Chapitre 6 R ien ne survint chez les Roland pendant une semaine ou deux. Le père pêchait, Jean s’installait aidé de sa mère, Pierre, très sombre, ne paraissait plus qu’aux heures des repas. Son père lui ayant demandé un soir : « Pourquoi diable nous fais-tu une figure d’enterrement ? Ça n’est pas d’aujourd’hui que je le remarque ! » Le docteur répondit : « C’est que je sens terriblement le poids de la vie. » Le bonhomme n’y comprit rien et, d’un air désolé : « Vraiment c’est trop fort. Depuis que nous avons eu le bonheur de cet héritage, tout le monde semble malheureux. C’est comme s’il nous était arrivé un accident, comme si nous pleurions quelqu’un ! — Je pleure quelqu’un, en effet, dit Pierre. — Toi ? Qui donc ? — Oh ! quelqu’un que tu n’as pas connu, et que j’aimais trop. ».