, pas plus que moi… – Monsieur, c’est moi qui suis la Mouna ! fit-elle d’un air brusque et entendu, comme si elle n’avait plus rien à ajouter et comme si ces dernières paroles devaient renseigner le genre humain sur sa personnalité. Tous se mirent à rire pendant que la Mouna les regardait avec étonnement. Et elle raconta comment elle était venue à ce singulier rendez-vous. – Voilà, disait-elle, c’est bien simple. Je sortais de souper d’un cabaret du boulevard Montmartre dans la nuit d’hier ; j’étais seule, ayant vainement attendu un ami qui m’avait pourtant donné rendez-vous dans cet endroit. Je cherchais ma voiture, que je ne retrouvais plus à la porte du cabaret. Tout à coup, un homme, sortant de je ne sais où, s’est avancé, et, mettant le chapeau à la main, m’a poliment prié de lui permettre de m’offrir son bras. Puis en guise de présentation, l’homme dit un mot… Oh ! pas long… Était-ce un mot ? C’étaient plutôt deux lettres, R. C… – Ah ! il a dit : R. C. ? demanda Marcelle Férand. – Oui… – Très intéressant ! fit la tragédienne. Alors ?… – Il m’a accompagnée jusqu’à la porte de mon hôtel, rue Taibout… il n’a pas voulu entrer… il m’a seulement donné rendez-vous ici pour cette nuit… J’ai accepté son rendez-vous où je ne croyais pas que nous serions si nombreux. Je lui ai dit que je m’appelais la Mouna et il me dit qu’il s’appelait, lui, vous ne savez pas comment ?… Mystère ! Elle n’avait pas plutôt prononcé ce mot : Mystère que des exclamations partaient des quatre coins du salon : – Le roi Mystère ! le roi Mystère !… – Qu’est-ce que je t’avais dit, Raoul ? s’écriait Marcelle Férand. Tu vois bien qu’il existe ! Tu vois bien que c’était lui ! Parbleu ! Il n’y a que lui pour avoir des cartes de visite pareilles ! – Il devrait signer ses cartes R. M., répliqua Gosselin en riant. Pourquoi portent-elles R. C. ? Et il exhiba, en effet, une carte de visite où étaient inscrites ces deux initiales au-dessus d’une tête de mort sur tibias. – Ne dit-on pas qu’il habite dans les catacombes ? reprit l’actrice. Alors tout s’expliquerait R. : roi ; C. : catacombes ; le roi Mystère serait le roi des Catacombes ! Tout le monde rit et le peintre se rappela, avec une joie candide, qu’il avait fallu tout de même, huit mois auparavant, une déclaration retentissante du préfet de police pour calmer les imaginations surexcitées du boulevard. C’est que, dans ce moment-là, les faits les plus monstrueux, les crimes les plus audacieux, les événements restés inexplicables de la vie publique quotidienne avaient été mis avec entrain sur le compte de cet espèce de loup-garou pour grandes personnes qu’avait été, pendant quelques semaines, le roi Mystère ! Mais qui donc avait imaginé, qui avait créé cette royauté ?… Qui ? On ! On, c’est-à-dire tout le monde, c’est-à-dire personne ! – Alors, nous allons le voir ce soir ! s’exclama Marcelle Férand !… Quel bonheur !… – Ah çà ! Qui peut nous monter ce bateau-là ? s’écria Raoul Gosselin en assurant son monocle d’un geste nerveux. Ce n’est pas drôle du tout !… – Mais ce n’est pas un « bateau » ! protesta Marcelle. – Je ne croirai à l’existence de ton roi Mystère que lorsque j’aurai fait son portrait ! déclara le peintre. La porte venait de s’ouvrir. Un laquais annonçait : – Monsieur le notaire du roi !… Monsieur le greffier du roi ! Deux hommes firent leur entrée, la tête basse et une serviette de maroquin sous le bras, presque des vieillards tous deux, mais l’un épais et l’autre chétif. Un notaire parisien ne saurait en aucune circonstance être confondu avec un greffier… Quand ils eurent enlevé leur chapeau, leur pardessus et l’écharpe qui leur cachait à moitié le visage, les deux nouveaux personnages furent accueillis par des cris de nature diverse. Le notaire et le greffier montraient un visage si consterné que, quelle que fût la diversité de l’impression, chacun finit par se demander si l’affaire ne devenait pas sérieuse. Me Espérance Mortimard, l’un des premiers et des plus riches notaires de la capitale, dont l’étude, sise quai Voltaire, voyait défiler une exceptionnelle clientèle. Depuis qu’il avait dépassé l’âge de quatorze ans, âge auquel, entre une version latine et un discours français, son père, Me Isidore-Hildebert Mortimard, avait commencé de l’initier aux mystères du papier timbré, nul n’avait vu sourire Espérance. Et, en vérité, quand il apparut en notaire du roi Mystère, cette nuit-là, dans le salon de la maison de la rue de la Roquette, il n’avait jamais moins souri. L’ennui, l’humiliation, et aussi un peu d’effroi, se partageaient l’expression de son visage jaune parcheminé. À côté de lui, M. Jean-Joseph-Sosthène Bison, greffier de la cour d’assises de la Seine, qui, lui, avait l’habitude de rire, hors de ses fonctions, semblait dans le moment avoir envie de pleurer. Me Mortimard et M. Bison furent moins étonnés de rencontrer en cet endroit M. le procureur impérial que M. le procureur impérial ne fut stupéfait de se trouver face à face avec eux, devenus notaire et greffier du roi !… – Ah, çà ! s’écria Sinnamari. Qu’est-ce que tout cela veut dire, mon cher Mortimard ? Et vous, que faites-vous ici, monsieur Bison ? Le notaire répondit : – Mais, monsieur le procureur impérial, j’ai été appelé ici par un de mes clients. – Le roi Mystère est votre client ? – Mais oui, monsieur le procureur impérial. – Je savais que vous aviez des monarques parmi vos clients, reprit Sinnamari qui n’en pouvait croire ses oreilles. – Oui, fit Me Mortimard, je m’en flatte : la reine d’Angleterre, le roi de Grèce, le roi d’Illyrie… – Mais je doute qu’ils soient enchantés d’apprendre que leurs dossiers voisinent avec le dossier du roi Mystère ! répliqua le procureur impérial. – Je me dois à tous ceux qui viennent requérir l’office de mon ministère, fit le notaire avec onction. – Et il y a longtemps qu’il est votre client ? – Le roi Mystère ? Eh bien, mais… depuis un an !… – Depuis un an ! s’écria Sinnamari. Et vous n’avez pas averti la police, et vous ne m’avez pas averti, moi, votre ami ? Me Mortimard poussa un soupir que l’on pouvait diversement interpréter, soit qu’on le crût l’expression de l’ennui que lui causait cette sorte d’interrogatoire, soit qu’on imaginât qu’il traduisait le regret que ressentait l’honnête tabellion de n’avoir pu, en effet, avertir la police. – Vous savez bien, dit Me Mortimard, que nous sommes liés par le secret professionnel… Et le notaire gémit encore. – Le secret professionnel ! répartit Sinnamari. Vous me la baillez belle avec votre secret professionnel !… Il n’y a pas de secret professionnel pour les gredins ! Me Mortimard leva à nouveau vers le plafond ses mains qu’il avait grassouillettes, et encore on ne pouvait savoir si ce geste protestait contre l’injure que l’on faisait à l’un de ses clients ou s’il attestait prudemment que lui, Mortimard, était tout prêt à partager l’opinion du procureur impérial. – Ainsi, il existe ! continuait maintenant le procureur comme s’il ne s’entretenait qu’avec lui-même. Il existe !… Dixmer avait donc raison !… C’est inouï !… À notre époque !… Et, se retournant vers Me Mortimard : – Et vous l’avez vu ? – Comme je vous vois ! soupira le notaire. Le procureur s’exclama encore : – Eh bien !… M. le préfet de police sera, pour ma foi, bien étonné, mais il ne le sera pas plus que moi !… Ce disant, Sinnamari se rappelait que quelques mois auparavant, M. le préfet de police, dans sa remarquable déclaration faite à un rédacteur de l’Écho du Boulevard, avait appuyé fort habilement sur ce point faible de l’existence du roi Mystère. Non seulement personne ne pouvait se vanter de lui avoir parlé, mais encore on ne pouvait dire qui en avait parlé pour la première fois et nul ne pouvait se vanter de l’avoir vu jamais ! Il avait sans doute suffi que l’esprit inventif et loustic d’un chroniqueur en mal de copie eût bâti de toutes pièces la silhouette imaginaire de ce prince de conte de fée pour que l’amour du fantastique qui veille toujours au cœur de la première cité du monde s’en fût emparée avec enthousiasme. Dans les cerveaux troublés, et il faut bien le dire, amusés, ce prince des ténèbres, dont on plaçait le royaume au fond des catacombes, était devenu maître du bien et du mal. Oui, le sang répandu et le bienfait anonyme, autant de gestes du roi Mystère ! Une souscription populaire en faveur des victimes du terrible hiver de 186…, où le roi Mystère s’était inscrit pour 100000 francs, avait, comme on peut le penser, donné quelque lustre à la réputation du personnage. C’est même à ce propos que le préfet de police avait jugé bon d’intervenir pour faire cesser une plaisanterie qui menaçait de rendre les services de la préfecture tout à fait ridicules. Il avait, fort sensément, expliqué la souscription par la fantaisie d’un roi de la finance qui tenait à garder l’anonymat. Il avait prié les reporters d’inventer autre chose et de laisser désormais le roi dormir en paix dans ses catacombes… Sinnamari, maintenant, paraissait furieux. On l’entendait gronder : – … Et il a son notaire !… Et il a son greffier !… Mais tout cela ne nous dit pas son nom !… Comment s’appelle-t-il ?… Qui est-il ? Et Sinnamari, retourné vers Mortimard, attendait le nom. Le procureur impérial avait alors cet air hautain, ce ton de commandement, cette voix de menace qui faisaient trembler les accusés et les témoins dans les prétoires. Me Mortimard trembla, lui aussi, mais il ne répondit rien. – Enfin, vous devez le savoir ! reprit le terrible procureur. – Il le faut bien… murmura le notaire, pour les contrats… – Comment ! Il vient chez vous passer des contrats… Mortimard hocha la tête en signe affirmatif. M. le procureur impérial émit cette opinion qu’il rêvait, mais le notaire ayant alors secoué la tête en signe négatif, Sinnamari dut en conclure qu’il ne rêvait pas. – Des contrats ! Quels contrats ? demanda le magistrat dont les yeux s’ouvraient énormes. Quel genre de contrats faites-vous pour cette sorte d’individu, Mortimard ? Ils ne doivent par être valables… Vous le savez bien !… Que signifie cette comédie ? – Ah ! Comment voulez-vous que je consente jamais à faire des contrats qui ne soient pas valables ?… Voyons, monsieur le procureur impérial, vous me connaissez assez… Ces contrats sont valables, du moment qu’ils sont moraux… – Ah !… ils sont moraux !… – Entièrement moraux !… C’est même leur principale qualité !… Sur quoi Me Mortimard ayant poussé un nouveau soupir, M. le procureur impérial estima qu’il ne tirerait rien de plus de l’honorable tabellion, et il se retourna vers le greffier. Ce fut le tour de M. Joseph Bison, dont les doigts fiévreux tambourinaient le maroquin de sa serviette. – Et vous ! M. Bison ! Je vous croyais greffier à la cour d’assises de la Seine ?… – Vous avez raison, monsieur le procureur impérial, répondit M. Bison, levant et abaissant la tête avec rapidité, dans un geste qui disait assez que, lui, Bison, ne se permettrait jamais de contredire M. le procureur impérial… – Vous ne l’êtes donc plus ?… – Oh, monsieur le procureur impérial… dans mes moments perdus, je fais des petits extras… Et Joseph Bison, après avoir relevé soigneusement les deux pans de sa redingote, s’assit, épuisé… Sinnamari, devant les déclarations des deux hommes de loi, montrait une figure où étaient peints à la fois une si remarquable consternation et un si parfait ahurissement, que les jeunes femmes repartirent à rire. – Eh bien ! S’il existe, tant mieux ! s’écria Philibert Wat, le gendre du président du conseil qui, jusqu’alors, ne s’était mêlé que fort peu à la conversation. Vous m’en voyez enchanté, et qu’il arrive vite !… – Vous êtes pressé de le voir ? demanda Sinnamari. – Je vous crois ! répondit Wat. Il doit me remettre vingt-cinq mille francs que j’ai gagnés cette nuit, au Grand Cercle, au comte de Teramo-Girgenti. À ce nom, Sinnamari sembla oublier ses préoccupations et allant à Wat : – Vous connaissez le comte de Teramo-Girgenti ? Il est à Paris ? – Depuis huit jours… – C’est que j’ai reçu une lettre du prince de Tolède, président des Cortès, qui me le recommande d’une façon toute particulière. – Vous le verrez, fit Wat. Il ne s’est encore fait présenter chez personne… Il se met dans ses meubles… et quels meubles !… Vous verrez, on pendra la crémaillère… En attendant, je le pilote… – Et il connaît le roi Mystère ? Qu’est-ce que vous me racontez là ? – Mais, mon cher, la pure vérité. Il paraît même qu’ils sont en compte, puisque le roi Mystère règle les dettes du comte de Teramo-Girgenti. – Ça, c’est trop fort ! s’écria le procureur. – Il n’y a rien de trop fort pour le comte, répliqua Wat. Vous n’avez jamais rencontré un pareil original… Il dit qu’il ne reconnaît plus Paris et que la ville est bien changée depuis la dernière fois qu’il l’a vue… – Il y a donc bien longtemps ? – Un peu… Depuis le jour de l’assassinat de Henri IV. – Vous plaisantez ! – C’est lui qui plaisante, j’espère… – C’est peut-être un sorcier ? demanda, les yeux brillants d’espoir, Marcelle Férand. Et se tapant dans les mains, dans une joie enfantine : – Quelle chance ! Un roi et un sorcier ! – Voilà Marcelle repartie, fit Raoul Gosselin. Oui madame, un sorcier… Joseph Balsamo… Cagliostro… tout ce que vous voudrez, revenu à Paris, sans doute pour nous amuser… – Ce n’est pas Balsamo du tout ! expliqua, sceptique, Philibert Wat. Si le comte de Teramo-Girgenti savait qu’on le compare à Balsamo, il quitterait Paris tout de suite. C’est un homme susceptible… – Vraiment !… – Vraiment !… Songez donc que Balsamo ne pouvait pas mourir. Il avait un nombre d’années incalculable… Mon ami Teramo-Girgenti, lui, n’a que soixante-dix ans… – Alors, il n’a pas connu Henri IV ? fit la tragédienne désappointée. – Il prétend qu’il n’a connu que lui, au contraire ! répondit Wat, si sérieusement qu’il y eut des rires. Ils ont été intimes, seulement, il est mort depuis !… – Ah ! – Oui, il est même mort plusieurs fois depuis. Il prétend qu’il a trouvé le secret de ressusciter… Vous voyez bien… c’est le contraire de ce qui arrivait à Cagliostro qui, lui, ne pouvait pas mourir… Mon sorcier à moi meurt tout le temps… À ce moment, une porte s’ouvrit avec fracas et deux laquais poussèrent devant eux un homme qui avait les yeux masqués par un bandeau et la bouche obstruée par un bâillon. Il essayait en vain de se débattre entre les mains qui, respectueusement mais solidement, le maintenaient. Le valet de pied qui avait déjà offert ses services au procureur entra par une autre porte et fit un signe. Les laquais délivrèrent l’homme, qui poussa un cri.
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