X Les Conducteurs de BestiauxJ’eus besoin de faire un certain effort pour me mettre au pas de mon nouveau compagnon ; car, bien qu’il marchât avec un balancement disgracieux de tout son corps, et sans apparence de hâte, sans cesse j’avais à courir pour ne pas me trouver en arrière de lui. Nous nous examinions l’un l’autre : moi avec une curiosité toute naturelle, lui avec un mépris non dissimulé. J’ai su depuis qu’il était fort mal disposé à mon endroit : il m’avait vu plier le genou devant les dames et m’avait aussitôt diagnostiqué « un idiot à façons ». « Ainsi, vous allez en Angleterre, hein ? » me dit-il. Je répondis affirmativement. « Il y a des endroits meilleurs, il y en a de pires ! » observa l’homme. Et il retomba dans un silence qui ne fut plus interrompu pendant le quart d’h