Doute

1583 Words
J'avais beau être heureuse à ses côtés je ne pouvais pas être égoïste. Je me mis à ignorer ses messages et à éviter de le voir essayant de repousser aussi loin que possible notre discution. Mais avec le recul j'entendais enfin toutes les critiques à mon sujet. J'ignorais comment mais notre amphi est très vite devenu au courant de mes histoires et tout le monde me jugeait comme la fille qui jouait avec les émotions d'Henry. Je m'en fichais de ce que les autres pouvaient penser de moi mais j'avais peur qu'ils aient raison. Je voulais remettre la réalité à plus tard mais je ne pouvais pas me le permettre. Comme si Henry avait senti ma détermination, il apparut devant moi en sortant du bâtiment. Il me sourit doucement avant de me demander comment j'allais. Je ne savais pas quoi répondre alors je lui demandais si on pouvait discuter plus loin. "Bien sûr." Il n'avait pas du tout l'air surpris de ma demande et me suivit sans un mot près du parking. Une fois assez loins je me tournais vers lui et me forçais à le regarder dans les yeux. "Je suis désolée mais on devrait arrêter. -Arrêter quoi?" Je savais qu'il avait compris alors pourquoi est-ce qu'il me forçait à m'expliquer? "On devrait arrêter de se voir. -Pourquoi? Tu ne veux plus qu'on soit amis? -Non, c'est pas ça. Mais je ne peux plus te faire subir ça. -Tu ne me fais rien subir du tout. On s'est mis d'accord dès le début. -Je sais mais crois moi, tu me remercieras plus tard. -Non." Je ne l'avais encore jamais entendu aussi résolu. J'en entrouvris même la bouche surprise. "Je ne te remercierai pas. Te voir tous les jours me rend heureux et ça me suffit. Je n'ai jamais rien demandé de plus. Je t'ai laissée venir vers moi. Alors pourquoi changes-tu d'avis d'un coup?" Tout m'échappait. Moi qui n'avait jamais voulu aimer personne je me rendis compte que c'était en partie pour me protéger de tels moments. "C'est à cause de ce qu'il s'est passé chez moi? Parce que si tu es gênée je n'en reparlerai jamais. On peut même dire que ce n'est jamais arrivé. C'était juste un rêve." Je secouais la tête. "Non... -Alors quoi? Dis moi ce que tu ressens, Victoire. Tu crois que je n'ai pas remarqué? Tu parles tellement facilement de choses qui ne te touchent pas mais dès qu'ils s'agit de tes sentiments tu es complètement dépassée. Tu n'as pas à avoir honte de ce que tu ressens. Tu dois juste l'accepter et en parler. Il n'y a rien de grave dans les sentiments. Ça ne te rend pas faible." J'avais envie de pleurer mais me retenais. "Ils disent que je me sers de toi. Que je t'utilise pour me sentir mieux. Que je te gardes sous mon aile. -Et qu'est-ce que tu en penses? -Je ne sais pas... -Si jamais tu pouvais avoir ta confiance habituelle quand il s'agit d'aider les autres..." Henry souffla. "Tu as toujours tellement peur de faire du mal aux gens alors que tu es la meilleure chose qui ne leur soit arrivé bon sang. Jamais tu pourrais nous faire souffrir. Tu nous donnes envie de vivre. Tu me donnes envie de vivre. Chaque matin je pense à ce que tu vas porter. Je me demande ce que tu as envie de manger. Je cherche des recettes en imaginant ta réaction. Je découvre des animes et m'imagine les regarder avec toi. Tu m'as donné tout ça. Alors dis moi, est-ce que tu penses que tu m'utilises? -Je n'ai jamais voulu t'utiliser. Je voulais te protéger dès le début. Mais les autres ont raison. Tu t'accroches à un avenir qui ne sera peut-être jamais." Henry se figea. "Tu as dis peut-être?" Je me figeais à mon tour. "Donc il y a vraiment quelque chose. Je ne me faisais pas de films." Je ne l'avais jamais vu rayonner de la sorte. Il sautillait presque partout tel un enfant. "Sois honnête, Victoire. Je sens que tu veux me dire quelque chose. -Je ne peux pas être honnête. Justement pas avec toi. -Pourquoi? -Parce que je me sens en sécurité avec toi!" J'avais hurlé mais je m'en fichais. Ça me faisait un bien fou. "Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée. J'ai toujours été heureuse mais tu as ajouté quelque chose. Je ne saurais pas le décrire. Et je ne veux pas te perdre. C'est pour ça que je ne peux pas être honnête. Parce que si je te dis tout tu ne vas jamais rester à mes côtés. -Tu ne peux pas le savoir. -Si! Si. Je le sais. Parce que je ne resterais pas avec moi-même." Il secoua la tête. "Tu es trop violente avec toi-même. -Je n'en ai parlé à personne mais j'avais horriblement peur avant de te rencontrer. Je n'avais jamais voulu être en couple. Ces derniers temps ça me répugnait même. Mais je me suis rendue compte que je n'en avais pas besoin pour le moment alors tout va bien. Sauf que plus je réfléchissais plus je n'en avais pas besoin du tout. J'avais peur de ce que les gens allaient penser de moi. Oui je suis pitoyable mais j'avais peur de l'avis des autres. De ceux que j'aimais. Parce que je savais qu'ils allaient se faire du soucis pour moi. Et ce n'est pas ce que je veux. Mais quand je t'ai rencontré... Je me suis sentie bien. En sécurité. Écoutée. Je voulais être tout le temps avec toi. Ça n'a rien changé à mon envie d'être en couple mais ça m'a fais oublier le futur. Je ne me projetais plus et n'avais plus peur. Je me suis dis que j'étais acceptée. Mais plus j'étais acceptée plus je te donnais de faux espoirs et plus je te faisais du mal et plus j'avais peur de te perdre et plus je m'accrochais et plus je me détestais. Et tu sais quoi? Je me suis même rendue compte que je suis tombée amoureuse de toi! Et oui. Moi, Victoire amoureuse. Qui l'aurait cru? Et bien moi ça me terrifie. J'ai horriblement peur. Parce que tomber amoureux signifie s'ouvrir à quelqu'un mais temps que c'est toi je le veux bien. Sauf que si je m'ouvre et que je perds la seule personne avec qui je suis bien alors je n'aurai plus rien. Je serai de retour dans ma solitude sauf que cette fois elle sera amère. Je ne peux pas sortir avec toi. Mais je ne peux pas rester près de toi non plus." Les larmes se mirent à couler le long de mes joues. "Je ne sais pas quoi faire. -Ce qui te rendrait heureuse." Je secouais violemment la tête. "Non. Je ne peux pas être égoïste. Ça ne me ressemble pas." Henry essuya avec douceur les larmes sur mes joues. En sentant sa main mon ventre se tordait dans tous les sens. C'était tellement désagréable que j'en demandais encore. "Tu n'as pas à te forcer à quoi que ce soit, Victoire. Je ne veux que ton bonheur et je respecterai le choix qui te rend heureuse. Je peux attendre. Sincèrement je pense que cette déclaration est assez pour moi pour toute une vie." Je ris. "Tu es toujours tellement calme c'est agréable. -Je suis là pour ça." Soudain je le sentis s'éloigner mais alors qu'il passait près de moi il me dit une dernière chose: "Si tu étais une amie, qu'est-ce que tu te conseillerais?" Et soudain je me souvenais d'une conversation que j'avais eu avec Dani. Elle n'était pas encore avec son copain et avait justement peur de détruire leur amitié. Je lui avais dis cela: "C'est débile. Dans la vie les relations partent et viennent. Tu ne peux pas te retenir de faire des choses seulement parce que tu as peur de perdre un ami. La vie est trop courte pour ça. Tu ne choisis pas de qui tu tombe amoureux. C'est juste des hormones alors il y a pas de quoi se compliquer la vie. Si quelqu'un te plaît dis lui. Si ça ne marche pas tourne la page. Mais sinon tu seras reconnaissante pour toujours de l'avoir fais." J'avais toujours peur d'être en couple et je ne voulais toujours pas perdre mon célibat mais je ne voulais surtout pas perdre Henry. Mon ancienne moi allait peut-être me trouver pitoyable mais je devais arrêter de me mentir, je l'étais. Pitoyablement amoureuse. Je décidais que je pouvais rester célibataire quand je le voulais mais je ne pouvais sortir avec Henry qu'ici et maintenant. Si je laissais couler ma chance alors quelqu'un d'autre allait me voler ma place et j'allais me détester. Je me sentais mal qu'il s'est battu pour moi alors que je n'avais rien fais en retour. Je voulais vraiment lui donner tout l'amour qu'il méritait mais pour ça j'avais tout mon temps. Je tournais donc sur mes talons et courais pour le rattraper tout en hurlant son nom. Henry se retourna surpris ne s'attendant visiblement pas à ce que j'ai pris ma décision aussi vite. Je lui sautais dans les bras pour retrouver sa chaleur familière et le serrais contre moi. Mon cœur se mit à battre la chamade et je savais qu'il allait m'embrasser. Encore une fois j'étais terrifiée mais je me penchais vers lui en fixant ses lèvres. Il sourit alors je levais les yeux vers lui. "Et si on allait manger une glace? -Oh oui!" Bon, pour le baisé ça attendra.

Great novels start here

Download by scanning the QR code to get countless free stories and daily updated books

Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD