CHAPITRE VDans lequel Lé-ou reçoit une lettre qu’elle eut préféré ne pas recevoir« Tu n’as pas encore de lettre pour moi ? – Eh ! non, madame ! – Que le temps me paraît long, vieille mère ! » Ainsi, pour la dixième fois de la journée, parlait la charmante Lé-ou, dans le boudoir de sa maison de l’avenue Cha-Coua, à Péking. La « vieille mère » qui lui répondait, et à laquelle elle donnait cette qualification usitée en Chine pour les servantes d’un âge respectable, c’était la grognonne et désagréable mademoiselle Nan. Lé-ou avait épousé à dix-huit ans un lettré de premier grade, qui collaborait au fameux Sse-Khou-Tsuane-Chou. Ce savant avait le double de son âge et mourut trois ans après cette union disproportionnée. La jeune veuve s’était donc trouvée seule au monde, lorsqu’elle n’avait