XII Nous avions pris la mer à Gênes et nous débarquâmes à Marseille. À peine fûmes-nous installés à l’hôtel, que M. Brudnel sortit pour aller à la poste. On préparait le dîner. Nous étions, Manuela et moi, dans un grand salon éclairé de maigres bougies. C’était la première fois que nous nous retrouvions seuls depuis le terrible tête-à-tête que sir Richard avait interrompu. Manuela vint à moi, les bras ouverts. – Comme tu es craintif avec moi ! me dit-elle ; tu ne m’as pas donné un b****r, tu ne m’as pas dit un mot d’amour durant le voyage. Tiens, tu ne m’aimes pas, tu ne m’aimeras jamais autant que lui ! – Lui ? dis-je avec une soudaine colère que je ne pus renfermer. De qui parlez-vous ? De l’officier de Pampelune, du professeur de musique, ou de M. Brudnel ? Je m’arrêtai effrayé de m