XII Mademoiselle de Chaulieu à madame de l’Estorade Février. Ma belle biche, ce matin à neuf heures, mon père s’est fait annoncer chez moi, j’étais levée et habillée ; je l’ai trouvé gravement assis au coin de mon feu dans mon salon, pensif au-delà de son habitude ; il m’a montré la bergère en face de lui, je l’ai compris, et m’y suis plongée avec une gravité qui le singeait si bien, qu’il s’est pris à sourire, mais d’un sourire empreint d’une grave tristesse ; – Vous êtes au moins aussi spirituelle que votre grand-mère, m’a-t-il dit. – Allons, mon père, ne soyez pas courtisan ici, ai-je répondu, vous avez quelque chose à me demander ! Il s’est levé dans une grande agitation, et m’a parlé pendant une demi-heure. Cette conversation, ma chère, mérite d’être conservée. Dès qu’il a été part