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Avis de tempête sur le bassin d'Arcachon

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Le Bassin d’Arcachon est confronté au déchainement des éléments...

Cet ouvrage met en exergue les dérèglements issus du réchauffement climatique se manifestant sur le Bassin d’Arcachon. Chacune des familles habitant cette région où ses alentours sera confrontée à la violence, la beauté ou à la rareté d’éléments tempétueux.

Suivez dans ce roman régional les réactions de plusieurs familles face aux conséquences dévastatrices et incontrôlables du réchauffement climatique sur leur environnement.

EXTRAIT

Gaétan rompit le silence. Un vent léger chargé des odeurs du bassin annonçait la marée. Des mouettes quittaient les vieilles décharges pour se rabattre vers la mer.

— Tu es au courant de ce petit tremblement de terre dans les landes ? Il y a eu une fissure et une nouvelle rivière est née. Elle longe la Leyre et elle la rejoint, pas loin de son embouchure. Elle a généré des coulées de boues au niveau des villages qu’elle a traversés. Heureusement, il n’y a pas eu de morts, mais les dégâts sont très importants. Il serait question de la détourner en amont.

— J’en ai entendu parler aux informations ! D’ailleurs, ici aussi on a ressenti la secousse ! Fit Jérémie. Il se passe de drôles de choses ; pas plus tard que ce matin au marché j’ai vu des colonnes de lumières vertes sur le bassin !

— Avez-vous pris vos cachets pour le cœur, ce matin ? Fit Ariane d’un ton suave. Vous devriez faire des analyses plus souvent et porter des lunettes ; à votre âge, ce serait plus prudent, d’autant que vous conduisez encore !

Il sentit une bouffée de chaleur lui empourprer les joues et ce n’était pas à cause du vin vieux.

— Ma chère Ariane, je suis conscient de votre sollicitude à l’égard de ma santé, mais nous étions de nombreux témoins et plusieurs touristes ont photographié le phénomène. Je suis certain que nous verrons les images dans le journal du soir !

L’après-midi s’étirait mollement. Les pommes de pin crépitaient sous cette chaleur lourde et moite. Des tourterelles traversaient le jardin avec de longs cris enamourés. Ariane sirotait son café sans le quitter des yeux. Il se doutait bien qu’elle échafaudait quelque stratégie pour le déposséder de son bien. Il savait qu’à son décès, elle vendrait et obtiendrait une forte plus-value et son fils n’y pourrait rien ; elle le manipulerait avec toute la complexion des rouages juridiques. Elle n’aimait pas Arès, elle jetait son dévolu sur le Cap-Ferret et Arcachon, sites autrement plus chics et attractifs, où l’on pouvait rencontrer les vedettes du show-biz et autres personnalités à la mode.

Gaétan faisait une légère sieste dans le transat sous le tilleul. Il n’imaginait pas les plans secrets et retors imaginés par son avocate d’épouse. Il songeait plutôt au prochain contrat qu’il aurait à démarcher. Convaincre les jeunes et les personnes âgées était le plus facile. Les jeunes parce qu’ils manquaient d’expérience et les vieux parce qu’ils se croyaient trop malins. Ils tombaient dans le piège comme des fruits mûrs sans savoir qu’ils s’étaient fait piéger.

— J’ai été ravi de vous revoir, les enfants ! Vous devriez venir plus souvent.

— Revenir, oui, mais avec nos emplois du temps, ce ne sera pas pour tout de suite ; en attendant, ce fut un très agréable moment et tu nous as bien régalés !

Lionnel fut tenté de dire qu’ils étaient ici chez eux, mais il préféra s’abstenir. Sa bru se verrait fort capable de le prendre au mot.

À PROPOS DE L'AUTEUR

François Veillon est Poète et il publie régulièrement sur le journal l’Estey Malin du Bassin d’Arcachon. Il a écrit trois ouvrages aux Éditions Edilivre : Églantine – Histoires Insolites - Souvenirs d’Andernos. Il se consacre actuellement à la gestion et l’animation d’un groupe dont il est co-fondateur : L’Échange des Savoirs Réciproques du Bassin d’Arcachon.

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Chapitre 1-1
Chapitre 1 La vie de Lionnel Herrera n’avait jamais été un long fleuve tranquille. Il gardait en mémoire le souvenir de ce terrible jeudi après-midi. Il était dans sa dixième année et en ce temps-là, c’était le jour béni où il n’y avait pas d’école. Enfant unique, il jouait seul dans sa chambre, créant un univers imaginaire qui lui convenait parfaitement. Le téléphone avait interrompu ses rêveries. Une voix d’homme, qu’il ne connaissait pas, prononçait des mots dont il ne saisissait pas l’importance. Ses parents avaient eu un accident de voiture et une personne de sa famille viendrait le chercher. Il ne comprit pas tout de suite la gravité des évènements… Tout semblait pourtant normal dans l’univers de sa chambre… La pendule fantaisie continuait inexorablement la valse de ses aiguilles, insensible aux aléas de son environnement. Seule, une défaillance de sa pile aurait entravé sa marche du temps. La suite fut un enchaînement de choses inhabituelles auxquelles il n’était pas préparé. Il s’agrippait désespérément à la main de sa tante comme une bouée lancée à la mer et revoyait encore tous ces visages éplorés lors de la mise en terre. Cette brutale disparition l’avait totalement déconnecté de ses habitudes ; désormais, il aurait peur du lendemain. Le temps semblait maussade… Son humeur aussi. Des orages étaient annoncés pour la soirée. Il n’en fut pas surpris, des myriades de fourmis volantes ayant pris leur envol dans l’après-midi.Tous ces petits cratères érigés ressemblaient à des tumulus de grains de terre. Beaucoup d’insectes avaient réussi à décoller à la verticale en de brunes volutes, mais certains n’ayant qu’une aile n’iraient pas repeupler les tribus en des contrées voisines. Haut dans le ciel des hirondelles gourmandes faisaient un festin d’un gynécée qui n’aurait jamais lieu… La faim justifiait les moyens. Quelques grésillements dans le poste de radio confirmaient l’arrivée du mauvais temps. Il changea de fréquence jusqu’à l’obtention d’un son plus clair. Le feu d’artifice paraissait bien compromis. Il habitait une petite maison, héritée de ses parents entre Arès et Lège. Le soir venu, la vision de ces fusées multicolores se reflétant sur le bassin était un spectacle féerique, multicolore et pétaradant qu’il admirait toujours, sans pouvoir se lasser. Quatorze Juillet ! Il ne faisait pas bon porter la particule au temps de la terreur, mais tant de siècles sous l’égide du pouvoir absolu vous poussait un peuple à prétendre à de justes débordements. Aujourd’hui, on ne raccourcissait plus les têtes, on encensait les financiers dont la richesse indécente contribuait à l’appauvrissement des classes subalternes. Sa pauvre retraite issue d’une multitude de SMIC était sans commune mesure avec les revenus de ces nababs. Travailler plus pour gagner plus ! Les magasins de la grande distribution obligeaient leurs employés à travailler pendant les fêtes sans compensation de salaire. Déroger à ces engagements était un sauf-conduit vers la sortie. Il pensait que la nouvelle démocratie devenait une forme de Pouvoir Central. Pour attirer la foule des désabusés de la politique, la plupart des candidats se présentaient désormais sans étiquette. A son âge, on ne pouvait que râler, car comme tous les petits, les obscurs et les sans grades, il subissait les décisions des nantis, qui déposaient à tour de bras des projets de loi, les pénalisants chaque jour un peu plus. Un gros pigeon ramier picorait distraitement quelques pignons dispersés par le vent. Il était superbe dans sa livrée grise de notable cossu et se dandinait de droite à gauche avec nonchalance et distinction. Il ne s’enfuit pas à son approche, il savait n’avoir rien à craindre de lui. Pourtant ses congénères des Landes payaient un lourd tribut quand la fièvre bleue contaminait les chasseurs. Une merlette, à queue courte, s’enfuit à ses pieds dans un Tiouc-Tiouc épouvanté. Les parents, attentifs à ses déplacements juvéniles, sautillaient de branche en branche pour lui indiquer les chemins les plus sûrs. Par de petits sifflements brefs, ils la guidaient, mais les chats, connaissant bien ce genre d’alerte, se mettaient aussitôt à l’affût. Dans la cuisine, la pendule hachait le temps de son clacclac sonore et familier. Elle sonnait tous les quarts avec une régularité de métronome. Le temps existait-il vraiment ou bien était-ce la matière qui vieillissait ? Des sages vous diront que rien n’est permanent ici-bas ; la seule chose qui est stable c’est le changement. Au loin, la rocade vomissait son flot de véhicules et des motards filaient comme des bombes dans un rugissement de mécaniques malmenées, sans se soucier des gendarmes à jumelles, judicieusement postés en de stratégiques endroits. Le Président était en vacance. Les pauvres découvraient des impôts nouveaux. Une tourterelle mâle roucoulait langoureusement, attirant des partenaires en mal d’amour. Un peu plus tard, il offrirait à sa belle un magnifique nid constitué de quelques brindilles car ces oiseaux-là ne s’embarrassaient d’une édification complexe.Le pétrole coulait à flots dans le Golfe du Mexique. Les actionnaires étaient inquiets pour la planète ; pourrait-elle rapporter encore un peu plus ? Et ces écologistes qui s’opposaient à l’extraction des gaz de schiste, avaient-ils conscience du manque à gagner des possédants… 15 Juillet Le temps était frais ce matin-là. Lionnel gardait encore en mémoire la beauté des fusées polychromes et le somptueux bouquet final embrasant l’onde noire du bassin, peignant les coques des bateaux en des pastels multicolores. Le coucou ne chantait plus depuis le 15 juin. Il était parti en Afrique reprendre ses vacances d’été. Cette année, Lionnel ne s’était pas laissé surprendre. Prévoyant, il avait glissé dans la poche de son pantalon un Euro empaqueté dans du papier pour ne pas l’égarer. Vers le 15 mars, lors de ses sorties matinales, il tendait l’oreille vers la forêt, dont l’ourlet verdoyant était assez proche. Il s’attardait sur le cri de la huppe et vers le 18, il entendait les immuables syllabes : Cou-cou ! Cou-cou ! À cet instant, il plongeait la main dans son pantalon et se mettait à pétrir la pièce de monnaie dont le rituel lui assurerait de l’argent pour toute l’année. Il aurait pu se rouler par terre comme le faisait son père, mais ici, il n’avait pas confiance en ses voisins qui l’auraient pris pour un fou. Un rayon de soleil, chargé d’or, se frayait un passage au travers des rideaux de cretonnes de la cuisine ; finalement, l’orage, chassé par le vent, n’aurait pas lieu. Un léger souffle caressait les ramures des grands chênes. Une cigale matinale commençait son aubade estivale. Des mésanges charbonnières, délicats passereaux à la longue queue noire, voletaient autour d’un seringa défleuri. Becquetant des proies invisibles, elles se poursuivaient en poussant des petits cris aigus. Au loin, une sittelle descendait d’un grand pin la tête en bas, à la recherche de vermisseaux cachés dans l’écorce rugueuse. De son petit bec, elle frappait le tronc comme le ferait un pivert. — Ce temps ne me dit rien qui vaille ! ronchonna-t-il, je crains que les grandes marées d’équinoxes de septembre ne nous réservent quelques mauvaises surprises ! En habitué des foucades traîtresses du bassin, lors des surcotes, il se méfiait de la conjonction des éléments, surtout lors des phases de pleine lune… Le café était chaud maintenant. Il se servit une large rasade bouillante du breuvage noir dans un grand bol. Tenir cet ustensile éveillait en lui l’époque des jours heureux. Sa femme en face de lui, toujours souriante, enchantait sa vie de par son dynamisme et sa bonne humeur… Mais les gens sont comme le temps, il en est qui peuvent vous faire les quatre saisons en une journée. Elle était partie un jour comme on part en vacances. Il ne put savoir au juste quel fut le facteur déclenchant d’une décision aussi soudaine. Il y avait eu pourtant des prémices à cette rupture, car tout était dans le regard et Lionnel voyait baisser dans les yeux réprobateurs de sa femme, sa cote de popularité. Il ne maîtrisait pas le processus de la scène de ménage et n’était pas comme ces Italiens qui s’engueulent pour mieux s’aimer ensuite. Parfois, les non-dits renseignent mieux qu’un long discours. Un jour, elle lui déclara qu’elle ne l’aimait plus et quitta la maison. Elle rencontra un monsieur très bien et assez fortuné. Par ce hasard bien fait, elle ne lui demanda ni pension ni part de la maison. Avec son modeste salaire d’ouvrier viticulteur à la retraite, il n’aurait pu contracter un crédit pour libérer la valeur qui lui revenait. Cette maison était l’héritage de ses parents décédés bien trop tôt. Cela l’avantageait de ne pas avoir à chercher un loyer dans un nouvel appartement, d’autant qu’avec les cautions à verser par avance, il n’aurait pas eu les moyens. Il avait soixante-dix ans bien sonnés et depuis le départ de sa femme, les visites de son fils Gaétan se faisaient bien trop rares. Il n’appréciait pas sa bru, Ariane, car elle avait une manière assez désagréable de regarder sa maison comme si déjà, elle se sentait chez elle. Avocate au barreau de Bordeaux elle connaissait toutes les ficelles juridiques et chaque fois qu’elle ouvrait la bouche il en avait froid dans le dos. Chacune de ses allusions pouvait cacher un traquenard, une chausse-trappe, une traîtrise fatale, mais il était sur ses gardes. — La maison de retraite ne vous attire pas, Beau-Papa ? Vous y seriez bien traité là-bas ! En plus, vous ne seriez plus seul ! Beau-Papa !Ce terme suranné lui hérissait le poil. Il n’aimait pas sa belle-fille en qui il voyait une manipulatrice prête à tout pour parvenir à ses fins. Et son fils, pauvre nigaud, s’était laissé prendre dans ses filets perfides ! Il savait qu’à la moindre faiblesse elle prendrait les devants et lui jouerait un mauvais tour. Une curatelle était si vite décidée… Bien sûr qu’il se sentait seul, avec ses souvenirs et la monotonie des actes quotidiens mille fois répétés. Mais il y avait cependant des petits plaisirs auxquels il adhérait volontiers. L’écoute de la nature, les ballades sur les sentiers du littoral, les quelques amis, lors de rares incursions dans le bar local, le journal du matin qui apportait son lot de nouvelles fraîches et la bonne chère qu’il ne dédaignait pas. Hédoniste gourmet il n’hésitait pas, de temps à autre, à sacrifier au rite d’un bon repas. Surtout lors du versement de sa modeste pension, car après, il convenait d’être prudent pour ne pas être à découvert. Un banquier c’est un homme qui vous propose un parapluie quand il fait beau et vous le confisque lorsqu’il pleut. On sait aujourd’hui qu’ils sont capables de bien pire encore. Finissant son café jusqu’à l’ultime goutte, il se dirigea en sifflotant vers la salle de bains. Il avait des projets pour aujourd’hui. Il savait combien il est important d’avoir des objectifs dans la vie. Cela aidait à vivre. Adrien Lepage n’était pas un homme ordinaire ; Pour reprendre une expression autrefois familière en Amérique du Nord, c’était un coureur des bois, un voyageur. Non pas un trappeur, certes, car il ne tuait pas les animaux, mais il les observait à toute heure du jour et de la nuit. Il aurait pu les piéger de mille façons, mais il respectait leurs habitudes, leurs amours et c’était toujours un plaisir pour lui, de surprendre une harde de chevreuils avec leurs petits. Il se réjouissait de la sarabande effrénée des écureuils en goguette sur les plus hautes cimes des pins. Il savait où trouver les terriers bien cachés des renards, blaireaux et ceux plus petits, des puants comme la belette et la fouine. Il n’aimait pas ces Nemrods qui, à certaines époques, envahissaient sa sylve avec leur 4x4 et leurs chiens courants. Habillés comme des militaires, sans doute par nostalgie de quelques bataillons jamais constitués, ils déferlaient sur les barkhanes comme des Huns en mal de possession territoriale. Tout était bon à tirer ; les brocards adultes, les chevrettes, les chevrillards et les faons. Il connaissait les sentiers de passages des animaux et les chiens les repéraient tout aussi bien. Il saupoudrait de poivre les pistes odorantes et toute la meute éternuait, larmoyante, tournant en rond, perdant la trace des fuyards. Les chasseurs juraient, déconfits et furieux, car ils savaient qu’un inconnu les empêchait d’abattre ce gibier qu’ils aimaient tant, mais pas pour les mêmes raisons. — On aura ta peau ! Criaient-ils à la cantonade. Attends qu’on t’attrape ! Tu boiras quelque chose de poivré qui te fera pisser le sang ! Mais Adrien n’en avait cure, il était bien trop malin pour se faire prendre. A contrario, il ramassait tout ce qui pouvait se manger dans la forêt et savait tout ou presque sur la croissance des champignons, des baies et autres végétaux comestibles. Il n’ignorait pas que là où venaient brouter et fouailler chevreuils sangliers et lapins, il trouverait sa pitance. Amoureux des grands espaces dépeuplés et des contrées sauvages, il se nourrissait des récits de chasse de ces irréductibles aventuriers, n’hésitant pas à affronter les hordes de loups, grizzlys et autres redoutables carnassiers. Il avait appris que certains chasseurs, au mépris d’êtres déchiquetés par le redoutable plantigrade, se fixaient sur un caraco de cuir, une longue lame à hauteur de la poitrine. Lorsque le fauve se saisissait de sa victime pour la broyer entre ses pattes, il s’enfonçait le poignard dans le cœur. Cette histoire le fascinait car il fallait un courage hors norme ou une inconscience folle qu’il ne possédait quandmême pas. Cependant, il avait commandé par correspondance à la Redoute, une peau de castor qu’il se fichait sur la tête lors de toutes ses sorties. Ainsi coiffé, il se sentait l’égal des Davy Crockett et autres célèbres aventuriers du continent américain.

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