Ce jour-là, il y eut grand souper chez la Béru, qui avait fait des frais extraordinaires pour célébrer l’anniversaire de la naissance de sa fille. Les convives hommes étaient au nombre de douze : c’était l’élite des habitués de la maison. Ce fut un beau souper, de dignes libertins. On y raconta les aventures, fausses ou vraies, des femmes les plus éminentes de la cour et de la finance, et on immola aux pieds d’une jeune fille de quinze ans, destinée à être courtisane, les plus hautes réputations et les noms les plus vénérés ; on lui apprit comment on trompait un mari, et, ce qui est bien plus amusant, comment on aimait deux amants. On lui donna enfin un assez grand mépris de ce qu’on appelait les honnêtes gens pour qu’il y eût presque bénéfice moral à ne pas être de la compagnie. Puis, qua