Angélique croyait fermement aux miracles. Dans son ignorance, elle vivait entourée de prodiges, le lever des astres et l’éclosion des simples violettes. Cela lui semblait fou, de s’imaginer le monde comme une mécanique, régie par des lois fixes. Tant de choses lui échappaient, elle se sentait si perdue, si faible, au milieu de forces dont il lui était impossible de mesurer la puissance, et qu’elle n’aurait pas même soupçonnées, sans les grands souffles, parfois, qui lui passaient sur la face ! Aussi, en chrétienne de la primitive Église, nourrie des lectures de la Légende, s’abandonnait-elle, inerte, entre les mains de Dieu, avec la tache du péché originel à effacer ; elle n’avait aucune liberté, Dieu seul pouvait opérer son salut en lui envoyant la grâce ; et la grâce était de l’avoir ame