Isacco fixait le garçon et acquiesçait de la tête. Il avait les yeux rouges. Dans sa tête d’homme saoul revint alors sa conversation de la veille avec Donnola à propos de l’état de grande tristesse où se trouvait Giuditta, et de ce garçon qui en était la cause et qui les cherchait dans tout Venise. Il le saisit au collet, d’une étreinte mal assurée. « Laisse ma fille, ordonna-t-il. — Qu’est-ce que vous dites, docteur ? fit Mercurio, étonné. — Tiens-toi loin de ma fille ! », cria Isacco avec plus de vigueur. Aussitôt, un groupe de curieux se forma. « Vous êtes saoul, docteur. Pourquoi est-ce que je devrais me tenir loin de Giuditta ? Je… » Isacco leva le poing en l’air, sans la force ni l’envie de frapper. Ce n’était qu’une menace, aussi faible que lui. « Un Juif qui frappe un chrétie