Seconde partieMa présence et les politesses de M. de T… dissipèrent tout ce qui pouvait rester de chagrin à Manon. Oublions nos terreurs passées, ma chère âme, lui dis-je en arrivant, et recommençons à vivre plus heureux que jamais. Après tout, l’amour est un bon maître : la fortune ne saurait nous causer autant de peines qu’il nous fait goûter de plaisirs. Notre souper fut une vraie scène de joie. J’étais plus fier et plus content avec Manon et mes cent pistoles, que le plus riche partisan de Paris avec ses trésors entassés. Il faut compter ses richesses par les moyens qu’on a de satisfaire ses désirs : je n’en avais pas un seul à remplir. L’avenir même me causait peu d’embarras. J’étais presque sûr que mon père ne ferait pas difficulté de me donner de quoi vivre honorablement à Paris, p