De Minette à BébéHUITIÈME LETTRE.– (ÊCRITE AU CRAYON.) Au moment même où je t’écris, Bébé, ma femme de chambre, celle que ma noble maîtresse a bien voulu attacher à ma personne, coud un sac de grosse toile grise. – Quand ce sac sera cousu de trois côtés, on me mettra dedans, on coudra le quatrième côté, et on me confiera au premier valet de pied, qui me portera sur le Pont-Neuf et me jettera à l’eau Voilà le sort qui m’attend. Sais-tu pourquoi, Bébé ? C’est parce que je suis malade, et que ma maîtresse, qui est très sensible, ne peut voir ni souffrir ni mourir chez elle. – Pauvre Rosa-Mika, a-t-elle dit, comme elle est changée ! Et de sa voix la plus attendrie, elle a donné l’ordre fatal. – Noyez-la bien surtout, dit-elle à l’exécuteur auquel elle a voulu parler elle-même ; noyez-la bi