II Le portefeuilleDès que nous eûmes fini notre dîner, le médecin, en s’excusant, me quitta pour retourner auprès de son patient, et, presque aussitôt après, je fus moi-même mandé auprès de celui-ci. Par le grand escalier et puis par d’interminables corridors, on me conduisit au chevet de mon grand-oncle. Je prie le lecteur de songer que, jusqu’à ce moment, je n’avais jamais vu le formidable personnage, et que toujours, depuis l’enfance, j’avais entendu parler de lui en termes très durs : car, dans la société qui entourait mes parents, personne ne se serait hasardé à dire une bonne parole des premiers « émigrés ». Au reste, ni le notaire Romaine, ni son extravagant clerc Dudgeon, ni mon nouveau serviteur Rowley ne m’avaient fait du vieillard une peinture bien aimable : de telle sorte que