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Les Trois Mousquetaires

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Les Trois Mousquetaires est le plus célèbre des romans d’Alexandre Dumas. Il est le premier volet de la trilogie romanesque dite « des mousquetaires », à laquelle il donne son nom, suivi par Vingt ans après (1845) et Le Vicomte de Bragelonne (1847). Présentation Le roman raconte les aventures d’un Gascon impécunieux de 18 ans, d’Artagnan, venu à Paris pour faire carrière dans le corps des mousquetaires. Il se lie d’amitié avec Athos, Porthos et Aramis, mousquetaires du roi Louis XIII. Ces quatre hommes vont s’opposer au premier ministre, le cardinal de Richelieu et à ses agents, dont le comte de Rochefort et la belle et mystérieuse Milady de Winter, pour sauver l’honneur de la reine de France Anne d’Autriche. |Wikipédia|

Extrait

| CHAPITRE PREMIER.LES TROIS PRÉSENTS DE M. D’ARTAGNAN PÈRE.

Le premier lundi du mois d’avril 1626, le bourg de Meung, où naquit l’auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s’enfuir les femmes le long de la grande rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hâtaient d’endosser la cuirasse, et appuyant leur contenance quelque peu incertaine d’un mousquet ou d’une pertuisane, se dirigeaient vers l’hôtellerie du Franc-Meunier, devant laquelle s’empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compacte, bruyant et plein de curiosité. En ce temps-là les paniques étaient fréquentes, et peu de jours se passaient sans qu’une ville ou l’autre enregistrât sur ses archives quelque événement de ce genre. Il y avait les seigneurs qui guerroyaient entre eux ; il y avait le cardinal qui faisait la guerre au roi et aux seigneurs ; il y avait l’Espagnol qui faisait la guerre aux seigneurs, au cardinal et au roi. Puis, outre ces guerres sourdes ou publiques, secrètes ou patentes, il y avait encore les voleurs, les mendiants, les huguenots, les loups et les laquais, qui faisaient la guerre à tout le monde. Les bourgeois s’armaient toujours contre les voleurs, contre les loups, contre les laquais ; — souvent contre les seigneurs et les huguenots ; — quelquefois contre le roi ; — mais jamais contre le cardinal et l’Espagnol. Il résulta donc de ces habitudes prises, que ce susdit premier lundi du mois d’avril 1626, les bourgeois entendant du bruit, et ne voyant ni le guidon jaune et rouge, ni la livrée du duc de Richelieu, se précipitèrent du côté de l’hôtel du Franc-Meunier. Arrivé là, chacun put reconnaître la cause de cette rumeur. Un jeune homme...|

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Chapter 1
PRÉFACE.DANS LAQUELLE IL EST ÉTABLI QUE MALGRÉ LEURS NOMS EN OS ET EN IS, LES HÉROS DE L’HISTOIRE QUE NOUS ALLONS AVOIR L’HONNEUR DE RACONTER À NOS LECTEURS N’ONT RIEN DE MYTHOLOGIQUE. Il y a un an à peu près qu’en faisant à la Bibliothèque royale des recherches pour mon Histoire de Louis XIV, je tombai par hasard sur les Mémoires de M. d’Artagnan|1 |, imprimés à Amsterdam, chez Pierre Rouge, comme la plus grande partie des ouvrages de cette époque, où les auteurs tenaient à dire la vérité sans aller faire un tour plus ou moins long à la Bastille. Le titre me séduisit ; je les emportai chez moi avec la permission de M. le conservateur, bien entendu, et je les dévorai. Mon intention n’est pas de faire ici une analyse de ce curieux ouvrage, et je me contenterai d’y renvoyer ceux de mes lecteurs qui apprécient les tableaux d’époques. Ils y trouveront des portraits crayonnés de main de maître, et, quoique ces esquisses soient pour la plupart du temps tracées sur des portes de caserne et sur des murs de cabaret, ils n’y reconnaîtront pas moins, aussi ressemblantes que dans l’histoire de M. Anquetil, les images de Louis XIII, d’Anne d’Autriche, de Richelieu, de Mazarin et de la plupart des courtisans de l’époque. Mais, comme on le sait, ce qui frappe l’esprit capricieux du poète n’est pas toujours ce qui impressionne la masse des lecteurs. Or, tout en admirant, comme les autres les admireront sans doute, les détails que nous avons signalés, la chose qui nous préoccupa le plus est une chose à laquelle bien certainement personne avant nous n’avait fait la moindre attention. D’Artagnan raconte qu’à sa première visite à M. de Tréville, capitaine des mousquetaires du roi, il rencontra dans son antichambre trois jeunes gens servant dans l’illustre corps où il sollicitait l’honneur d’être reçu, et ayant noms Athos, Porthos et Aramis. Nous l’avouons, ces trois noms étrangers nous frappèrent, et il nous vint aussitôt à l’esprit qu’ils n’étaient que des pseudonymes à l’aide desquels d’Artagnan avait déguisé des noms peut-être illustres, si toutefois les porteurs de ces noms d’emprunt ne les avaient pas choisis eux-mêmes le jour où, par caprice, par mécontentement ou par défaut de fortune, ils avaient endossé la simple casaque de mousquetaire. Dès lors nous n’eûmes plus de repos que nous n’eussions retrouvé dans les ouvrages contemporains une trace quelconque de ces noms extraordinaires qui avaient si fort éveillé notre curiosité. Le seul catalogue des livres que nous lûmes pour arriver à ce but remplirait un feuilleton tout entier, ce qui serait peut-être fort instructif, mais à coup sûr peu amusant pour nos lecteurs. Nous nous contenterons donc de leur dire qu’au moment où, découragé de tant d’investigations infructueuses, nous allions abandonner notre recherche, nous trouvâmes enfin, guidé par les conseils de notre illustre et savant ami Paulin Pâris, un manuscrit in-folio coté sous le n° 4772 ou 4773, nous ne nous le rappelons plus bien, et ayant pour titre : « Mémoires de M. le comte de La Fère, concernant quelques-uns des événements qui se passèrent en France vers la fin du règne du roi Louis XIII et le commencement du règne du roi Louis XIV. » On devine si notre joie fut grande lorsqu’en feuilletant ce manuscrit, notre dernier espoir, nous trouvâmes à la vingtième page le nom d’Athos, à la vingt-septième le nom de Porthos, et à la trente et unième le nom d’Aramis. La découverte d’un manuscrit complétement inconnu dans une époque où la science historique est poussée à un si haut degré nous parut une trouvaille presque miraculeuse. Aussi nous hâtâmes-nous de solliciter la permission de le faire imprimer, dans le but de nous présenter un jour avec le bagage des autres à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, si nous n’arrivions pas, chose fort probable, à entrer à l’Académie française avec notre propre bagage, trop considérable peut-être pour passer par les portes. Cette permission, nous devons le dire, nous fut gracieusement accordée, ce que nous consignons ici, pour donner un démenti public aux malveillants qui prétendent que nous vivons sous un gouvernement assez médiocrement disposé à l’endroit des gens de lettres qui lui demandent quelque chose, et encore plus mal disposé à l’égard de ceux qui ne lui demandent rien. Or, c’est la première partie de ce précieux manuscrit que nous offrons aujourd’hui à nos lecteurs, en changeant son titre en celui des Trois Mousquetaires ; prenant l’engagement, si, comme nous n’en doutons pas, cette première partie obtient le succès qu’elle mérite, de publier incessamment la seconde. En attendant, comme le parrain est un second père, nous invitons nos lecteurs à s’en prendre à nous, et non au comte de La Fère, de leur plaisir ou de leur ennui. Cela posé, passons à notre histoire.

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