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Je reste un long moment devant ma penderie parfaitement rangée, admirant le travail de maître que je viens fournir. Mon nouveau appartement à Camdem est déjà meublé, je n'ai eu qu'à ranger mes affaires et faire un peu de ménage, ici et là. Je dépose mon très cher appareil photo bien en évidence sur le bureau, pour l'avoir à porté de main.  J'ai toujours photographiée tout ce que je pouvais, depuis l'adolescence. C'est une sorte de journal intime, de témoignage imagé de ma vie. Je n'ai jamais montré mon travail à qui que ce soit, je me plais à juste prendre des clichés pour me souvenir des émotions que j'ai ressentie à différentes étapes de mon évolution.   C'est donc la mine réjouit, que je me décide à sortir prendre l'air frais, afin de faire quelques courses pour découvrir le nouveau quartier qui sera mon chez moi à présent. Je n'ai pas l'habitude des grandes métropoles comme Londres, mais je pense pouvoir me repérer facilement. Bristol, là d'où je viens, est une grande ville, mais bien plus modeste en terme de population! J'y ai passé l'essentiel de ma vie et à présent, en plus de tourner la page d'une histoire compliquée, je voulais me plonger dans la frénésie d'un endroit qui m'était complètement étranger.  Je passe ma veste, prend mon sac et sors de l'appartement. Je marche d'un pas décidé vers le Asda de ma rue. Quand le vent caresse mon visage, je me sens incroyablement libre et ne peux réprimer un sourire. Je suis libre pour la première fois de ma vie, et j'aime ça... ... L'existence que j'ai voulu fuir, me reviens en mémoire pendant ma petite promenade... Le petit appartement près de l'université que je partageais avec Eric... Les déjeuners avec mes parents le dimanche et les diners le mercredis soirs avec les siens... Dire que je pensais que ce serai ça, ma vie! J'avais acceptée le fait de mener une existence ordonnée, sans éclats, ni fantaisies... J'étais prête à l'accepter par amour... du moins, jusqu'à ce que je comprenne qu'on ne fait pas de compromis par amour, on les fait pour soi, car l'amour, le vrai, c'est de ne jamais se compromettre! Eric : " J'ai commencé à avoir des réponses pour les postes que je convoite... normalement, pour New York se serait bon. " dit-il, nonchalamment. Ella : " Quoi? New York? Quand comptais -tu me dire que tu voulais aller à New York? " dis-je avec surprise.  Eric : " Je te le dis maintenant... je ne pensais pas que ça marcherais aussi vite, et je ne voulais pas me faire de fausse joie... " Ella : "  Tu ne m'as jamais demandé si moi, ça m'intéresserais de partir dans un autre pays?! Ma famille et mes amis sont là, et il me reste un semestre avant de terminer mes études! " Eric : " Un master en beaux-arts? Tu ne trouveras jamais de travail avec ça, donc autant partir avec moi et essayer de voir si tu peux faire quelque chose de plus stimulant... " dit-il, naturellement.  À ce moment là, je me suis pris une claque en pleine face! Je venais de comprendre qu'il ne m'avait jamais pris au sérieux et que surtout, il pensait que je le suivrai partout car je n'aurais que ce choix là. Ella : " Non. " répondis-je, agacée. Eric : " Quoi, non? " Ella : " Non. Je n'irai pas à New York, et non, je ne changerai pas mes plans pour obtenir un travail plus "stimulant", comme tu te plais à le penser! L'art est tout aussi essentiel, voir plus important, que les chiffres que tu manipules pour faire du business avec des grandes entreprises! Je ne suis pas ta chose, que tu poses ici et là... J'ai des rêves et je veux aussi les réaliser! " Eric : " Rien ne t'empêche de le faire aux États-Unis, tu pensais qu'on resterais dans ce coin perdu pour toujours? Réveille-toi! " Ella : " Bristol n'est pas un coin perdu! J'ai toujours su que nous ferions notre vie ailleurs, mais je me disais que tu aurais au moins la décence de me demander mon avis avant, et ne pas tout diligenter dans mon dos! Depuis quand penses-tu que je perds mon temps à l'université!? Tu ne m'a rien dis ! Tu t'attends à ce que je sois résignée à tout tes caprices? " Eric : " Écoute, si tu ne comprends pas et bien je n'ai pas la patience de t'expliquer! Moi je pars! Soit tu suis, soit tu restes, mais ce sera sans moi! " dit-il, avant de quitter la pièce.  J'ai été abasourdie par ses menaces! Nous nous sommes rencontrés en première année et il a été celui qui m'a initié... à tout... très vite nous sommes devenus fusionnels et nous avions la certitude que notre vie, nous la ferrions ensemble. Cette certitude, s'est transformée en routine et avant même que nous soyons parvenu à la fin de nos études, nous étions déjà une caricature de couple grabataire... Il avait des positions arrêtés sur tout! Puis il s'est mis à sortir, souvent... et sans moi... je n'ai jamais aimé ça, alors je restais à la maison ou avec mes amies, de mon côté.  La révélation arriva, lorsque je me sentie prête à le suivre, incapable d'imaginer une vie sans lui... il faut croire que dans cette relation, il n'y avait que moi qui était prête à tous les sacrifices... Je me revois encore... après avoir mûrement réfléchis... j'ai réussi à me convaincre qu'un départ serais le nouveau souffle qu'ils nous fallait pour continuer à vivre en harmonie. Heureuse de ce constat, je me précipita au pub qu'il avait l'habitude de fréquenter avec ses amis... l'effroi me saisit quand je le vis avec une jeune femme blonde, assise sur ses genoux, qu'il embrassait goulument... ses amis, autour de lui ne lui disait rien, alors qu'ils savaient pertinemment que j'étais dans sa vie. Ils discutaient comme-ci de rien n'était, comme-ci je n'existais pas! C'est ce qui m'a fait le plus de mal, c'est l'absence de réaction. Je ne faisais déjà plus partie de sa vie, et ce depuis longtemps, je ne l'ai compris qu'à ce moment là. Au lieu de lui faire une scène (qu'il aurait mérité), je me suis contentée de rentrer chez moi et de faire mes valises. J'ai attendue qu'il rentre, longtemps... et puis quand il a poussé la porte, il a regardé mes valises et à froncer les sourcils. Eric : " Qu'est-ce-qu'il se passe? " Ella : " Je ne voulais pas partir sans te le dire de vive voix... Je ne veux plus jamais te revoir de ma vie! Tu me dégouttes et rien de ce que tu pourras dire ou faire changera cela... Où étais-tu, cette nuit? " Il me regarde. La mâchoire serrée, il sait qu'il est découvert mais cherche un moyen s'en sortir.  Eric : " Tu m'as espionné? " dit-il, en colère. Ella : " Non. J'aurais voulu le faire, au moins ça m'aurait évité de perdre mon temps... je suis partie te rejoindre au pub, pour t'annoncer que je voulais venir à New York avec toi... mais à présent, il n'en ai plus question! Les choses sont allés trop loin..." dis-je en me levant et marchant jusqu'à la porte. Alors que je m'apprête à prendre mes bagages, il me retient par le bras et me tire à lui. Eric : " Tu es sûr que c'est ce que tu veux? Car si tu passes cette porte, je n'essaierai pas de te reconquérir, ni de prendre contact avec toi! Si c'est une tentative pour me faire ramper vers toi, tu te fourvoies lourdement. " dit-il, avec hargne.  Je me dégage violemment de son éteinte et le gifle. Je me retiens depuis si longtemps, que ces dernières paroles me libèrent!  Ella : " Va te faire foutre, Eric! " dis-je avec virulence. ... Le retour chez mes parents fut humiliant mais nécessaire. Il me restait deux mois de cours avant la validation de mon mémoire. Je m'y suis donc jetée corps et âme, ce qui m'a permis d'avoir d'excellentes notes et une mention. J'ai postulée dans tous les musées et galeries de la capitale, persuadée qu'un changement d'air était nécessaire. Partout où je passais dans Bristol, me rappelait Eric et je ne voulais plus croiser nos connaissances communes. Quand on m'a proposée du travail dans le quartier de Camden, j'ai pris le premier train pour passer un entretient! Je ne voulais pas rater cette opportunité! Par chance, j'ai été prise immédiatement et les démarches pour m'installer on suivit. La Camden Art Centre est l'une des plus prestigieuse galerie d'art de Londres, et avoir été retenue pour y travailler était le signe pour moi, que j'avais eu raison... que je ne m'étais pas trompée. À présent, je vais m'occuper de moi et de moi seule, sans laisser quelqu'un monopoliser mon univers! Un vent de liberté à souffler sur ma vie et je ne veux pas qu'il s'évapore! ... Dans le supermarché, je choisis ce qui me fait envie: beaucoup de plats préparés, quelques légumes et fruits, mais surtout, de la glace! J'ai toujours adoré ça, alors qu'Eric ne la supportait pas!  De retour à mon appartement, j'enfourne un plat de lasagne dans le four, avant de partir prendre une longue douche chaude. À ma sortie de la salle de bain, c'est joyeuse et revigorée que je m'installe dans mon canapé devant une série Netflix. En dégustant mes lasagnes, je savoure aussi le goût de mon indépendance, et c'est divin!