Chapitre III UNE ENIGME ELUCIDEE

4185 Mots
  Nous sommes le vingt Janvier deux-mille-un à l’Université Félix- Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody. Tous les nouveaux bacheliers avaient été invités dans cette université pour finaliser leurs inscriptions aux différentes scolarités respectives prévues à cet effet. Imaginez votre premier jour dans cette université mythique, gigantesque, endimanchée, rayonnante de mille feux qui vous accueillait sous son plus beau jour. Le temple du savoir, la maison des docteurs : ces intellectuels qui ont atteint le summum de leur art cognitif.                                                                             Le lieu dans lequel le niveau de langue était soutenu, le lieu dans lequel vous assisterez à l’édification réelle de votre esprit, le passage d’une salle de classe à un amphithéâtre, d’une trentaine d’élèves à une trois-centaine parfois même un millier d’étudiants. Le lieu d’enseignement par excellence, l’apprentissage des études hautes, le lieu où la connaissance était choquée et ne faisait que se remettre en cause de théorie en théorie. Le temple de l’intellectualisme restreint à une catégorie de personne : les intellectuels.    Ce qui m’intriguait le plus dans cette université, c’était son logo mystérieux dont on ne percevait pas bien les éléments qui le composaient. Il s’agissait en réalité d’une langue de feu à l’intérieur d’un masque biface du peuple Sénoufo : le « Wambêlê », un masque emblématique du Poro, une société secrète du pays Sénoufo. Alors pourquoi le choix de ce masque ? Selon les anciens, ce masque biface représentait la lutte entre « le bien et le mal, l’avenir qui faisait face au passé, le blanc qui se mêlait au noir ». C’est un masque bienfaiteur qui accompagnait les jeunes garçons dans leur initiation au Poro dont la durée de formation était de quatre-vingt-dix jours dans une forêt sacrée. Ce masque parce qu’il avait la connaissance du bien et du mal et qu’il accompagnait ces jeunes Sénoufo tout au long de leur formation, pouvait s’apparenter aux professeurs qui censés assister leurs étudiants tout au long de leurs parcours universitaires. Et qui connaissaient mieux que ces derniers les forces et les faiblesses de leurs apprenants ? Quant au feu présent sur le logo de l’université, il représentait la connaissance, le savoir. C’était le feu sacré que Prométhée avait dérobé aux Dieux, le savoir qu’il avait apporté aux hommes. C’était le feu de la connaissance au prix duquel Prométhée, personnage mythologique Grec reçut un châtiment éternel.       Dix ans bien avant aujourd’hui, un genre musical avait vu le jour au sein de cette université de Cocody. Ce genre musical que je qualifierai de science qui avait pour précurseur un illustre virtuose qui répondait au nom de Bilé Didier. Tout comme la grammaire textuelle était le prolongement de la grammaire générative, le Zouglou était né des cendres du « Wôyô » Fesciste. Cependant, il se démarquait par son rythme, le rythme endiablé des tam-tams typiques d’Afrique, l’Afrique de la joie, l’Afrique des danses, l’Afrique des humeurs bonnes ! Le Zouglou comme je l’ai dit était une science et les adeptes de cette science répondaient au nom de « Zouglouphyle ». Pour ambiancer en Zouglou, il fallait un lead vocal, des instrumentistes si possible et sans oublier les répondeurs car ce sont eux qui apportaient la chaleur indispensable pour réchauffer les cœurs. En Zouglou on ne dansait pas, on libérait. La danse du Zouglou n’était pas une danse profane non, elle était sacrée, la preuve, tout le monde ne savait pas danser le Zouglou. Et comme toute science digne de ce nom elle avait un fondement épistémologique de base : la souffrance des étudiants de l’époque. Et c’est dans ce contexte satirique qu’il est né. Sa recette traditionnel pouvait s’expliciter ainsi, énumérez des tares estudiantines, ajoutez-y du bon rythme à l’Africaine par le biais des tamtams et une voix exceptionnelle qui profère, terminez en ajoutant une touche d’humour et de bonne humeur et de ce bon cocktail vous obtiendrai du Zouglou ! Il se démarquait également par sa danse, une danse philosophique car elle usait d’une gestuelle particulière pour implorer le Seigneur afin qu’il ait pitié des pauvres étudiants qui souffraient ! Et comme on dit chez nous, « en Zouglou, ça réussi toujours ! » Ce genre musical, de par son esprit de conquistador a dépassé les frontières de l’université pour s’imposer sur l’ensemble du territoire national avant de s’exporter dans le monde entier.                                                                                                                          Mais comment vous parlez de l’Université Félix Houphouët-Boigny sans vous parler de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire en abrégé, la FESCI dont le credo éternel est : l’espoir d’une lutte ? Présenter l’université sans dire un mot sur cette association syndicale, pour moi, serait un crime. Je le dis toujours, ceux qui ne savent pas et qui ne poussent pas leur capacité de discernement plus loin que le bout de leur nez, qui ne font aucune preuve d’objectivité et qui s’appuient sur l’opinion des autres pour condamner, ceux-là, je les plains. Ils ne savent pas mais parle pourtant.    Nous quittons l’an deux-mille pour revenir dix en arrière, l’an mille-neufcent quatre-vingt-dix. Cette année-là, je la qualifierai de mère car elle a mis au monde deux bijoux : Le Zouglou et son grand frère la FESCI (fondateur du Zouglou en réalité).                                                                       Pour ce chapitre, concentrons-nous sur la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire. Elle est née le vingt et un Avril mille-neuf-centquatre-vingt-dix au sein de l’église catholique Sainte-famille située à la Rivera Cocody.                                                                 L’université étant fermée pour cause de grève à cette époque-là, cette église était devenue l’arbre à palabre qui accueillait tout au long de cette même année, des réunions estudiantines multiples mais toujours à coloration unique : la chute du MEECI, le Mouvement des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire, le mouvement syndical scolaire de l’époque. Pourquoi la FESCI souhaitait-elle la dégringolade du MEECI ? Tout simplement parce que ce mouvement était corrompu, un réel instrument étatique qui, au lieu de défendre la cause estudiantine, ne faisait que sécher les larmes qui coulaient sur les visages. Ce rôle de cochon jouait en sa faveur. Elle ne s’activait pas réellement pour la cause estudiantine et scolaire, pour la résolution des malheurs des étudiants en se révoltant afin de toujours bénéficier de la générosité de l’Etat qui lui assurait les poches bien pleines. Rappelons que nous évoluons toujours dans le contexte du monopartisme du PDCI-RDA tout puissant en Côte d’Ivoire qui en ces temps-là, faisait du MEECI « la seule et unique voix du monde scolaire et estudiantin ». Mais le trente Avril mille-neuf-cent-quatre-vingtdix, Le PDCI-RDA « lâche du lest », faisant sauter le loquet de l’assurance du MEECI. Conséquence, l’avènement du multipartisme sur l’ensemble du territoire national et au sein de l’université Félix Houphouët-Boigny, ouvrant ainsi les portes à une anarchie estudiantine : l’Etat se retrouve face à face avec des étudiants enragés, animés d’une certaine rancune et d’un esprit de contradiction. Les hostilités semblèrent être inévitables.                           « Brutalement sevré » des subventions étatiques qu’elle recevait, le MEECI avait perdu ses repères et n’arrivait plus à maintenir l’ordre au sein de l’université et des établissements scolaires. Une occasion en or pour la FESCI de prendre les rênes de l’université avec pour premier secrétaire général Ahipeaud Martial car elle était le syndicat, le mieux indiqué pour gérer les étudiants afin d’éviter le c*****e en milieu intellectuel Ivoirien qui semblait se dessiner à l’horizon. Il lui fallut moins de deux ans pour rétablir l’ordre et se trouver seul maître des étudiants.   Certaines personnes se posent plusieurs questions sur l’usage de la violence par la FESCI. Cette violence que je ne soutiendrai jamais mais que je qualifierai de justifiée.   Souvenez-vous en Février mille-neuf-cent-quatre-vingt-deux, un débat contradictoire avait été prévu par les étudiants eux-mêmes à la cité universitaire du château d’eau, ladite « Cité rouge » opposant Laurent Gbagbo et Bernard Zadi Zaourou d’une part à Djédjé Mady et JeanJacques Béchio d’autre part. Un débat qui sera finalement interdit à la dernière minute par les autorités. Les étudiants en tant qu’organisateurs et destinataires de ce débat, n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement en manifestant. Et Leur geste de contrariété fera l’objet d’une coercition policière sévère, bafouant même les droits universitaires et l’exil de certains protagonistes en Europe, accusés de monter les étudiants contre le pouvoir politique en place. C’est le début de l’installation de la violence dans les mœurs ivoiriennes.     Sous Ahipeaud Martial secrétaire général de la FESCI à cette époque, les étudiants et élèves investissaient plus les rues que les amphithéâtres, salles de travaux dirigés et de cours. Puis s’en suivirent les manifestations des travailleurs du secteur publique en raison de la diminution des salaires mensuels dû à la crise économique des années quatre-vingt-dix.     Abidjan, le seize Juin mille-neuf-cent-quatre-vingt-onze. Thierry Zébié, un étudiant loubard, un véritable fourbe de la FESCI passe du côté obscur de la force et sous commandement de ses supérieurs politiciens, assujettissait avec ses quelques partisans, tout étudiant allant contre les principes de l’Etat ivoirien. Il était temps de sonner le glas, de mettre un terme à cette mascarade. Alors, une foule d’étudiants descendus du campus par la cité Mermoz armés de projectiles avaient pour objectif de faire avaler à Thierry Zébié son extrait de naissance à « Dien bien phû » comme ils ont eux-mêmes surnommés le théâtre de cette bataille pour disent-ils « libérer le Koweit ». Chose qu’ils réussissent. Depuis lors, les sifflets pour vider les salles et amphis sont abandonnés au détriment de « jah gunt » lance pierre et « lacry-baoulé » lacrymogène artisanale à base de poudre de piment. C’était pour leur propre sécurité sans quoi, ils étaient susceptibles d’être mis à mort par les « lambda », étudiants n’appartenant pas au mouvement syndical qu’est la FESCI. Et il fallait aussi noter que le gouvernement du PDCI-RDA ne comprenait qu’un seul langage : celui de la violence. Et c’est dans ce contexte chaotique entre violence étatique, estudiantine et policière que le système éducatif ivoirien évoluait. La FESCI avait dépassé le niveau de simple association car elle était à présent devenue un esprit qui avait survécu à toutes ces épreuves difficiles, là où les autres mouvements et associations syndicales estudiantines sont tombés. En plus de cela, la FESCI luttait réellement corps et âme pour le bien-être des étudiants et élèves de Côte D’Ivoire.      L’année deux-mille semblait quant à elle avoir échappé à cette époque de luttes incessantes pour le bien des étudiants. Elle avait au contraire bénéficié du calme après la tempête. A croire que le changement de millénaire était bénéfique plutôt que chaotique comme on le croyait.    Isaac, étudiant en licence I durant l’année deux-mille-un en faculté des lettres modernes avait un penchant pour la linguistique. Comme son père lui avait annoncé il y a un an de cela, il fut le major de sa promotion universitaire et ce malgré sa minable mention obtenue à l’examen du baccalauréat l’an passé (deux-mille). Il était très apprécié des enseignants, mais aussi des étudiants en raison de son ardeur en étude, son attachement au travail bien fait, sa disponibilité et le respect dont il faisait preuve à l’endroit de ces derniers.   Pendant que tout semblait allé bien pour lui, la même scène étrange d’il y a six ans se reproduit. Un dimanche matin, il se réveilla une fois de plus dans le corps de Marie Jeanne. Cette nouvelle permutation des âmes effaçait toute éventualité de coïncidence. S’il se réveillait dans le corps de cette dernière, ce n’était pas par le fruit du hasard. Un lien inconnu devait les lier elle et lui. Il se mit soudainement à caresser les seins qu’il avait juste par pure curiosité ou instinct masculin et vit que c’était agréable. Marie Jeanne se réveilla elle aussi simultanément dans le corps d’Isaac. Elle s’avait dorénavant ce qui se passait. Elle sortit de la chambre afin de voir si elle pouvait reconnaitre l’endroit où elle était quand soudain elle entendu des bruits émis par le fils du tuteur d’Isaac qui regardait la télévision. Elle s’approcha de lui en demandant : -      Dans quelle ville sommes-nous ?  -      Bingerville. Lui répondit le jeune homme d’un air amusé.  Pour lui, c’était un nouveau jeu inventé par Isaac comme il savait très bien le faire.  Elle sentait qu’elle allait bientôt regagner son corps et pour ne pas créer de noises à Isaac, elle s’enferma dans sa chambre pour que le rituel de restitution respectif des âmes puisse suivre son déroulement. Isaac le savait aussi. Il prit donc les dispositions nécessaires de son côté pour ne pas attirer l’attention des parents de Marie Jeanne. Et comme auparavant, tout se mit en ordre par le biais d’une transe. Marie Jeanne connaissait à présent, le lieu où résidait Isaac et songea à aller à sa recherche. Isaac quant à lui n’en pouvait plus. Il désirait absolument connaître la cause de ces échanges de corps étranges. C’était mystique ! Et quoi de plus logique que de soigner le mal par le mal et le mysticisme par du mysticisme. Il se souvient alors de l’un de ses condisciples. Un fameux Kader qui ventait la dernière fois les compétences mystiques de son géniteur : Un grand marabout selon ce dernier ! Isaac le contacta afin d’obtenir un rendezvous avec son père : le marabout en question pour que celui-ci l’aide à desceller l’origine de son mal. Kader accepta mais ce service n’était pas gratuit et comme tout rite mystique, il fallait prévoir un sacrifice. Il demanda à Isaac d’avoir sur lui au moins la modique somme d’achat d’un poulet et un montant à hauteur de cent francs CFA en pièce de dix francs. C’était la prescription qu’il pouvait lui donner en tant qu’apprenti marabout. Isaac eut tant bien que mal l’argent du coq ainsi que les pièces de dix francs et le lendemain dans la matinée, Kader et lui prirent le bus pour se rendre dans la commune d’Abobo précisément au quartier PK18. Le nom Abobo tire son étymologie de « A bor bor », ce qui signifie en langue Atchan « c’est beaucoup ». En effet, cette commune appartenait au peuple Ebrié. Elle était auparavant le reflet de la terre fertile. Même si elle n’était pas connue de nos jours pour ses terres cultivables.    Isaac n’avait jamais mis les pieds dans cette commune d’Abidjan dont la superficie atteignait les quatre-vingt-dix kilomètres carrés avant ce jour. Cette commune qui était en ce temps-là, la deuxième commune d’Abidjan la plus peuplée. Elle a joué pendant les dernières décennies du premier millénaire, le rôle d’asile des migrants aux moyens financiers maigres. Elle s’est développé près de la gare ferroviaire du Banco, l’actuelle ligne de chemin de fer Abidjan-Niger.      Après plusieurs minutes de marche dans le quartier de PK, Isaac et Kader arrivent dans une sorte de « cour commune ». A l’intérieur, une multitude de femmes et d’enfants accueillaient Kader à son arrivée. Des salutations en langue malinké à n’en point finir s’en suivis. On prendra quelques nouvelles d’Isaac avant de lui apporter à boire dans une calebasse. Devant lui, se déroulait un spectacle assez ordinaire : Celui de combat de coq au sein de ladite cour. Un jeune mal dont la crête était à peine visible tenait à défier un coq plus vieux, plus expérimenté, à l’ergot mûr dans le but de courtiser une poule dans la fleur de l’âge. Des jeux de jambes s’engagèrent de part et d’autres. Le jeune coq plus frais, semblait détenir les clés du combat. Le vieux coq plus expérimenté avait des jeux de tête remarquables et incroyablement efficaces pour esquiver les coups de bec durs de son jeune adversaire et Il ne se contentait que de ça. Après avoir jeté toutes ses forces dans la bataille, le jeune coq se retrouvait à présent à bout de souffle permettant ainsi au vieux coq de faire parler son expérience de combattant. Ce dernier lui infligea des coups de bec puissants et précis en pleine tête. Roué de coups de bec surpuissants et mortels, le jeune coq battit en retraite. Il prit rapidement ses jambes à son cou oubliant son honneur ainsi que son objet de désir. Le vieux coq victorieux et sans rival, pouvait à présent se poser sur la poule ravissante pour jouir d’un effort bien mérité. Les femmes de ladite cour se moquaient du jeune coq perdant en disant en langue malinké « ika dôgô ibéfêka môgô côrôba finkê ! » ce qui signifie : Tu es petit et tu veux faire la chose des grands !   Il était environ midi et une assez bonne odeur de « tô » se répandait au sein de cette cour comme une trainée de poudre face au vent. Kader entra dans une des chambres pour annoncer la venue de son ami à son père avant de ressortir cinq minutes plus tard en invitant Isaac à entrer. Son cœur, battait la chamade et ses pieds tremblotaient comme un éléphant sur une tige de bois frais. On sentait une bonne dose d’adrénaline se dégager de lui. Toutefois, Il entra et s’installa. Sur les murs de cette pièce, étaient gravées des inscriptions en langue arabe. Il y avait dans cette même pièce un bac à sable, des calebasses et pleins d’autres objets mystiques de ce genre.  -        Ankaramôkô ! Voici mon ami dont je t’ai parlé. Depuis des années, il se réveille parfois dans le corps d’une fille. La fille en question, il l’a déjà rencontré une fois par hasard. Et elle aussi se réveille dans son corps au même moment.  -        Si je comprends bien jeune homme, la fille et toi intervertissez vos corps ! -        Euhh ! Oui papa de Kader… -        Non ! Ankaramôkô  -        Ce n’est pas bien grave Kader, il n’est pas habitué ! Que veux-tu que je fasse pour toi concrètement ?  -        Je souhaiterai Ankaramôkô que vous m’explicitez ce phénomène étrange, que vous me donniez tous les éléments nécessaires pour que je puisse comprendre ce mal et si possible, que vous l’éradiquiez pour que je puisse enfin vivre de façon paisible.  -        Bien remets de l’argent à Kader afin qu’il aille acheter de quoi offrir en sacrifice aux génies ! Chose qu’Isaac fit. Kader ! Achète un coq blanc, je le veux blanc sans aucune autre couleur sur lui ! On va faire un sacrifice au djinn de la connaissance. -        Ankaramôkô j’ai compris, je reviens tout de suite. Pendant la durée de Kader pour l’achat du coq blanc, le marabout en profitait pour en apprendre davantage sur la rencontre entre Isaac et Marie Jeanne. Ce dernier lui expliqua tout dans les moindres détails. Laissant apparaître un personnage mystérieux, un certain roi qui venait de temps en temps troubler sa quiétude en lui parlant d’une certaine fille qu’il aurait passé la plupart de son temps à chercher. Quand soudain, Kader revient avec un coq intact. Le marabout se saisit du coq et à l’aide de sa dague lui trancha les artères en s’assurant que le sang de l’animal coulait effectivement à l’endroit indiqué par le génie après consultation. Il entonna une incantation en langue arabe et se mit à faire des hachures dans le sable à l’aide de son index et son majeur. Il prit une calebasse dans laquelle il y avait un liquide inconnu et demanda à Isaac d’en boire. Chose qu’il fit et heureusement pour lui, ce breuvage n’avait pas l’air aussi dégoutant que ça. En réalité, il allait s’adresser au génie de la connaissance. Et tant que vous n’aviez pas bu de ce breuvage, le génie ne vous écoutait pas.  -        Parle au djinn de la connaissance, l’omniscient de de notre monde, celui qui trainait dans les eaux quand le verbe fut prononcé avant que n’apparaisse la race humaine.  -        O grand djinn, je veux que tu me montres l’origine de mon mal et que tu y remédies.     -        « Djinan faman déni-ni lamin ! tôrô mi bakan-ni abéfê iba bôyôrô fô. Akan-ki gnan chou djon néman ni ilé tê émi bé lônikêla bâyé ! émi ka kobêlo, sabari afôdjin-nin, kô mi bâ son djalani ». Ce qui signifie Grand djinn, écoute cet enfant ! il veut connaître la source de son mal. A qui doit-il s’adresser si ce n’est que toi le maître de la connaissance ! Toi qui sait tout, dis-lui s’il te plaît ! Guéri-le de ce mal qui le ronge.  Après un moment de méditation, le marabout se mit à sourire en disant « Initché ! Djinan faman initché ! ». S’adressant à Isaac  -        Le génie de la connaissance m’a raconté ton histoire, alors je te la raconterai à mon tour : Il y a très longtemps de cela, durant des siècles et des siècles en arrière, à une époque très éloignée où même la colonisation n’était pas encore née, là où l’Afrique rayonnait de plus belle dans sa corne, l’actuelle Ethiopie. Bien avant l’empereur Mara Tekle Haymont de la dynastie des Zagwé au XIème siècle, vivait un roi, un grand et puissant roi veuf : Toukichklan qui régnait dans le royaume d’Askoum vers le premier siècle. Contrairement aux autres princes, celui du roi Toukichklan était un grand guerrier-chasseur. Un homme de valeur sûr, digne d’être un futur roi à la hauteur des attentes de son peuple. Il n’avait que pour marotte l’activité de la chasse, il y consacrait la plupart de son temps. Il était souvent très impulsif car il tapait d’abord et s’expliquait ensuite. C’était un as de la guerre et du maniement des armes. Oracles et sorciers ne faisaient que chanter ses louanges lui donnant ainsi une notoriété plus grande que celle du roi Toukichklan lui-même. Il mesurait un mètre quatre-vingt-dix-sept pour cent kilogrammes environ. C’était un jeune homme robuste, beau et fort. En dépit de ses qualités guerrières, il avait un grand cœur. Il était très altruiste et avait un cœur pur malgré les crimes qu’il commettait lors des conquêtes guerrières. Il répondait au nom d’Enmoutef ce qui signifiait en langue Egyptienne, il ne mourra pas. Ce nom lui avait été attribué par son père en raison du décès de sa mère lors de sa naissance.       Un jour, un paysan qui partait dans ses champs accompagné de son épouse, eurent la malchance de croiser la  route d’un lion affamé. L’animal les attaqua et réussi à entamer la chair de cette pauvre femme  qui n’eut pas les compétences nécessaires qu’il fallait pour échapper à cette bête horrible. Le pauvre paysan, complètement impuissant, ne pouvait qu’admirer avec horreur, sa femme, la mère de ses enfants se faire déchiqueter par cet animal vorace. Il prit ses jambes à son cou pour alerter le royaume car jamais, on avait vu une telle scène se dérouler à Askoum. Oracles et sorciers affirmaient que ce lion n’était pas un simple animal mais plutôt un esprit mauvais déguisé et que si le roi ne faisait rien, son peuple subirait les frasques de ce lion qui décimerait le peuple d’Askoum. Le prince Enmoutef et quelques soldats d’élite prirent l’engagement de revenir avec la tête de ce lion devant tout le royaume. Les meilleurs sorciers des environs leurs préparaient des potions d’invincibilité et le lendemain en tenue de guerre, le prince et ses hommes prirent la route, leur objectif : retrouver le lion dévoreur. Ses hommes et lui se dispersèrent afin de retrouver ce lion de manière plus efficace. Contre toute attente, le prince en compagnie d’un de ses hommes se retrouvèrent nez à nez avec la bête féroce. Elle se jeta sur le prince qui réussit à la repousser à l’aide son bouclier. Incapable d’attaquer directement le prince, la bête s’en prit alors au soldat moins fort et lui infligea une morsure mortelle. Enmoutef se précipita vers la bête et lui transperça la bedaine par le biais de sa lance à double tranchants. Mais contre toute attente, le lion se dédoubla. Le prince estomaqué et distrait par ce tour de magie, fut frappé à la tête d’un coup de griffe puissant qui le renversa violemment contre les buissons. Le lion prit ensuite son collier taché de sang et s’en alla. Un des  hommes du prince retrouva le collier ensanglanté de celui-ci et inféra que ce dernier avait été tué par le lion. La nouvelle se répandit dans le royaume comme une traînée de poudre. Le roi tellement peiné par cette triste nouvelle tomba gravement malade. Incapable d’assurer la gouvernance du royaume, il enjoint à son neveu Kounouzou d’en assurer l’intérim. Tous les habitants du royaume étaient chagrinés par la mort du jeune prince en qui tout un peuple avait placé l’espoir d’un avenir meilleur. Celles qui se lamentaient le plus, c’étaient les jeunes filles du royaume qui rêvaient toutes de devenir son épouse alors qu’il ne faisait même pas attention à elles. Jamais il n’avait pensé à se marier à l’une d’entre-elles. Les belles filles ne l’intéressaient pas. Pour lui, le plus important c’était de voir son peuple heureux et de se savoir prêt à assurer leur sécurité en cas de danger.  On dépêcha des patrouilles de soldats pour qu’ils aillent à la recherche de son corps et ce durant deux semaines environ mais toujours rien de concret, le seul objet qu’ils aient retrouvé, c’était sa lance imbibée du sang de l’animal, ses quelques touffes de poils ainsi que le corps du soldat tombé au front.  
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