Chapitre 01
CLAIRE LEBLANC
Il n'y avait rien que l'argent ne pouvait pas acheter.
C'était quelque chose que je savais depuis ma naissance, car des bijoux aux personnes… tout était à votre disposition, pourvu que vous montriez les zéros après la virgule qui figuraient sur votre relevé bancaire. Et quand vous étiez un LeBlanc ? Cela devenait encore plus évident, et brillait comme des bijoux fraîchement taillés.
Vous voulez savoir quelle était la meilleure preuve de cela ? C'était le bal annuel. Un bal qui suscitait toujours des désaccords, des cris, des pleurs et surtout de la joie. Parce qu'en plus d'être l'événement le plus attendu de toutes les familles ayant un certain renom (et déjà des visages familiers à cet événement), c'était aussi quelque chose que les nouveaux riches convoitaient - car si votre famille recevait une invitation, il était presque certain que les contacts se présenteraient à votre porte, et bien sûr… c'était une preuve que la famille LeBlanc… vous admirait d'une certaine manière.
Et ce bal en particulier ? J'avais été la personne responsable de l'organisation.
J'avais passé près d'un mois entier à ne pas dormir correctement à cause des préparatifs, j'avais vu tellement de palettes de couleurs que je ne savais plus distinguer entre bleu bébé et cyan, — en plus de toutes les questions concernant le buffet, les tenues et ainsi de suite…
Mais honnêtement ? Cela n'avait plus d'importance maintenant, parce que j'étais sous les projecteurs, et moi aussi… j'étais en train de descendre ces magnifiques escaliers qui me permettaient d'admirer tout mon dur labeur.
Les tables étaient disposées comme je le voulais, les fleurs placées où je leur avais dit de les mettre, et le lustre que j'avais choisi pour s'harmoniser avec la décoration que j'avais choisie ? C'était exactement comme je l'avais imaginé.
Mais il manquait quelque chose.
Mon fiancé n'était pas là.
"Il a dit qu'il serait la première personne que je verrais…" pensai-je alors que je me forçais toujours à sourire, à garder mon expression sereine alors que tous ces regards — étaient posés sur moi.
Pourtant, je pensais que c'était peut-être juste moi qui ne pouvais pas voir George dans la salle, je soupçonnais même que les coupables étaient les projecteurs qui me frappaient directement le visage, limitant ma vision par la lumière.
Mais… même lorsque j'ai atteint le dernier escalier, il n'était pas là.
Il ne m'attendait pas.
— Claire, chérie ! — l'une des invités vint vers moi, avec de gros émeraudes sur son décolleté, à ses oreilles, — cet événement est divin ! La décoration, la musique… célestes !
Je souris.
— Je suis flattée. — Répondis-je, un sourire fier se dessinant sur mes lèvres, mes yeux cherchant discrètement mon fiancé, — que pensez-vous des boissons et des amuse-gueules ? Ont-ils été à votre goût ?
— Chérie ! Ils sont au niveau de cette fête, vous devriez me donner le nom de l'endroit qui les sert, — elle répondit aussitôt, me rappelant à quel point il avait été difficile de trouver cet endroit, en plus des dégustations.
Comme si j'allais lui donner cet endroit sur un plateau d'argent.
— Bien sûr, je vous donnerai le numéro quand je pourrai. — Mentis-je, — maintenant, si vous me permettez, je dois… trouver quelqu'un.
— Vous cherchez votre fiancé, n'est-ce pas ? — Elle lâcha, — c'est un péché qu'il ne soit pas là, surtout, en vous abandonnant lors d'un événement aussi important.
Je soupire.
Je soupire et je m'arrange pour que mes lèvres se courbent, de la manière la plus sociale que je connaisse.
— Il doit être occupé. — Dis-je plus pour moi-même que pour cette dame en face de moi, — maintenant, j'espère que vous pourrez profiter de l'événement. — Je réponds en me dirigeant dans une autre direction, à la recherche de George dans tous les coins où je savais qu'il avait tendance à traîner, tout en m'efforçant d'être une bonne hôtesse et de parler à tous les invités qui viennent à moi, jusqu'à ce que j'arrive à un point où j'avais littéralement trouvé tout le monde, sauf mon fiancé !
Je soupire.
J'ai essayé de trouver toutes les excuses possibles pour lui quand je suis descendue les escaliers et que je ne l'ai pas trouvé, et quand j'ai commencé à marcher d'un côté à l'autre comme une cafard tourbillonnant. J'ai aussi essayé de penser au mieux de George.
"Il doit être allé aux toilettes", pensai-je, ou peut-être, "il a dû se cacher, ou peut-être qu'il préparait une surprise pour moi, il doit juste… attendre que je le trouve."
Mais cela ne pouvait plus être aucune de ces alternatives.
Cela m'a laissé épuisée, mes pieds battaient tellement le pavé, et honnêtement ? Je ne pouvais plus supporter de sourire alors que tout ce que je voulais… c'était que mon fiancé soit à mes côtés.
"Ce n'est pas grave, Claire… il aura une bonne excuse…" je me dis en cherchant n'importe quelle pièce vide pour m'y allonger, et peut-être me reposer un peu, "il doit sûrement se passer quelque chose là-bas qu'il ne peut pas…"
— P-plus… plus profond… ah ! — J'entends une femme gémir dès que j'ouvre l'une des portes — et pour mon plus grand déplaisir — c'est George, mon George qui la b***e.
Il était en train de b****r une femme qui n'était pas moi.
Une femme à quatre pattes, avec la robe pratiquement… jetée au sol.
— Vous allez en avoir pour longtemps ? — Je demande, un de mes sourcils levés, les yeux bleus de George me fixant avec une certaine surprise.
— Claire ? — Il retire sa propre bite de la fille, qui maintenant, avec son visage levé, et ses cheveux en arrière… je vois
que c'est l'une de mes amies.
Vanessa Adams.
Bien sûr… à quoi d'autre pouvais-je m'attendre ? Parce que cette situation n'était pas déjà assez clichée.
— George, Vanessa. — Je lâche avec dédain pur, un qui n'est qu'un masque car ma poitrine me fait mal, et l'envie de pleurer est accablante.
Mais je suis toujours une LeBlanc.
Je ne montrerai pas de faiblesse aux traîtres.
— Claire, écoute-moi…
— Qu'est-ce que j'aurais à écouter ? Que tu es tombé et que ta bite est entrée dedans ? — Ma voix est empreinte de rancune, — que tu as été drogué et que tu t'es retrouvé à la b****r, peut-être ? Ou mieux encore ! Tu as été ensorcelé ?!
— Arrête de plaisanter, Claire ! — Il élève le ton, ses yeux me fusillant maintenant alors qu'il s'approche, — tu penses que c'était facile pour moi ?
Facile ?
Pour lui ?
C'était forcément une blague, non ?
Ça devait en être une.
— Facile pour toi ? Tu sais combien j'ai travaillé dur ce dernier mois pour que tu te contentes juste… de ne pas t'en soucier et de b****r avec mon amie ? Sérieusement, George ! Tu as dit que tu serais là ! Tu as dit que tu serais la première personne que je verrais et-...
— Peux-tu arrêter de ne penser qu'à toi-même à un moment donné ?
Mes yeux s'écarquillent.
— Pardon ?
— C'est bien ce que tu as entendu. — Maintenant, le ton de George est froid, ses yeux ternes, — tu sais combien j'ai travaillé dur ? En voyant toujours ma fiancée prêter attention à n'importe quoi d'autre que moi ! Tu fais toujours ça, Claire ! Tu restes toujours concentrée sur tes projets, et quand cette p****n de soirée est arrivée ? Tu as tout foutu en l'air encore plus !
Tout foutu en l'air ?
Il devait juste… plaisanter, non ?
Merde… je…
Je devais sortir de là.
— Claire, n'ose même pas ! — George essaie de m'arrêter, mais j'ai déjà réussi à traverser la porte, à me diriger vers l'arrière jusqu'au jardin, à me cacher comme une lâcheuse.
— Quel pathétique… — je renifle, les larmes finissent enfin par couler de mes yeux, — je n'arrive pas à croire ça, je… Claire LeBlanc a été trahie ? Ça ne peut être qu'une blague.
Je ris de ma propre misère, jusqu'à ce que j'entende des pas approchant.
Merde.
Est-ce sérieux ?
"Pitié, que ce ne soit pas George." Je supplie du fond de mon âme, mais… ce n'était pas lui.
C'était en fait, un homme grand, blond et qui… avait des yeux aussi beaux que des topazes, avec une expression préoccupée sur son visage.
Bien, super !
J'ai quelques minutes de célibat, et voilà comment je me retrouve face au premier bel homme que je rencontre.
Félicitations, Claire…