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Amour déchu tome 2

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Dans le décor aseptisé des bureaux d’une puissante multinationale, deux femmes s’affrontent… La jeune Isabelle travaille sous les ordres de Christine, une femme de pouvoir qu’elle admire sans réserve. 

Convaincue de son ascendant sur sa protégée, Christine entraîne Isabelle dans un jeu trouble et pervers de séduction et de domination. 

Ce jeu dangereux va trop loin… jusqu’au point de non retour

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Chapitre 1
Comment et combien je l’aime, tu ne peux pas le comprendre, non, pas même toi. Je suis un timide, un gauche, je le sais, je l’ai toujours su. Tout jeune homme, je m’étais dessiné dans mes rêves une figure idéale de femme… Je l’appelais ma madone… Mais c’est insensé ce que je te raconte là… Laisse-moi dire. C’était elle qui me consolait des autres, de celles qui me traitaient toutes avec dédain, c’était elle que j’aimais. Quand j’ai vu Hélène, je lui ai trouvé la ressemblance de cette chimère que je n’avais jamais rencontrée. Ne souris pas… Comprendsmoi un peu… Je l’ai épousée… Les premières années je sentais bien qu’elle n’était pas très heureuse. Je me disais : Le temps arrangera tout. Le temps n'a rien arrangé. Le martyre que ç'a été pour moi de la voir ennuyée, lassée, triste, et de n'y rien pouvoir, non, personne ne le saura jamais ! Surtout depuis que nous vivons à Paris, je la vois qui s’abîme dans une tristesse encore plus grande, son pauvre visage qui maigrit, ses yeux qui se creusent. Elle souffre, elle dépérit devant moi, chaque jour un peu davantage, et je n’y peux rien et je n’en connais pas la cause. Comprends-tu cette torture : voir une femme qu'on aime comme je l’aime s’en aller heure par heure, là, tout auprès, et ne pas même savoir pourquoi ? » Il s’était levé en prononçant ces paroles. A mesure que les phrases lui venaient, elles emportaient le plan du discours qu’il avait préparé dans le trajet de la rue de La Rochefoucauld à la rue Lincoln. Il s’était laissé aller à sentir tout haut. Il passa la main sur ses yeux et reprit : « Je m’égare… Pourquoi est-ce que je te dis toutes ces choses ? Je suis venu pour te demander si tu sais ce qu’elle a… » Et il s’arrêta devant Armand qui se leva aussi. Ce dernier cherchait lui-même à deviner où tendait la sortie de son ancien camarade. Il se rendait compte que, dons un entretien de ce genre, l'affaire importante est de ne rien apprendre à son interlocuteur de ce qu’il peut ignorer. A la question brusque d'Alfred, il répondit par la plus vague des formules : — « Mais comment le saurais-je plus que toi ? » — « Armand, » fit l’autre en se rapprochant et lui mettant les mains sur les épaules, « ne me mens pas, je peux tout entendre, je suis prêt à tout… Oui, si Hélène aimait quelqu’un, je m’effacerais, je m’en irais. Je prendrais mon fils et je la laisserais refaire sa vie… Un mari qui se venge ?… Que je méprise cela !… Ou il n’aime pas, et de quoi se venge-t-il ? d’une blessure d’amour-propre ? Quelle misère !… Ou bien il aime, et il n’a qu’à faire le bonheur de la femme qu’il aime, au prix du sien propre… Ah ! je n'ai pas les idées du monde !… Répondsmoi, Armand, est-ce qu’Hélène aime quelqu’un ? » — « Je te dirai encore une fois : comment le saurais-je ? » — « Comment ! » s’écria Chazel en prenant le bras de son ami et le lui serrant de toutes ses forces. « Mais qui le saura, si ce n’est toi ? Estce que tu me crois aveugle au point de n’avoir pas vu que tu devenais son confident le plus intime ? Si elle ne t’entretient pas d’elle, de sa vie, de ses sentiments, qu’est-ce que vous vous dites dans vos interminables causeries ? Pourquoi vous taisez-vous quand j’arrive, si vous ne parlez pas de choses que vous ne voulez pas que j’entende ? Pourquoi vous cachez-vous de moi ?… » continua-t-il avec violence. — « Nous nous cachons de toi ?… » fit Armand. — « Tais-toi, » reprit Alfred en lui mettant la main sur la bouche, « ne mens pas. Je ne peux plus supporter le mensonge. Il me faut la vérité, quelle qu’elle soit… Je vous ai vus hier au Jardin des Plantes, dans la grande allée… J’y étais… Je vous ai vus… Vous marchiez ensemble, et le soir, elle t’a dit : « Comment allez-vous, depuis hier ? » Vous ne vous cachez pas de moi ?… répète-le maintenant… Ah ! pourquoi m’avez-vous menti tous les deux ? » — « Tu as raison, » répondit Armand, « nous aurions dû t’en parler tout de suite, et voilà comment les choses les plus innocentes prennent des apparences de mystère !… » Et tout en affectant le calme le plus absolu, il se disait : « Hélène est sauvée… » Logique sur ce point avec son éternelle défiance, il convenait avec sa maîtresse, à chaque rendez-vous, d’une explication commune à donner en cas de surprise, et à haute voix : « Mme Chazel revenait d’une visite de charité, je l’ai rencontrée dans le Jardin et nous nous sommes promenés un peu ensemble, parce que le temps était beau. Elle m'a prié de ne t’en rien dire parce que tu la gronderais de s’en aller ainsi dans les quartiers perdus. » Et c’était vrai qu’Alfred, demeuré en cela provincial, parlait souvent des dangers qu'une femme pouvait courir seule dans les coins écartés de Paris. « Tu as un moyen de savoir si je te mens, » ajouta de Querne. « Prends une voiture, rentre chez toi, interroge Mme Chazel. Je n’aurai pas le temps de la prévenir, n’est-ce pas ? Tu verras bien si elle te fait la même réponse. » — « Pour qui me prends-tu ? » dit Alfred. « J’ai horreur de ces moyens d’espion, j’ai déjà trop honte de te parler comme je fais… Armand, » ditil, en s’avançant vers son ami, « donne-moi ta parole d’honneur qu’Hélène et toi vous ne vous aimez pas. » — « Mme Chazel et moi ! » s’écria de Querne, « mais je donne ma parole d'honneur qu’il n’y a jamais eu entre nous un seul mot prononcé qui ne fût de la simple, de l’honnête amitié. A mon tour, je te demanderai : Pour qui me prends-tu ?… » Et en lui-même, avec une nausée intime de tout son orgueil, il ajoutait : « Quelle lâcheté une femme peut faire commettre à un homme ! » — « Alors, c’est moi qui te demande pardon, » reprit Alfred, « car je vous ai soupçonnés. Ah ! je ne te fais pas injure, je n’ai jamais cru qu’il y eût rien de mal entre vous. Non, je vous estime trop tous les deux. Mais j’ai cru qu’elle pouvait s’être prise d’un sentiment pour toi, et toi pour elle. Elle est charmante, et toi, Armand… Mais tu as tout ce que je n’ai pas ! Tu es beau, élégant, spirituel. Et moi, je n’ai que cela, » fit-il avec un geste navré, en se frappant la poitrine à la place du cœur. « Mon Dieu ! ce que j’aurais souffert, si ç’avait été vrai !… Pense donc, vous perdre tous les deux, elle et toi, elle qui est toute ma vie et toi que j’ai tant aimé !… Tu ne sais pas, Armand, combien je suis ton ami, va, laisse-moi une fois te le dire. A nos âges, ces protestations sont ridicules… Mais qu’est-ce que cela me fait, le ridicule ? Avec mon père et avant Hélène tu es, vois-tu, la personne que j’ai le plus chérie. Je suis de la race des terre-neuve, il me faut quelqu’un à qui me dévouer. Toute ma jeunesse tu as été pour moi ce quelqu’un. J’aurais voulu, quand nous étions enfants, que tu eusses un sacrifice à me demander, quelque chose de bien difficile, de presque impossible à exécuter. Tu étais pour moi comme un frère plus heureux. Je ne jalousais pas toutes tes supériorités, j’en étais fier… Quand je me suis marié, tu n’as pas pu venir à Bourges, hé bien ! le croiras-tu ?… mon cœur battait quand je t’ai présenté ma femme à Paris ; si elle t’avait déplu, j’aurais été tout triste… Songe à cela, mon ami, mon cher ami, » et il lui serrait les mains, « et tu m’excuseras de t’avoir dit ce que j’ai pu te dire de pénible, de blessant… Toi et elle, vous perdre tous les deux !… Ah ! je me serais en allé… Amour, amitié, j’aurais tout sacrifié à votre bonheur… Mais j’en serais mort !… » Il se laissa tomber sur le fauteuil, comme épuisé par les émotions qu’il venait de subir. Son visage décomposé révélait trop l’excès de sa peine et Armand éprouvait, à regarder ce spectacle de douleur et de faiblesse, une inexprimable émotion. A force de vérité d’âme, Alfred venait de rétablir entre eux la vérité de la situation. Les maris ne font si souvent rire, comme dit le proverbe, qu’à cause de la vanité déçue qui est au fond de presque toutes leurs rancunes, ou de la vanité triomphante qui est au fond de leurs sécurités. Mais Alfred en face d’Armand, c’était une confiance en face d’une trahison, un amour sérieux, prêt aux plus tragiques sacrifices, en face d’une fantaisie dépravée d’amour-propre et de sens, qui n’avait reculé devant aucun scrupule. Et Armand se taisait. L’affection et l’estime d’Alfred le souffletaient comme une main. Ah ! Qu’il aurait voulu dire à cet homme : « Oui, je t'ai menti, je t’ai pris ta femme. J'avais pour excuse d’ignorer combien tu l’aimais et combien tu m’aimais. Choisis maintenant la réparation qu’il te plaira d’exiger, je te l’accorderai. Finissons-en. » Oui, mais Hélène ? Le secret d'un adultère n'appartient pas à une seule personne. Au devoir envers Alfred s'opposait un autre devoir, d’honneur aussi, et contracté librement; et il se taisait, tout petit garçon devant cette honnêteté qui souffrait et pleurait devant lui, — abusée, c’est possible, — naïve, c’est certain. Mais un homme qui vous confie son portefeuille et à qui vous volez les billets de banque enfermés dans une des poches est un abusé aussi, un naïf. Seulement vous êtes, vous, un voleur. Quelles que fussent les supériorités d’Armand sur Alfred, il se trouvait, par le seul fait de sa trahison et par la bonne foi de son ami, dans cet état d’humiliation intolérable à toute créature un peu haute. Ce fut une impression de quelques minutes, mais bien amère. — « Ne fais pas attention à cette plainte, » reprit Alfred, « c’est la détente des nerfs… Je ne sais vraiment pas pourquoi je suis ainsi, puisque j’ai trouvé chez toi la certitude dont j'avais besoin… Ah ! merci !… » Et il s’élança pour embrasser son ami comme un frère embrasse son frère. Armand sentit, sous ce b****r, le sang lui monter au visage. — « Allons, » fit-il tout confus, « calmetoi… » — « Mais je suis calme, » dit Alfred, « tu as été si bon, tu m’as écouté avec tant de cœur. Hélas ! » ajouta-t-il douloureusement, « pourquoi fautil que je ne puisse pas avoir avec Hélène une explication comme celle que je viens d’avoir avec toi ? Devant elle je me sens si gêné, si comprimé !… » — « C’est qu’aussi, » répondit Armand qui entrevoyait la possibilité d’éviter à sa maîtresse une scène cruelle, « tu t’exagères des riens… Veuxtu que je te dise mon opinion sur Mme Chazel ? Et cette opinion, tous mes entretiens avec elle l’ont confirmée. Ce dont elle souffre, c’est du changement de vie. L’air de Paris, les habitudes de Paris, les gens de Paris, tout l'énerve… Elle a besoin de grands ménagements. Crois-moi, épargne-lui toute discussion… Sois doux pour elle. » — « Tu as raison, » dit Alfred qui se souvint d’avoir entendu presque les mêmes paroles dans la bouche du docteur, et cette coïncidence achevait de le tranquilliser momentanément. Il secoua la tête et laissa tomber ce mot dont Armand n’eut pas envie de sourire: « Je suis un égoïste, je ne vois que ma douleur… Mais Hélène a confiance en toi. Tu vois que je ne suis plus jaloux… Parle-lui de moi, dis-lui combien je l'aime, à quel point je ne veux que son bonheur… Explique-lui tout, elle te croira. Mon Dieu ! Pour un passage de tendresse dans ses yeux quand elle me regarde, mais je donnerais toute ma vie… » ami d’enfance lui avait infligé une étrange impression de malaise, qu’il ne put secouer ni durant cette fin de matinée, ni durant l’après-midi, tout entière dépensée à faire des courses. Il s'était affranchi, par un petit mot et une excuse imaginaire, du rendez-vous fixé la veille avec Hélène, et dans sa chambre, comme dans le fiacre qui le voiturait de quartiers en quartiers, il eut le courage de s’interroger avec franchise. Il trompait avec du mouvement physique l’indéfinissable et intolérable tristesse dont la scène qu’il avait traversée l’accablait toujours. Il alla de fournisseurs en fournisseurs, payant des notes arriérées, posant des cartes dans des maisons où il n’avait pas mis le pied depuis des mois, et sans cesse il en revenait à cet examen du fond de sa conscience : pourquoi se trouvait-il secoué à ce degré d’un événement naturel, qu’il était si aisé de prévoir, et qui, somme toute, n’aboutissait à aucune conséquence désastreuse ?… . Mais non, il ne pouvait songer à Chazel sans qu’une blessure saignât en lui, cuisante. Son amour-propre avait été frappé en sa plus intime profondeur. Lui qui, depuis leur commune adolescence, traitait Alfred en pensée comme un être inférieur, lui qui avait pris sa femme à ce malheureux sans le moindre remords, il venait subitement d’être écrasé de générosité par cet homme, dédaigné jusqu’à l’outrage. Il n'y avait pas à se révolter, à se raidir là contre. Entre eux deux, c’était lui, Armand, qui jouait le vilain rôle, et il en souffrait par les portions basses de son être, par cet orgueil d’être le premier qui, dès leur enfance, se manifestait à travers les plus minimes détails. Entraient-ils au restaurant, s’engageaientils dans une partie de campagne ? C’était Armand qui voulait payer, comme il voulait l’emporter à tous les jeux, avoir des prix aux distributions. La vanité l’avait empêché de prendre une carrière. La vanité encore l’avait tourné du côté des aventures féminines. Aussi était-il humilié jusque dans les moelles. Mais son malaise dérivait en même temps d’une cause plus noble. La corde de la pitié avait vibré en lui au soupir de l'affreuse plainte entendue pendant une heure. Chez Armand de Querne, la sécheresse d’âme n’était pas foncière. Elle provenait de ce qu’en lui l’émotion traversait toujours le cerveau avant d'arriver au cœur. Par une déformation intime qui se retrouve dans tous les amours de tête, il fallait qu’il se donnât des raisons pour sentir de telle ou telle manière. L'impuissance d’aimer, dont il était la victime, provenait de cette disposition particulière. Il n’avait jamais pu croire à la vérité du cœur d'aucune femme, et, par suite, il s’était toujours donné des raisons de n’en aimer entièrement aucune. Cette sorte de nature est la plus misérable de toutes, car elle mène ceux qu’elle domine aux pires actes d’égoïsme, sans leur assurer la sérénité glacée et inconsciente des vrais égoïstes. C’est ainsi que ce jeune homme avait pu devenir l’amant d’Hélène sans un scrupule, et marcher sur l’amitié aussi paisiblement que sur le tapis de la chambre de leurs rendez-vous. Cependant la souffrance d’Alfred venait de le remuer jusque dans ses dernières fibres. C’est qu’il ne discutait pas la sincérité de cette souffrance. Il l’avait touchée ainsi qu’un objet, et, comme il y croyait, il la sentait. Du même coup et pour la première fois, il apercevait la portée réelle de sa conduite. S’il avait soupçonné seulement la profondeur de l’amour de Chazel pour Hélène ! S’il avait su de quelle ardeur d’amitié cet homme le chérissait, lui, Armand ! Mais voilà, on se fait sur une personne des idées qu’on ne vérifie plus. On se dit : « Cet homme n’est rien. » On ne tient pas plus compte de son existence que de celle d’une bête ou d’une plante. Et puis on se trouve face à face avec un cœur qui palpite et qu’on a frappé, un bonheur qui était vivant et qu’on a tué. — Quel malentendu au fond de nos fautes, et combien d’entre elles ne sont que des méconnaissances d’autrui, mais irréparables ! Armand de Querne promena ces idées tout le jour, et, à leur extrémité, ce qu’il rencontrait d’une façon continue, c’était, par-dessous tout le reste, l'image d’Hélène, et encore d'Hélène. Pour qui avait-il trompé la confiance d’Alfred ? Pour Hélène. A qui avait-il sacrifié si allègrement ses souvenirs d’enfance et de jeunesse ? A Hélène. Dans l’intérêt de qui venait-il de donner cette honteuse parole d'honneur ? Dans l’intérêt d’Hélène. Or, le jeune homme en était arrivé, dans ses sentiments pour sa maîtresse, à la minute où la moindre contrariété s’exagère jusqu’à devenir insupportable. Que dire d’une humiliation pareille ? Il ne s’était pas trompé en reconnaissant, à la veille même du premier rendez-vous, qu’il ne pourrait jamais l’aimer. Il avait traversé d’abord une période assez douce de plaisir enivré, durant laquelle il s'était abandonné au charme de posséder une délicieuse maîtresse, aussi caressante qu’elle était jolie, aussi soumise qu’elle était passionnée. Mais à cette époque même, il ne se faisait pas d’illusions sur le caractère du sentiment qu’elle lui inspirait et sur sa durée. Quant aux démonstrations de tendresse auxquelles se livrait Hélène, il y voyait un étalage de romanesque explicable par un long séjour en province parmi de mauvais livres et d’absurdes rêves. « C’est une Madame Bovary, » se disait-il, et avec ce simple mot, il avait réponse à tout. Une fois que la maladie de l’incroyance s’est attaquée à un cœur tourmenté, chaque détail nouveau lui sert d’aliment. Les transports d’Hélène et ses mélancolies, ses paroles et ses silences avaient servi d’armes contre elle. S’abandonnait-elle à ses impressions avec la fougue d’une âme profondément remuée ? Il la jugeait mal : c’était une libertine et rien de plus. S’enveloppait-elle dans une tristesse réservée ? Il la jugeait mal : elle voulait produire de l’effet, prendre une attitude. Elle l’interrogeait sur lui-même et sa vie ? Quelle tyrannie !… Elle se taisait ? Quelle hypocrisie !… Avec cela et par une apparente inconséquence, comme en a la bonté facile des indifférents, soucieux de s’épargner les heurts inutiles, Armand s’était prêté aux exigences de la passion d’Hélène. Il avait, pour éviter de menues contrariétés, abandonné beaucoup de ses habitudes. Il refusait les dîners après les dîners, remettait les visites après les visites, distançait ses apparitions au cercle de la rue Royale, où il se montrait jadis presque chaque jour. « On ne vous voit plus… — Je vous croyais en voyage… — Mauvais sujet, quel bonheur nous cachez-vous donc ?… » C’est par de telles phrases que l’accueillaient presque toutes les personnes qu'il rencontrait sur un coin de trottoir, au seuil d’un restaurant, dans un couloir de théâtre. Ces phrases l’avaient d’abord fait sourire. Elles lui donnaient maintenant un vague regret de son existence d'autrefois. A mesure que l’accoutumance émoussait pour lui le plaisir de la possession d’Hélène, il se surprenait à rappeler avec nostalgie les insipides distractions de sa liberté, qu’il devait, aussitôt reprises, considérer de nouveau comme d’odieuses corvées. Toutes ces impressions de nuances diverses aboutissaient à lui rendre lourdes ses relations avec Hélène, bien avant la scène dont le cruel souvenir le persécutait à présent… Mais cette scène une fois traversée, pouvait-il conserver ses rapports actuels avec sa maîtresse ?

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