– Celui-ci lui arrachera peut-être un mot, pensa-t-il. DEUXIÈME SONNET. LA MARGUERITE. Je suis la marguerite, et j’étais la plus belleDes fleurs dont s’étoilait le gazon velouté.Heureuse, on me cherchait pour ma seule beauté,Et mes jours se flattaient d’une aurore éternelle.Hélas ! malgré mes vœux, une vertu nouvelleA versé sur mon front sa fatale clarté ;Le sort m’a condamnée au don de vérité,Et je souffre et je meurs : la science est mortelle.Je n’ai plus de silence et n’ai plus de repos ;L’amour vient m’arracher l’avenir en deux mots,Il déchire mon cœur pour y lire qu’on l’aime.Je suis la seule fleur qu’on jette sans regret :On dépouille mon front de son blanc diadème,Et l’on me foule aux pieds dès qu’on a mon secret.Quand il eut fini, le poète regarda son aristarque. Étienne Loustea