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Le Batteur d'estrade

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La preuve irrécusable du récent passage d’un homme dans la forêt Santa-Clara constituait non-seulement pour la petite troupe des aventuriers un événement mystérieux, mais aussi un fait de la plus haute importance.En effet, il n’était guère probable qu’un homme eût osé et pu pénétrer seul au cœur de cette dangereuse solitude. Mais alors quels étaient ses compagnons ? Quels desseins secrets poursuivaient-ils ? Qu’attendre de leur rencontre ? Une alliance ou un choc ?Toutes ces pensées, qui se présentaient rapides et confuses à l’esprit des Mexicains, leur faisaient garder un anxieux silence.

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La forêt Santa-Clara-1
LE BATTEUR D’ESTRADE PAR PAUL DUPLESSIS 1856 © 2021 Librorium Editions ISBN : 9782383830535 Table des Matières La forêt Santa-Clara Le daim enchanté Joaquin Dick Le bienfaiteur de son village L’avertissement La ferme de la Ventana La fille de la Vierge Le secret d'Antonia Le départ Le guet-apens Master Sharp La statue Une bonne affaire Les deux entretiens Un vrai gentilhomme Il y a dix-huit ans L’Américaine et le Canadien Le serment de vengeance Lennox L’aveu La Polka Un duel au revolver L’insulte Le départ de San-Francisco L’entrée en campagne Le pressentiment Le trappeur diplomate Les deux lettres Le retiro L’entretien Un singulier hasard Devant Dieu Les craintes d’Antonia Le vautour L’honneur Les deux rivaux L’explosion La catastrophe Le désespoir de Panocha Le coffret L’expiation L’interrogatoire Le châtiment L’Apacheria Le père et l’époux Une rencontre Un heureux augure Le conseil de guerre L’épervier et la colombe Le dormeur yankee La rançon Joaquin et Antonia Trop tard ! La mission de Grandjean Le passage du Jaquesila Le combat Une résolution suprême La délivrance Le repentir La fuite Le voladero L’agonie La séparation Le fléau de son village PREMIÈRE PARTIE I LA FORÊT SANTA-CLARA. Vers le milieu du mois de juin de l’année 1852, une petite troupe, composée de sept cavaliers, traversait péniblement et en silence une forêt du Mexique, la forêt Santa-Clara. Brûlés par le soleil et amaigris par les privations, les visages de ces hardis voyageurs portaient l’empreinte de cruelles et récentes souffrances, de même que leurs vêtements de cuir, déchirés par les ronces et incrustés de poussière, accusaient de rudes fatigues. Nous avons dit : hardis voyageurs, et cette épithète n’a rien d’exagéré : car pour avoir osé et pu pénétrer là où se trouvaient ces hommes, il fallait être doué d’une double force morale et physique à toute épreuve. Quoiqu’une distance de deux cents lieues au plus, à vol d’oiseau, sépare la forêt Santa-Clara de la ville de San-Francisco, pas un des téméraires et aventureux habitants de la nouvelle Babylone américaine n’avait encore foulé du pied ce sol vierge de tout contact européen. Crevassée d’horribles précipices, émaillée de serpents, peuplée de jaguars et de panthères, n’offrant aucune ressource contre les tortures de la faim et les angoisses de la soif, la forêt Santa-Clara n’avait abrité jusqu’à ce jour que des Indiens Apaches, hôtes certes plus féroces, plus malfaisants et plus redoutables que les reptiles et les bêtes fauves. Adossée au nord contre, le golfe de Californie, bornée au sud, à l’ouest et à l’est par ces immenses et inexplorées solitudes que les géographes contemporains les mieux informés sont réduits à désigner sur la carte par d’humbles points d’interrogation et de modestes hachures, la forêt Santa-Clara est en outre défendue contre l’envahissement des émigrants européens par la difficulté presque insurmontable que présente son itinéraire, que l’on parte de San-Francisco ou de Guaymas. Longer les bords à peu près impraticables du golfe de Californie, traverser le rio Colorado, franchir une triple barrière de montagnes [1] où marcher continuellement à travers des tribus ennemies, présente des difficultés que l’amour le plus effréné de l’or ne songerait pas même à vaincre. Le trajet de San-Francisco à Santa-Clara est d’environ neuf cents milles anglais ou douze cents kilomètres ; mais de Guaymas, port mexicain, à cette forêt, la route n’est guère de plus de trois cents milles, ou cent lieues. Le cavalier qui marchait en tête de la petite troupe, et lui servait de guide, présentait dans sa personne un singulier mélange de civilisation et de barbarie ; son accoutrement, moitié mexicain, moitié indien n’aurait pas permis de préciser sa nationalité, si sa peau rouge, son front déprimé, ses traits bizarrement accentués ne l’avaient désigné tout d’abord comme appartenant à la grande famille des enfants libres du désert ; en effet, c’était un Indien Seris pur sang. Derrière l’Indien, et profitant de l’espèce de sentier momentané qu’il traçait dans sa course, quatre Mexicains solidement et nonchalamment campés sur de maigres et infatigables chevaux originaires de l’état de Sonora, le suivaient pas à pas ; chacun de ces mexicains, qui soit dit entre parenthèses, paraissaient appartenir à la classe des aventuriers de la pire espèce, portait à l’arçon de sa selle un sabre droit, une paire de pistolets et une courte carabine ; en outre, un long et solide couteau soigneusement affilé, dont le manche seul apparaissait à la hauteur du genou, était retenu par une jarretière en fils d’aloès dans les plis de leurs bottes vaqueras ; ce couteau, arme plutôt défensive qu’offensive, sert à trancher le nœud du lazo ennemi qui vous enveloppe dans une mortelle étreinte. Le sixième cavalier cheminait à une distance d’environ cent mètres de l’avant-garde. C’était un homme de haute stature, une espèce de géant aux larges épaules, à la constitution robuste ; l’expression d’apathique indifférence habituelle à son visage, grossièrement modelé, semblait indiquer, de prime-abord, un manque absolu d’énergie et d’initiative ; toutefois la fixité et l’assurance de son œil, sec et dénué de rayonnement, disait d’une façon à ne pouvoir s’y méprendre la détermination unie à la volonté ; évidemment cet homme, malgré sa banale et vulgaire apparence, méritait et devait éveiller l’attention de tout observateur : il se nommait Grandjean, était originaire du Canada et touchait à la cinquantaine. Soit qu’il craignit d’ensanglanter son visage aux lianes épineuses accrochées aux arbres et balancées par le vent dans l’espace, soit qu’il eût compassion de la monture, le Canadien marchait à pied, tirant après lui son cheval par la bride ; au reste, il paraissait peu soucieux de ce surcroît de fatigue. Le septième et dernier cavalier de l’aventureuse petite troupe était, sans contredit, le plus remarquable de tous ; il devait avoir de vingt-huit à trente ans : ses manières hautaines, son buste nerveux et élancé, un je ne sais quoi d’essentiellement aristocratique qui se décelait jusque dans ses moindres mouvements, sa façon fière et superbe de relever la tête ; tout enfin dénotait en lui, sinon l’habitude, au moins le goût inné du commandement. Ses bras, démesurément gros et développés comparativement à la finesse de sa taille, indiquaient une puissance musculaire peu commune ; néanmoins ses mains, de forme irréprochable malgré leur nerveuse maigreur, eussent été enviées par bien des femmes. Ses traits d’une beauté réelle pris isolément, présentaient dans leur ensemble quelque chose d’antipathique. La raison de cette impression étrange provenait du singulier regard qui tombait de ses yeux, d’un gris clair et verdâtre. Ce regard, assez semblable à celui du reptile fascinant sa proie, exprimait à dose égale le dédain, la méfiance et la férocité. Un homme prudent se serait abstenu sans doute d’asseoir un jugement définitif sur de tels indices, mais il aurait à coup sûr évité le contact de cet inconnu et repoussé son intimité. Les aventuriers, placés sous ses ordres, car les six cavaliers dont il vient d’être question étaient à sa solde, ignoraient son nom de famille, et l’appelaient simplement el señor don Enrique, M. Henry. Au moment où commence notre récit, le soleil déclinait à l’horizon ; l’atmosphère, accablante pendant la journée, avait repris un peu de fraîcheur ; les cris discordants de milliers d’oiseaux aux formes fantastiques et aux étincelants plumages, retentissaient de tous les côtés ; les cimes des arbres, courbées par l’ardeur du soleil, relevaient doucement leurs verts panaches : tout annonçait l’approche de la nuit. Don Enrique, les sourcils froncés, l’air soucieux, paraissait, depuis un instant, livré à de pénibles réflexions ; tout d’un coup il ramena à lui la bride, qu’il laissait distraitement flotter sur le cou de sa monture, et stimulant d’un vigoureux frottement d’éperon le pauvre animal, harassé de fatigue, il rejoignit le flegmatique Canadien. — Grandjean, dit-il d’un ton bref, je veux que nous sortions de cette forêt avant la fin du jour. Remonte à cheval et fais en sorte que mon ordre soit promptement exécuté. — Ma foi, monsieur Henry, répondit le Canadien d’une voix traînante et avec un accent normand des plus prononcés, voilà ce que j’appellerai, sauf votre respect, parler pour ne rien dire !… Je comprends parfaitement bien que vous souhaitiez avec ardeur camper cette nuit en rase campagne, mais comment diable voulez-vous que je réalise votre désir ? Pas plu que vous je ne connais les solitudes du monte Santa-Clara… Jamais jusqu’à ce jour je ne me suis aventuré dans cet océan de verdure !… — Si ton expérience de la vie du désert est tellement incomplète que tu aies besoin d’avoir cent fois parcouru une route pour réussir à t’orienter, ce n’était pas la peine de t’engager à ma solde ; le premier mendiant aveugle m’aurait rendu les mêmes services que toi. À cette apostrophe le Canadien resta impassible et continua d’avancer d’un pas égal, en tirant toujours après lui sa monture. — Ne m’as-tu pas entendu ? reprit d’un ton menaçant celui qu’on appelait M. Henry. — Certes, oui. — Alors pourquoi ne me réponds-tu pas ? — Parce que je hais les querelles inutiles, monsieur Henry. — Tu es fou ! tu oublies l’infranchissable distance que l’éducation et la naissance ont mise entre nous deux ! Tel mot qui dans la bouche de mon égal constituerait à mes yeux une mortelle injure, devient, en passant par tes lèvres insignifiant et sans portée !… Ta peux t’expliquer sans crainte. — Ce n’est pas là crainte, mais seulement l’ennui qui me fait garder le silence, monsieur Henry, dit froidement le Canadien, je déteste les discussions inutiles. Enfin ! puisque vous tenez tant à causer, causons. Tandis que Grandjean prononçait ces paroles, le visage de M. Henry se teignait et se couvrait alternativement de la rougeur de la colère et de la pâleur de la rage. Un moment il parut sur le point de céder à la violence de ses sentiments ; mais bientôt, soit qu’il eût pitié de l’infériorité morale de son interlocuteur, soit plutôt qu’il ne jugeât pas le moment opportun pour se priver de ses services, les muscles contractés de son visage se détendirent, l’éclair de son regard s’éteignit, et ce fut sur un diapason beaucoup moins élevé qu’il reprit l’entretien. — Quel motif te fait supposer, Grandjean, que je désire si ardemment camper cette nuit hors de la forêt ? lui demanda-t-il. — Dame ! il n’est pas nécessaire d’avoir reçu une bien grande éducation pour savoir que Dieu a donné aux hommes et aux animaux un puissant instinct de conservation ! Tout être vivant fuit la mort ! — Mes jours sont-ils donc menacés ? — Je le crois ! Un sourire de souverain mépris glissa sur les lèvres minces de M. Henry. — Et c’est dans cette forêt que les ennemis ou les traîtres que j’aurai bientôt à combattre ou à punir, espèrent accomplir leur œuvre sanglante ? — Je l’ignore. — Tu mens, et tu es toi-même un traître ! s’écria le jeune homme en portant sa main droite au pommeau de sa selle qui soutenait les fontes de ses pistolets. Le Canadien vit et comprit parfaitement ce mouvement, néanmoins aucune trace d’émotion n’apparut sur sa figure. — Monsieur Henry, dit-il d’une voix toujours aussi calme, vous ne me prouverez jamais, quelque savant et quelque instruit que vous soyez, qu’avertir un homme de se tenir sur ses gardes, ce soit lui être hostile et se montrer son ennemi !… Laissez donc vos pistolets en repos… Vous maniez les armes à feu d’une manière très-convenable… j’en conviens… Toutefois, malgré la remarquable justesse de votre vue, malgré la fermeté de votre main, vous ne comptez encore que parmi les tireurs secondaires de la frontière ! Votre trop grande fougue nuit à la précision de vos mouvements… Avant que vous n’ayez sorti votre revolver, j’aurais, moi, le temps de charger ma carabine et de vous envoyer une balle en plein corps !… N’allez pas croire au moins que ce soit là une menace que je vous adresse ; non, c’est un simple avertissement que je vous donne. M. Henry haussa les épaules d’un air de pitié. — Trêve de vains propos et allons au fait ! dit-il : comment se peut-il que, sachant que l’on en veut à mes jours, tu ignores quels sont mes ennemis et quels projets ils ont formés contre moi ?

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